Cinq points clés pour structurer une parcelle viticole en permaculture
Dans son ouvrage Vignes, vins et permaculture, Alain Malard, vigneron dans l’Hérault et consultant dans toute la France, explique comment agencer une parcelle de vigne pour créer un écosystème résilient.
Dans son ouvrage Vignes, vins et permaculture, Alain Malard, vigneron dans l’Hérault et consultant dans toute la France, explique comment agencer une parcelle de vigne pour créer un écosystème résilient.
Si la permaculture est relativement bien documentée en maraîchage, rares sont les ouvrages qui l’abordent en contexte viticole. C’est notamment pour combler ce vide qu’Alain Malard, vigneron dans l’Hérault et consultant, a écrit le livre Vignes, vins et permaculture. Pour lui, « la résilience est l’horizon ultime de toute démarche en permaculture ». Elle est basée sur l’observation, l’expérience et l’acquisition permanente de connaissances. « Il y a des choses qui paraissent évidentes, mais lorsque l’on est face à une parcelle où tout est à construire, on peut vite être désemparé », pointe Alain Malard. Pour lui, le point de départ de toute démarche permacole est ce que l’on appelle « le design de la parcelle ». Il identifie cinq points fondamentaux pour réussir cet exercice avant plantation.
Inventorier les ressources
En permaculture, un projet de plantation doit être accompagné de l’inventaire de l’ensemble des ressources nécessaires à sa bonne réussite. Cela passe par une étude approfondie du microclimat (ensoleillement, vents dominants, pluviométrie…) et de la topographie. « On ne plante pas si on n’est pas sûr et certain que la plante vivra en tout point de la parcelle », insiste le vigneron. On considère d'ailleurs qu’une vigne résiliente doit rentrer en harmonie avec l’écosystème qui l’entoure. Avant de l’implanter, il convient donc d’inventorier les espèces végétales et animales à proximité de la parcelle. « Il faut repérer les groupements de végétaux autour afin de les reproduire à l’intérieur, pour couvrir le sol par exemple », pointe Alain Malard. Pour la faune, le vigneron conseille de recenser les avantages et les inconvénients de chaque espèce, ainsi que « les moyens de les canaliser et/ou de les attirer et d’en tirer profit ». Il inclut par ailleurs dans les ressources la main-d’œuvre et le matériel « nécessaires au montage du projet, sa mise en place et sa maintenance ».
Tracer des Keylines
Les Keylines, ou lignés clés, sont des sillons de 60 à 90 cm de profondeur créés en fissurant le sol perpendiculairement à la pente, par exemple à l’aide d’une sous-soleuse ou d'un ripper. Elles permettent de répartir l’eau sur l’ensemble de la parcelle, de freiner le ruissellement et de limiter le lessivage des sols. Les Keylines suivent les courbes de niveau, « que l’on peut matérialiser sur le plan de la parcelle via un logiciel », précise Alain Malard. Il faut pour cela identifier au préalable les points clés, c’est-à-dire les points où la pente s’adoucit et par lesquels les courbes de niveau passent. Les vignes doivent de leur côté être plantées en suivant les Keylines.
Former des noues
Planter en terrasse
Raisonner en services
« Un élément de la parcelle doit remplir plusieurs services, et un service doit être rendu par plusieurs éléments », est l'un des grands principes de la permaculture. Cette réflexion doit donc être associée à l’inventaire des ressources naturellement présentes pour déterminer les espèces à implanter dans la parcelle. « Cela suppose de bonnes connaissances en botanique et en mycorhization, car il faut sélectionner des espèces compagnes de la vigne », prévient Alain Malard. Cela vaut pour les couverts végétaux comme pour la constitution de haies ou l’implantation d’arbres ou d’arbustes. À ce sujet, le consultant recommande de planter des espèces qui permettent d’avoir une seconde production, même non commercialisée. Mûres, framboises ou myrtilles pour faire des confitures, pommes ou poires pour faire du cidre ou du poiré dans les régions où l’on produit des effervescents. « Il est plus facile d’entretenir des plantes, lorsqu’on y voit une utilité », soulève Alain Malard. À noter que la permaculture attache une haute importance à la biodiversité intra-espèce. Multiplier les cépages qui mûrissent en même temps, les clones et les porte-greffes, ou préférer la sélection massale, est aussi une clé de réussite.