Cinq pistes pour regagner en autonomie
Le Salon de l’herbe et des fourrages était un endroit de choix pour se rappeler l’importance de la bonne herbe pour produire soi-même l’alimentation de son troupeau. Rappel des préconisations techniques.
Le Salon de l’herbe et des fourrages était un endroit de choix pour se rappeler l’importance de la bonne herbe pour produire soi-même l’alimentation de son troupeau. Rappel des préconisations techniques.
1 Les éléments clés d’une saison de pâturage
Les prairies ne produisent pas de l’herbe uniformément toute l’année et il faut pouvoir s’adapter au calendrier de la pousse. « En pâturant puis en fauchant tôt au printemps, on évite le gaspillage d’herbe, explique Julien Fradin de l’Institut de l’élevage. L’herbe de printemps, c’est 65 à 80 % du rendement de l’année ». « L’herbe de printemps est une herbe de super qualité, confirme Stéphanie Guibert de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Fourrage équilibré en énergie et en azote, l’herbe de printemps est un levier vers l’autonomie protéique. Pour en profiter, il faut découper ses parcelles pour garder au maximum une herbe jeune pour la fauche ou le pâturage ».
Ensuite, en été, il faut préserver la ressource et éviter le surpâturage par des apports de fourrages complémentaires, que ce soit avec de nouvelles parcelles ou en utilisant des fourrages stockés. « En automne, après les pluies, c’est un petit printemps, apprécie Julien Fradin. Il faut profiter du rebond de pousse et d’une herbe de qualité malheureusement sous-estimée. C’est à chacun de trouver ses repères en observant ses prairies ou en échangeant avec ses voisins. »
2 La bonne hauteur avec les bonnes mesures
L’herbomètre est un outil trop souvent négligé. Pourtant, « mesurer la hauteur d’herbe permet de connaître la production de ses prairies et d’adapter le chargement et l’organisation du pâturage », recommande Claire Douine du Ciirpo. Claire Caraes, chargée de projets Prairies à la chambre d’agriculture de Normandie, le confirme « l’herbe trop haute risque d’être piétinée et sa valeur alimentaire se dégrade avec l’épiaison. Idéalement, un troupeau peut rentrer entre 8 et 10 cm et sortir avant d’attendre les 5 cm pour ne pas pénaliser la repousse ».
3 Une récolte en douceur pour garder les protéines des feuilles
Au moment de la récolte de l’herbe, sous forme de foin, d’enrubannage ou d’ensilage, il s’agit de ne pas perdre les feuilles, surtout pour des légumineuses. Ce sont elles qui gardent la majeure partie des protéines du fourrage. Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrages d’Arvalis Institut du végétal, explique : « pour garder la valeur des fourrages, il faut préserver les feuilles avec des faucheuses peu agressives, un conditionneur réglé sur la petite vitesse et un séchage rapide grâce à un large étalement de l’herbe coupée. Mais la récolte d’herbe est aussi un compromis car on ne peut pas multiplier le nombre de passage si l’on veut garder un bon débit de chantier. »
4 Des fourragères estivales en dérobée pour renforcer son stock
Semées en fin de printemps ou au début d’été, les dérobées estivales sont des cultures opportunistes à caler entre deux cultures, généralement pendant trois mois entre juin et octobre. « Cela peut être des graminées comme du sorgho multicoupe, du millet ou du moha, des légumineuses comme de la vesce ou du trèfle ou des crucifères comme le chou, la navette ou le colza », liste Élodie Morand d’Arvalis.
Les mélanges graminées-légumineuses présentent souvent de meilleurs rendements que des espèces implantées seules. Les légumineuses apportent des protéines alors que les crucifères exploitées avant floraison offrent un bon équilibre entre énergie et protéines. Les graminées telles que le moha ou le sorgho fourrager sont adaptées à des semis de début d’été.
Implantées de la mi-mai à la mi-juillet dernier délai, les dérobées fourragères estivales peuvent être semées sans labour après un travail du sol léger. Mais « aucune espèce n’est capable de s’implanter si elle n’a pas un minimum d’eau à l’installation », avertit Didier Deleau d’Arvalis.
Depuis quelques années, des espèces exotiques, originaires d’Afrique, comme le lablab, le niébé (cowpea), le teff grass ou le sorgho multicoupe sont apparues sur le marché. « Ces espèces sont plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse, observe Élodie Morand. Il faut les tester sous nos latitudes et dans notre environnement. On a déjà des résultats intéressants avec le teff gras qui présente de bonnes valeurs alimentaires et repousse vite. A contrario, le lablab ou le niébé semblent moins bien fonctionner, peut-être parce que ces légumineuses exotiques ont besoin d’inocula qui n’existent pas ici. »
5 Pois, féverole et lupin contribuent aussi à l’autonomie des élevages
Directement intégrés dans la ration, les pois, féverole et lupin sont des atouts pour l’autonomie protéique des élevages français grâce à leur teneur en protéines de 21 à 40 %. « Semées aux bonnes dates, dans de bonnes conditions et sans surdensité, les cultures de pois et féverole ne demandent pas trop d’interventions techniques, explique Agathe Penant, ingénieure développement protéagineux et diversification à Terres Inovia. Par contre, la culture du lupin peut être plus délicate avec un enherbement à maîtriser et une exigence pour des sols acides et non hydromorphes. »
31 700 visiteurs au Salon de l’herbe
Mille nuances de vert au Salon de l’herbe et des fourrages qui s’est tenu à Villefranche-d’Allier (03) les 1er et 2 juin. Pas moins de 31 700 visiteurs ont arpenté l’allée centrale à la découverte des collections variétales des semenciers ou des matériels de récolte en démonstration. Au village technique, renommé Village de l’autonomie protéique et fourragère, les conférences, ateliers et présentations se sont succédé pour rappeler l’importance de l’herbe sur la souveraineté protéique.
Côté web
Pour aider à trouver le bon couvert, Arvalis propose un outil en ligne choix-des-couverts.arvalis-infos.fr qui renvoie vers la description des espèces fiches.arvalis-infos.fr.