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À la SCEA des feuillages, dans la Vienne
Un volume de lait maximum pour diluer le coût de production

Grâce à un travail sur l’alimentation et la génétique, Damien Bouchet atteint une production moyenne de 1 100 kg par chèvre à coût maîtrisé.

« Pour baisser le coût de production, il faut du lait ! " lance Damien Bouchet, éleveur à Blanzay dans la Vienne. Le ton est donné pour les 250 saanen de la SCEA des Feuillages. L’objectif prioritaire est de maximiser le volume produit. « Normal, c’est le diviseur, raisonne l’éleveur. Ensuite, avec les taux, on essaie surtout de ne pas être pénalisés ». La production moyenne a ainsi augmenté de 100 kilos depuis l’installation de Damien sur l’exploitation familiale en 1997 et atteint aujourd’hui 1 100 kg, avec un TP de 32 et un TB de 36. Le lait est collecté par la laiterie de Chaunay qui livre Poitouraine pour la marque Soignon. Les mises bas ont lieu en novembre ce qui permet de profiter un peu de la prime de saisonnalité sur la fin de la saison. Cette période de mise bas répond aussi à des objectifs d’organisation du travail, puisque les gros travaux des champs sont alors passés. Un lot de 30 à 40 chèvres fait des lactations longues de deux ans. Il s’agit principalement de primipares, aux mamelles saines et qui tiennent bien en lait, auxquelles s’ajoutent quelques lactations longues subies. Cela permet de diminuer le risque d’accidents sanitaires et d’aller chercher du lait mieux payé.

« La première des choses pour avoir de bons résultats est de maîtriser la ration » explique Damien Bouchet. Aux Feuillages, la ration des chèvres est maîtrisée au poil ! Elles reçoivent toute l’année 1,2 kilo de foin de luzerne et, pendant les six premiers mois de la lactation de novembre à mai, un bon kilo de matière sèche d’ensilage de maïs. La ration est complétée par 400 grammes de luzerne déshydratée et entre 300 et 400 grammes de correcteur azoté à base de tourteaux de soja et colza. 650 grammes de maïs grain sont distribués pour garantir la couverture des besoins en énergie, et 80 grammes de tournesol pour la matière grasse. Enfin, du bicarbonate est ajouté pour tamponner la ration et contrer son potentiel effet acidogène. Les fourrages sont préparés à la mélangeuse depuis cinq ans. « J’ai d’abord fait le test avec celle d’un voisin et j’ai été convaincu. C’est intéressant pour soulager la main-d’œuvre et ça permet de faire manger plus de tiges. »

Seules les filles des chèvres à plus de mille litres sont gardées

Foin, ensilage de maïs, maïs grain et tournesol sont produits sur l’exploitation. Les éleveurs atteignent ainsi une autonomie alimentaire de 70 %. Pour améliorer encore ce taux, ils ont en projet l’installation d’un dispositif de séchage du foin en grange. « Aujourd’hui, le potentiel de nos prairies et luzernes n’est pas utilisé à fond et la qualité du foin est aléatoire. Le séchage en grange nous permettrait d’avoir un foin de très bonne qualité et de supprimer la distribution de déshydraté. C’est un investissement mais la baisse des charges alimentaires devrait compenser les annuités. »

Le potentiel génétique des animaux n’est pas non plus étranger aux bons résultats de l’exploitation. « Mes parents ont élevé des chèvres pendant 40 ans et ils ont toujours fait de la sélection et des inséminations artificielles. » Si Damien Bouchet a arrêté l’insémination car il n’était pas satisfait des 50 à 60 % de réussite et pour simplifier le travail, il n’exclut pas d’y revenir. Il porte toujours une grande attention à la sélection de ses chevrettes de renouvellement et veille à maintenir un taux de renouvellement voisin de 30 %. « Il y a quelques années, je vendais beaucoup de chevrettes à l’extérieur et j’avais diminué ce taux. Cela s’est répercuté sur les performances de production qui se sont dégradées. » Seules les filles des chèvres ayant une bonne conformation de mamelle, pas de problème de cellules et dont la production annuelle dépasse les 1 000 litres sont gardées. L’éleveur veille aussi à ce qu’elles fassent plus de deux kilos à la naissance. « L’élevage des chevrettes est un moment important pour leur permettre d’exprimer leur potentiel, analyse-t-il. Elles ne sont pas sevrées avant 17 kilos car nous recherchons du gabarit. » Elles reçoivent du foin de graminées dès la phase lactée et jusqu’à un mois après le sevrage, avant de passer progressivement à un foin de luzerne. Puis l’aliment chevrette est progressivement remplacé par du maïs grain et un peu d’ensilage de maïs. Quand elles pèsent 35 kilos, elles reçoivent la ration mélangée des chèvres adultes.

Pas de pénibilité à faire le travail

Les chevreaux sont engraissés sur l’exploitation. « Nous avons de la place en bâtiment et de la main-d’œuvre disponible à ce moment-là. Comme nous devons apprendre à téter aux chevrettes, ça ne nous prend pas beaucoup plus de temps de nous occuper d’eux. Et passé les premiers jours, ils se débrouillent tout seuls à la louve ». En arrivant sur le marché au moment de Noël, ils sont assez bien valorisés, à une quarantaine d’euros pour un chevreau de 10 kilos. La chèvrerie, qui date de 1995, est amortie mais fonctionnelle. « Il n’y a pas de pénibilité à faire le travail », souligne l’éleveur. Un tapis d’alimentation distribue à l’auge les fourrages apportés par la mélangeuse et un robot suspendu sur rails les concentrés. Tout est optimisé et les soins aux animaux peuvent être accomplis en quatre heures par jours.

Le volume de lait, c’est le diviseur !

L’atelier caprin est bien intégré sur l’exploitation

L’atelier caprin représente 50 % du produit brut de l’exploitation, le reste venant des 235 ha de cultures de vente. Les associés font également des travaux en prestation sur la commune. « Nous travaillons 160 hectares de A à Z et nous récoltons 400 hectares supplémentaires. Ce n’est pas une activité que nous cherchons à développer, mais comme nous avons le matériel et la main-d’œuvre disponible… » La main-d’œuvre justement se compose des deux associés de la SCEA et de deux apprentis. Damien gère la traite, la reproduction et le suivi technique du troupeau caprin. Son associé Sylvain Coulot s’occupe de l’alimentation et du paillage. Tous deux assurent aussi les travaux des champs. « La production caprine est centrale sur l’exploitation : elle rémunère bien et est complémentaire des autres activités. Si une baisse du coût des matières premières survient et fait perdre de l’argent sur l’atelier grandes cultures, l’atelier caprin permettra de compenser cette perte et inversement. L’entreprise de travaux pour tiers apporte un revenu stable et sécurisant pour l’exploitation ». Leurs bons résultats, les éleveurs les attribuent aussi à la présence de 90 hectares irrigués sur l’exploitation. « Cela nous donne une certaine tranquillité vis-à-vis des aléas climatiques, nous savons que nous aurons toujours de quoi nourrir les animaux. »

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