Un outil de référence pour le bien-être des caprins
La filière caprine est sur le point de se doter d’un outil de référence interprofessionnel autour du bien-être animal.
Goatwell sera bientôt la référence française pour diagnostiquer l’état et le respect du bien-être animal en élevage caprin. À travers de nombreux critères visuels de l’environnement des animaux et des observations des animaux eux-mêmes, les élevages pourront ainsi être évalués et des pistes d’amélioration pourront être proposées. Le projet « améliorer le bien-être et la biosécurité pour renforcer la santé des chèvres et leur robustesse » ou Goatwell est piloté par l’Inra, l’Anses, l’Institut de l’Élevage, l’Anicap, la DGAl et la région Nouvelle Aquitaine. Les filières d’élevage françaises et européennes se dotent depuis quelques années d’outils et de référentiels autour du bien-être animal en élevage. Le projet est prévu en trois temps. La première phase, actuellement en chantier, consiste à dresser un état des lieux des pratiques liées au bien-être animal ainsi qu’à la biosécurité.
Un projet pour les éleveurs, réfléchi par les éleveurs
En première ligne de consultation, les éleveurs et les techniciens qui apportent leur regard sur ces pratiques et jugent si elles sont innovantes. Ces mêmes personnes identifieront, via des groupes de travail et des enquêtes, les freins à l’application de ces bonnes pratiques ainsi que les pistes d’amélioration. Enfin, les indicateurs du bien-être animal utilisables en caprin seront définis, selon leur faisabilité et leur adaptabilité à chaque système d’élevage. Les indicateurs seront répartis en quatre thèmes (alimentation, logement, santé, comportement) et l’Anses a déjà établi une première liste des principaux critères. Par exemple l’évaluation de l’alimentation passera par l’observation de la note d’état corporel, l’état du pelage, le temps d’attente avant accès à l’eau et à la nourriture. D’autres paramètres, tels que l’état de la litière, la présence ou non de boiteries, d’abcès, de comportements craintifs seront, une fois validés par éleveurs et techniciens, les bases de l’outil de référence.
Éviter la multiplication des chartes et modèles de bien-être animal
« Cet outil est important pour notre filière, car il permet à chacun d’avoir les mêmes bases pour le bien-être animal, explique Marilyne Le Pape, directrice de l’Anicap. Libre ensuite à chacun d’aller plus loin, mais avec les attentes sociétales de plus en plus fortes sur la question du bien-être, il était à craindre que chaque entreprise crée son propre modèle ce qui aurait rendu la filière très opaque. » À noter que le projet Goatwell concerne uniquement les chèvres adultes et chevrettes de renouvellement, les chevreaux mâles ne sont pas pris en compte pour l’instant. Les groupes de travail regroupent une dizaine d’éleveurs sur les principales régions caprines (Centre-Val de Loire, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Paca) et se dérouleront entre décembre et janvier prochains. Une fois les indicateurs identifiés, ceux-ci vont être optimisés afin de les rendre pratiques et compréhensibles par tous pour ensuite conduire à la mise au point de l’outil en lui-même. La dernière phase consistera à évaluer l’impact des pratiques pour le bien-être animal sur la santé et la robustesse des chèvres.
Une application en test
Dans la dynamique de l’évaluation du bien-être animal en élevage, la Commission européenne finance le projet Awin (pour Animal Welfare Indicators) qui concerne les ovins, caprins, équins et dindes. Ce protocole, actuellement en test en Italie et au Portugal sous forme d’application mobile, permet à l’éleveur d’évaluer lui-même l’état du bien-être de ses animaux en bâtiments. L’application donne également des pistes d’améliorations une fois tous les paramètres renseignés.