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Élevages sans frontières
Prêter des chèvres pour aider les familles

L’association Élevages sans frontières aide les familles en prêtant des chèvres. Elles remboursent en donnant une chevrette. Exemple au Maroc.

Située dans le Nord de la France, l’association Élevages sans frontières a fondé son action sur le micro-crédit en animal avec le principe du « qui reçoit… donne ». C’est-à-dire qu’une famille qui reçoit une chevrette l’élève, profite de son lait mais doit ensuite donner en retour une chevrette à une autre famille. « Cela a un effet démultiplicateur très important, s’enthousiasme Bruno Guermonprez, le président de l’association. Depuis la création de l’association en 2001, nous avons aidé plus de 15 000 familles dont 6 900 par le passage du don ».

Du microcrédit en animaux à rembourser en chevrette

Présente au Togo, au Bénin, au Burkina-Faso, au Sénégal, en Haïti et au Maroc, avec une dizaine de villages aidés à chaque fois, l’ONG a spécifiquement donné des chèvres pour la viande au Bénin et au Burkina-Faso et pour le lait au Maroc. « À l’avenir, nous voulons revenir davantage dans le bassin méditerranéen, toujours avec des fermes laitières », précise le président. À chaque fois, l’association de solidarité internationale travaille avec une ONG locale partenaire pour repérer les besoins des familles vulnérables et suivre les remboursements en nature.

Des dons déductibles d’impôt

La petite association dispose d’un budget annuel d’environ 1,5 million d’euros, issu à 85 % de donateurs privés. « La générosité du public nous rend indépendants des pouvoirs publics, apprécie Bruno Guermonprez, mais cela demande beaucoup de temps et de moyens pour collecter ces fonds ». 15 000 donateurs participent régulièrement au financement de l’association qui collecte un quart de son budget au moment de Noël. Agréée par le « Don en confiance », l’association publie ses comptes détaillés tous les ans. Les dons sont déductibles des impôts à hauteur de 60 % pour les entreprises et de 66 % pour les particuliers.

Le rôle économique et social de l’élevage

« Au-delà des dons, nous sommes aussi intéressés par l’engagement d’éleveurs professionnels », décrit l’ancien directeur des études de l’Institut supérieur d’agriculture de Lille. L’apport des conseils techniques de professionnels est ainsi le bienvenu. « Par exemple, nous cherchons en ce moment à mieux organiser la collecte de lait au Maroc ».

Le soutien régulier des entreprises et organismes gravitant dans le monde de l’élevage est aussi recherché. « Face à la montée d’une image négative de l’élevage, il est important de rappeler son rôle social, économique et territorial important dans les pays du Sud ».

Des femmes et des chèvres pour du fromage marocain

Au Maroc, dans la province de Ouarzazate, Élevages sans frontières aident l’association Rosa depuis 2005. Dans cette zone aride des contreforts du Moyen Atlas, les jeunes hommes 

émigrent bien souvent dans les villes par manque d’intérêt pour l’agriculture, l’élevage et l’artisanat. « Les femmes se retrouvent donc bien souvent seules à assumer les besoins de leurs familles et à assurer l’économie familiale » décrit Pauline Casalegno, la directrice d’Élevages sans frontières. Les Marocaines qui pratiquent traditionnellement l’élevage de chèvres et de moutons, y trouvent une source d’autoconsommation et quelques revenus grâce aux ventes d’animaux.

Grâce au microcrédit en animal et le principe du « qui reçoit… donne », 650 femmes organisées en association ont pu recevoir des chèvres alpines et des moutons D’man. L’introduction de ces races plus productives dans les élevages permet une augmentation de la production de lait et de viande.

Partages de savoirs et formation continue

Le don se passe via des associations féminines afin de responsabiliser de manière formelle les éleveuses qui reçoivent les animaux. Les bénéficiaires du don s’engagent ainsi à respecter une série de bonnes pratiques pour être en mesure de restituer les microcrédits animaux qui leur ont été alloués.

L’action de l’ONG ne s’arrête pas là. Des formations à l’élevage sont apportées et un réseau vétérinaire de proximité a été développé. « Le « qui reçoit… donne » n’est pas uniquement une transmission d’animaux, apprécie Pauline Casalegno, mais tout un partage de savoirs et de savoir-faire, ainsi que le maintien d’une cohésion sociale entre les femmes d’un village ». Les mutualisations initiées par les associations se poursuivent, par exemple, dans le prêt de béliers et de boucs améliorés entre éleveuses ou bien par la réunion des femmes leaders des associations féminines pour des échanges d’expériences.

Yaourts et fromages dans une laiterie coopérative

L’implantation de luzerne et l’irrigation permettent d’espérer neuf coupes par an. De quoi rendre les familles et leurs petits troupeaux de six chèvres en moyenne, autonomes en alimentation.

La consommation et la vente des chèvres s’accompagnent aussi de celles du lait qu’elles produisent. Cette valorisation du lait permet de fournir la famille en produits lactés, notamment pour les enfants.

Une fromagerie, mise en place en 2010 avec l’aide d’Élevages sans frontières et de Rosa, assure la collecte quotidienne de lait dans sept des 22 villages du projet. Le lait est transformé en yaourts, fromages frais et pâtes pressées qui sont revendus dans les hôtels et restaurants de Ouarzazate principalement. La fromagerie collecte 15 000 litres de lait par an, issus de 120 familles.

Dans ces régions pauvres, le cheptel sert non seulement à la fourniture d’aliments mais aussi d’épargne sur pied. « Mes chèvres ont sauvé la vie de ma fille » explique ainsi Mina Aït Alla en précisant que sa fille, victime d’un accident de la circulation, a pu être soignée grâce aux revenus tirés de son élevage de chèvres. Le projet se poursuit désormais avec le renforcement de la coopérative laitière ainsi que par l’achat de cuves à lait et de yaourtières.

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