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Plus de la moitié des Français connaissent mal l’élevage

Une conférence présentant pour la première fois les résultats préalables d’une étude sur le point de vue de la société sur l’élevage s’est tenue le 25 janvier dernier à la Maison nationale des éleveurs.

40% des citoyens se disent satisfaits du respect de l'environnement pas les éleveurs. © D. Hardy
40% des citoyens se disent satisfaits du respect de l'environnement pas les éleveurs.
© D. Hardy

Les polémiques touchant le monde de l’élevage sont nombreuses et souvent très médiatisées, donnant parfois l’impression que toute la société est contre l’élevage. Mais que pensent réellement les Français de l’élevage ? En ont-ils vraiment tous une si mauvaise image ? Non, selon les résultats d’une étude menée d’après un sondage de l’Ifop réalisé en juin 2016 dans le cadre d’un projet Casdar intitulé « Acceptabilité des élevages dans la société en France ». Selon les résultats de cette étude, 57 % des Français déclarent mal connaître le monde de l’élevage mais les deux tiers sont intéressés par des reportages et articles sur l’élevage. Cette méconnaissance ne les empêche pas d’exprimer un avis puisque 40 % des citoyens se disent satisfaits du respect de l’environnement par les éleveurs, 60 % de l’entretien des paysages, 33 % du respect du bien-être animal et 29 % des emplois créés par le secteur. Selon le sondage, 60 % des personnes interrogées pensent ne pas réduire ou diminuer leur consommation de viande (73 % chez les hommes). 14 % déclarent envisager de cesser de manger de la viande (26 % chez les moins de 25 ans) et 18 % envisagent de diminuer leur consommation.

Un sondage représentatif réalisé sur 2007 Français

Autres résultats important sur la vision des Français sur le monde de l’élevage, 72 % des personnes trouvent que tuer un animal pour le manger est normal. 11 % considèrent cela comme immoral. Ce sondage a été réalisé sur des citoyens âgés de plus de 18 ans, avec une volonté de représentativité de la population (sexe, âge, origine, profession). Le questionnaire a été élaboré à partir des travaux antérieurs des instituts techniques agricoles et des interprofessions. Les objectifs de l’étude étaient de recenser et d’analyser les controverses sur l’élevage en France, d’évaluer l’impact de ces controverses sur la société française, identifier les mécanismes sociaux de ces controverses. Ces analyses devant ainsi permettre d’aider les acteurs de l’élevage à comprendre et réagir face aux controverses. Mais aussi d’anticiper les conséquences de ces controverses sur le développement et les modalités de l’élevage. Cette étude a été menée par une approche interfilière à différents niveaux (locale, nationale, européenne).

Seulement 2 % d’abolitionnistes

Dans le cadre de ce projet et de la thèse l’Elsa Delanoue de l’université de Rennes, les différentes attitudes des citoyens face à l’élevage ont été recensées et catégorisées. La majorité des interrogés sont classés comme des "optimisateurs" (51 %) : ils soutiennent la diversité des systèmes d’élevage, souhaitent optimiser la production standard mais méconnaissent les pratiques d’élevage. Le deuxième type le plus fréquent est l’« alternatif » (24 %), ce type soutient l’agriculture bio et locale. Il souhaite la fin de l’élevage intensif et le développement d’élevages alternatifs. Le troisième type correspond au « compétiteur » (10 %) qui se satisfait de l’élevage actuel, souhaite développer la compétitivité et les exportations de produits animaux et est favorable au système intensif. Le type « abolitionniste » ne représente que 2 % de la population et concerne majoritairement des femmes. 3 % des citoyens restent sans avis et 10 % sont considérés comme inclassables dans la typologie, signe d’une bonne représentativité de cette dernière. Pour l’Institut de l’Élevage, ces résultats montrent que l’« optimisateur » peut basculer vers un autre type en fonction des informations qu’il recevra, d’où, pour Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, la nécessité de communiquer. Il n’est pas ressorti de l’étude de grosses différences sociologique (cadre/ouvrier) à part le genre (homme/femme). Si ces résultats ont été présentés pour la première fois en janvier, ils sont, selon Elsa Delanou, encore " amenés à évoluer car le travail n’est pas terminé et il nous reste encore des données à analyser et des actions à mener". Ce projet devrait en effet par exemple donner lieu à la rédaction de guide de recommandations pour accompagner l’élevage dans ces évolutions en cohérence avec le point de vue de la société sur ce dernier.

Le projet Accept

Le projet Accept, "Acceptabilité des élevages dans la société en France", est un projet Casdar visant à étudier le point de vue de la société sur l’élevage. Il est mené en partenariat avec l’Itavi, Idèle, l’université de Rennes 2, Agrocampus, l’Inra, le Crab, Trame, l’UGPVB, le Legta de Brioude et du Rheu. Ce projet a été mené autour de quatre actions : recensement et cartographie des controverses et remises en cause sur l’élevage, l’analyse à l’échelle locale de cas concrets de projets d’élevage, les regards croisés de la société sur les élevages et des éleveurs sur les attentes sociétales et enfin les voies d’évolution possibles de l’élevage en France. Il a pour objectif de rendre et tenir compte de la diversité des points de vue, de la multiplicité des paroles et des regards portés sur le monde rural et agricole. Il vise aussi à reprendre la main sur la communication et expliquer de manière « juste » l’agriculture, d’analyser objectivement les pratiques aujourd’hui remises en cause, les valeurs, l’identité agricole, remettre de la légitimité, de la dignité et du sens dans le métier d’éleveur.

Chiffres clés

2007 personnes interrogées pour le sondage
47 % d’hommes
53 % de femmes
57 % des interrogés déclarent mal connaître l’élevage
30 % sont intéressés par la problématique de l’élevage
40 % sont satisfaits du respect de l’environnement
33 % sont satisfaits du respect du bien-être animal
2 % d’abolitionnistes

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