Aller au contenu principal

Grèce
Nouveau profil pour l´élevage caprin

Premier pays caprin de l´Union Européenne avec plus de 5 millions de têtes, la Grèce voit son élevage se concentrer et s´interroge sur les nouvelles orientations à mettre en place pour les systèmes extensifs.


En Grèce, l´élevage des chèvres a toujours constitué une activité économique importante avec des dimensions sociales et culturelles évidentes. En effet, l´intérêt des Hellènes pour ce type d´élevage remonte très loin dans le temps, ainsi qu´en témoignent les nombreuses références caprines dans la Mythologie Grecque.
Aujourd´hui la population caprine grecque comprend environ 5,5 millions de têtes. Pour 85 % ces caprins appartiennent aux races locales originelles du type Capra Prisca. Cet animal présente une faible productivité (prolificité 1,1-1,2, production laitière 60-100 kg avec 150 jours de traite), mais une excellente adaptation aux milieux difficiles. Le reste, soit 15 % de la population, est constitué d´animaux de races étrangères parfois pures (notamment Saanen et Alpine), mais surtout d´animaux croisés dont la productivité est comparable à celle constatée en Europe occidentale.

La structure de l´élevage caprin en Grèce a constamment évolué au cours des trente dernières années.
Il en ressort une nette décroissance des très petits troupeaux, car les 2 à 4 chèvres autrefois gardées dans les familles agricoles, principalement pour l´autoconsommation du lait, ont été remplacées par le laitier du quartier.
Dans les élevages de 10 à 100 têtes, l´effectif caprin est demeuré relativement constant, ce qui prouve que les troupeaux de cette taille représentent toujours une réelle activité économique, souvent complémentaire d´autres productions agricoles.
©D.R.

troupeau collectif en extensif
De gros troupeaux de plus en plus sédentaires.

Vers des gros troupeaux plus sédentaires
L´évolution la plus importante est incontestablement l´augmentation des grands troupeaux, moins en nombre d´élevages qu´en fonction du nombre d´animaux élevés (58 % du cheptel total appartient à 5,8 % des élevages qui ont 200 animaux et plus). Cette évolution crée une nouvelle dynamique avec de nouvelles situations sociales et économiques et, qui plus est, dans des régions sensibles et marginales.
On observe également une évolution sensible des systèmes d´élevage et cela dans les trois principales catégories de troupeaux. Le type d´élevage dit "domestique" concerne les chèvres en petits troupeaux mais aussi un petit pourcentage des troupeaux sédentaires. Ces animaux qui ont de bonnes performances utilisent les restes de nourriture de la famille et/ou les aliments industriels, des sous-produits agricoles et des prairies artificielles. Ce type d´élevage (21 % du cheptel total dans les années 70) concerne encore aujourd´hui 14 % du cheptel national grec.
Le type d´élevage dit "sédentaire",
Par opposition aux élevages "transhumants", l´élevage sédentaire a connu, pendant les quarante dernières années, une augmentation progressive (61 % en 1956, 81 % en 1996 de la population totale) due à la diminution parallèle de la transhumance. En effet, l´élevage transhumant tend à régresser rapidement car les éleveurs souhaitent des conditions de vie plus faciles et mieux adaptées à la vie d´aujourd´hui.
Ces constats conduisent aux conclusions suivantes : l´augmentation du nombre des chèvres en système sédentaire et l´abandon progressif de la transhumance donnent un nouveau profil à l´élevage caprin en Grèce. Ce nouveau profil se caractérise par la concentration du cheptel dans quelques régions surexploitées, où le régime complexe de la propriété des terres et l´absence de cadre législatif régissant les pâturages constituent des facteurs de complication.
Une autre donnée récente, depuis quelques années, est constituée par l´entrée importante, légale et illégale, d´immigrants des pays de l´Est. Des milliers d´entre eux sont employés comme chevrier et trayeurs ce qui perturbe la gestion et la rentabilité des élevages ovins et caprins.
©DR

Des races locales adaptées aux milieux difficiles
Une production laitière de 60 à 100 kg de lait en 150 jours de traite.

La nouvelle problématique posée
La nouvelle problématique à laquelle est confronté l´élevage caprin grec a donc pour origine la concentration du cheptel dans certaines zones et les risques, réels ou non, qui en résultent pour la "sécurité" des forêts. Cependant la réduction du cheptel caprin n´est pas à l´ordre du jour notamment dans les régions montagneuses avec de grands troupeaux, si, en parallèle, il n´y a pas de maintien du volume de la production actuelle. De même que pour les brebis de montagne, le type de chèvres montagnardes (85 % de la population totale) dispose de marges très étroites en termes d´augmentation des rendements. Cette augmentation reste uniquement basée sur l´amélioration des conditions du milieu et de l´alimentation, dans la mesure où il n´existe pas de programme d´amélioration génétique du cheptel.

De plus, on ne peut pas ignorer la nouvelle pratique d´élevage émergente à savoir l´extensification "raisonnée", associée à la production de produits spécifiques tels les produits d´AOP, biologiques, etc.
Les systèmes extensifs, qui restent le fait de la majorité écrasante de l´élevage montagnard des chèvres en Grèce, ne doivent pas être vus uniquement comme une pratique traditionnelle ayant pour caractéristiques principales l´exploitation des grands espaces, un capital investi réduit, et un bas rendement. Il s´agit également d´une forme de modernisation pouvant être améliorée dans le respect de l´environnement.
©D.R.

Formaella de parnassos
Fromage traditionnel AOC au lait de chèvre, de brebis ou de mélange fabriqué près du Mont Parnasse.
Les voies d´amélioration en extensif
Une partie importante de l´élevage caprin extensif grec s´exerce actuellement dans un contexte "pré-biologique" et pourrait ainsi s´engager dans la voie de la procédure requise pour la production de produits spécifiques (lait - fromage - viande). Si le nouveau système permet d´obtenir de meilleurs prix cette évolution peut conduire, en compensation, à une réduction du volume de la population de chèvres.
Par ailleurs, l´élevage traditionnel possède des capacités de production de produits de qualité, à condition de se conformer aux directives de l´U.E. qui imposent des règles d´hygiène strictes concernant le lait des brebis et des chèvres.
L´augmentation régulière de la taille des troupeaux et leur dépendance vis-à-vis de la présence de chevriers-trayeurs étrangers, plaident en faveur de l´adoption de cette nouvelle orientation, innovatrice pour la Grèce. De plus, il semblerait que l´utilisation de machines à traire mobiles puisse résoudre certains problèmes liés aux déplacements des troupeaux.
La traite mécanique doit contribuer à l´amélioration des conditions de travail et de la qualité de vie des éleveurs de chèvres qui, ainsi, ne seront plus considérés comme citoyens de deuxième catégorie mais comme des producteurs demeurant dans des régions difficiles et ayant un rôle à jouer un rôle dans la conservation des espaces pastoraux.
Face à la croissance de la population caprine dans certaines régions, il serait intéressant d´essayer de la réduire graduellement en introduisant simultanément du sang, par exemple, de la race Damas : il s´agit d´une race de haute productivité, connue pour être la plus adaptable aux conditions de certaines zones particulières du bassin méditerranéen. Dans quel-ques régions de la Grèce du Nord, de très bons résultats ont été obtenus avec des chèvres croisées. Il est vrai que ces nouvelles orientations seront peut être difficiles à accepter par les éleveurs caprins traditionnels, qui considèrent que leur activité disparaîtra avec leur mort biologique.

Texte adapté de "Transfert de technologies vers un élevage caprin en voie de restructuration" présenté à la 7e Conférence Internationale sur les caprins. E. Sinapis, J. Hatziminaoglou, J.G. Boyazoglu. Département de Productions animales, Faculté d´Agronomie, Université Aristote, 54006 Thessaloniki, Grèce.
©D.R.

Abri pour la nuit en enclos
Voie d´avenir : une extensification raisonnée associée à des produits spécifiques.

Les plus lus

Pyramides des âges des éleveurs caprins laitiers (à droite) et fromagers fermiers (à gauche) vs population active française à l'emploi
Les pyramides des âges des éleveurs de chèvres
Les fromagers fermiers caprins ont une démographie assez proche de celle de la population active française, ce qui est…
Chèvres mangeant des feuilles de frêne
Des branches de frêne dans l’auge des chèvres
Un essai réalisé à la ferme expérimentale caprine du Pradel confirme l’intérêt des arbres comme ressource fourragère. Les chèvres…
Carte de France des reproducteurs caprins au 1er janvier 2024
23 537 détenteurs de caprins en France en 2023
L’obligation d’identifier les petits ruminants permet d’avoir une idée précise de la localisation et du nombre d’éleveurs caprins…
Exploitation caprine de 25 hectares à vendre
Dans les Pays de la Loire, cette ferme de 25 hectares est à reprendre avec ses bâtiments pouvant accueillir des chèvres ou des…
zone régulée au 22 août 2024
La FCO 3 touche peu les caprins mais perturbe les déplacements
Le sérotype 3 de la FCO, arrivé cet été en France, peut affecter les caprins mais sans mortalité. Les régulations de déplacement…
Visite sur la parcelle de Franck Deygas pour échanger sur son essai chicorée
« J’ai implanté des chicorées pour combler le trou d’herbe d’été »
Des échanges entre éleveurs ardéchois ont redonné le goût de la chicorée pour continuer à pâturer pendant l’été. Deux éleveurs…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre