Les mouches, ces petites bêtes qui embêtent
La présence de mouches est une nuisance pour la quasi-totalité des élevages. Un protocole bien appliqué peut limiter significativement leur nombre.



Les mouches sont des vecteurs de maladies pour l’homme et les animaux. Leur présence sur les mamelles peut entraîner la transmission des mammites, sur une plaie cela peut empêcher la cicatrisation et créer une infection. Leur présence sur la tête énerve les bêtes et peut poser problème pour le bon déroulement de la traite. Ces insectes sont aussi source d’inconfort et de stress pour les animaux ce qui peut entraîner une perte en production laitière. « Entre 20 % et 30 % de perte selon nos clients », précise Rachid Oualif, technicien du GDS et Farago Rhône. Pour des jeunes animaux, le stress peut influer sur le développement. La mouche domestique est l’espèce la plus présente en élevage caprin.
Un traitement chimique à pulvériser sur tout le bâtiment
La lutte chimique et mécanique repose sur « des produits permettant d’éliminer les larves et les mouches adultes, respectivement larvicides et adulticides, et sur des grille-mouches et autres pièges collants », explique Rachid Oualif. Mais la bonne réalisation du protocole est primordiale pour que la lutte soit efficace. Le technicien précise alors, « un traitement chimique toutes les trois semaines, larvicide et adulticide, permet d’agir sur deux stades cruciaux. Il faut aussi sortir le fumier au minimum une fois par mois. La quasi-totalité du bâtiment doit être traitée, le fumier et les surfaces d’ambiance comme les poutres, les cornadis et la salle de traite. On conseille de disperser le produit en très fines gouttes, à l’aide d’un atomiseur dorsal par exemple. Contrairement aux élevages bovins, en caprin il n’y a pas besoin de traiter les animaux. »
Un traitement, comme la K-Othrine Flow 7,5 (autour de 60 € le litre, 100 ml dans 5 à 8 l d’eau pour 100 m²), à base de deltaméthrine à 7,5 g pour 1 l, dure en général de mars à fin octobre. « Cette faible concentration est active sur les mouches et n’a aucun impact sur l’homme ou les autres animaux de la ferme », assure Rachid Oualif.
Pour une lutte efficace, il faut bien respecter le protocole, surtout le curage car les larves vivent dans le fumier et les mouches y pondent. De plus, « le fumier doit être stocké à au moins 500 mètres du bâtiment d’élevage », préconise Rachid Oualif. Il conseille aussi de bien nettoyer les louves pour les chevreaux ou encore de bien ventiler. La lavande et le thym peuvent servir de répulsif mais n’ont pas d’action pour diminuer le nombre de mouches.
Sur le terrain, beaucoup traitent à leur sauce…
Sur le terrain les choses sont moins catégoriques. Les éleveurs ont tous leur propre protocole qui dépend de la période, du nombre de mouches, des pratiques passées… « Je cure tous les trois mois et traite tous les quinze jours, seulement les aires paillées », explique Bruno Leve, éleveur de 300 chèvres saanen en Loire. À l’inverse Philippe Anselme, éleveur de 50 chèvres alpines dans le Rhône, n’a réalisé qu’un seul traitement chimique cette année. « Je fais faire le traitement par mon technicien GDS une fois sur deux. C’est cher mais au moins le protocole est bien adapté et appliqué », annonce quant à lui Patrick Ribes, éleveur de 160 chèvres en Ardèche. Les avis divergent aussi sur l’intérêt de la lutte biologique. Certains voient ça comme un outil purement préventif, d’autres attendent de voir des résultats chez leurs voisins. « Je voudrais me mettre au biocontrôle, réaliser un premier lâcher puis voir s’il y a besoin d’un traitement chimique derrière, explique Anselme Philippe. Le problème c’est qu’il faudrait mettre cela en place avant les premières chaleurs et je n’ai pas le temps. » Jean-Luc Mimault, éleveur de 220 chèvres dans les Deux-Sèvres, utilise depuis dix ans le bio contrôle pour lutter contre les mouches. « À partir de fin avril, je saupoudre le long des murs les pupes infestées, ça me prend trois minutes toutes les quatre semaines, précise Jean-Luc Mimault. Ce n’est pas plus cher qu’un traitement chimique et je n’ai presque plus de mouches. »
Du biocontrôle pour casser le cycle des mouches
La protection biologique intégrée anti-mouche repose sur l’utilisation d’insectes auxiliaires qui parasitent les pupes de mouches pour pondre leurs œufs ou qui consomment les œufs des mouches. « Des lâchers tous les mois de février à septembre de MG [Muscidifurax et Spalangia] et Terrappi [Macrochelidae] permettent un contrôle des œufs et des larves de mouches », présente Christophe Colleu, responsable vente chez Appi. Ces insectes sont sans danger pour les animaux, l’utilisateur et l’environnement. « Ce sont des populations indigènes non envahissantes. » Cette méthode n’élimine pas directement les mouches adultes, mais rond le cycle de développement de l’insecte.
Une nouvelle gamme dans la lutte chimique
Bayer a renouvelé sa gamme pour lutter contre les mouches et les ténébrions : Baycidal Dimilin SC15 (larvicide de 70 à 120 € pour 1 l, 35 ml dans 2 l d’eau pour 10 m²) et Solfac Ultra (adulticide autour de 90 € pour 1 l, 15 ml dans 1 l d’eau pour 15 m²). Les deux produits conservent leur nom déjà connu mais change de substance active. La marque veut intégrer ces produits dans un protocole de lutte raisonnée avec, en amont de la prophylaxie, la mise en place lutte mécanique et le recours à la lutte chimique en cas de forte infestation. « Nous préconisons pour les caprins d’alterner la K-othrine et Solfac Ultra pour éviter le développement de résistance », précise Thibaut Karoubi, chef de marché hygiène chez Bayer.