Conduite d´élevage
Les lactations longues en question
Conduite d´élevage
Longtemps conséquence du simple maintien en lactation des quelques chèvres bonnes productrices en échec de reproduction, ou technique complémentaire du déssaisonnement avec recyclage des primipares, les lactations longues tendent à être systématiquement pratiquées dans un nombre croissant d´élevages en système intensif. Parfois subie ou volontaire, cette technique soulève cependant des questions.
Une récente enquête conduite chez 108 élevages de Vendée en contrôle laitier a montré que 74 % des troupeaux pratiquaient les lactations longues (LL). Parmi ces derniers, 38 % conduisaient plus de 10 % de leurs femelles en lactations prolongées.
Cette technique est associée généralement au déssaisonnement, mais certains éleveurs en font une technique de simplification de la conduite des troupeaux : recyclage des primipares, réduction du nombre de mises-bas chez les adultes...
Pour les adultes, l´étude montre que la production laitière moyenne pendant 2 ans est de 1 718 kg pour une durée moyenne de lactation de 626 jours. La production journalière de ces laitières est de 2,7 kg/jour. Les taux butyreux et protéiques moyens des lactations longues sont respectivement de 32,4 et 30,3 g/kg (majorité de Saanen) tandis que le taux cellulaire moyen est de 798 000 cellules/ml.
Quant aux primipares, pour une durée moyenne de lactation de 487 jours, la production moyenne est de 1 371 kg (2,8 kg/j) avec un TB de 32,5 g et un TP de 29,5 g par kg.
Ainsi globalement il apparaît, qu´à durée comparable, une femelle en lactation longue produit autant de lait qu´une autre effectuant deux lactations "normales" successivement. De plus la richesse du lait ne semble pas affectée par le prolongement de la lactation, le TB ayant même tendance à être supérieur en lactation longue.
Parmi les questions qui restent en suspens figurent l´incidence réelle d´une lactation longue, sur les taux cellulaires (observations parfois contradictoires) et sur la reproduction ultérieure des chèvres bien que, là encore, il ne semble pas exister d´effets négatifs liés aux LL.
Ainsi dans les systèmes d´élevage en stabulation permanente, où le déssaisonnement conduit la plupart du temps à traire toute l´année, la prolongation des lactations des femelles restées vides après fécondation et détectées précocement à l´aide de l´échographie est une technique adoptée par un grand nombre d´éleveurs.
Jean-Claude Le Jaouen avec la collaboration de Gérard Brice