Les chèvres bio France en plein développement
À l’occasion du mois de la bio, le groupement Les chèvres bio France et son partenaire la Lémance ont présenté leurs perspectives de développement.
À l’occasion du mois de la bio, le groupement Les chèvres bio France et son partenaire la Lémance ont présenté leurs perspectives de développement.
Créé en 2014 pour fédérer les producteurs livrant la fromagerie la Lémance, Les chèvres bio France est le premier groupement français de producteurs de lait de chèvres biologique. En 2018, il rassemblera 37 éleveurs de la Loire-Atlantique au bassin Lozère-Aveyron pour 3,5 millions de litres de lait collectés. « Dès le départ, il y a eu un partenariat très fort avec le transformateur la Lémance et avec Biocoop, notre principal client, a expliqué Laurent Vincendeau, président de Chèvres bio France. Notre objectif était de créer une filière nationale de lait de chèvre biologique. L’accent a été mis aussi sur l’éthique, en termes de taille, représentativité, développement du pâturage, relations au sein de la filière et maîtrise de la production. » La taille maximale de cheptel est ainsi de 600 chèvres et toute nouvelle adhésion est soumise à l’approbation d’un comité d’acceptation. Les éleveurs sont propriétaires de leur tank à lait et responsables de son entretien, mais une aide à l’achat d’un tank (avance de trésorerie) est possible pour toute nouvelle installation. Le comité de direction de Chèvres bio France prévoit quatre places pour des éleveurs, une place pour une personne de la Lémance et une place pour un distributeur. Le lait produit pendant la conversion est par ailleurs acheté par la Lémance. Et une grille de prix cosignée par la Lémance et par Biocoop est établie pour trois ans. « Cette grille de prix sur trois ans assure la visibilité nécessaire aux éleveurs », souligne Laurent Vincendeau. Enfin, Les chèvres bio France fait désormais partie de la section agricole de Biocoop qui rassemble des groupements de producteurs 100 % bio sociétaires de Biocoop Sa Coop.
Augmenter la part de Chèvres bio France dans les approvisionnements de la Lémance
95 % du lait collecté est destiné à la Lémance. Créée en 1998, la Lémance dispose à Montayral (Lot-et-Garonne) d’une fromagerie transformant six millions de litres de lait bio de chèvres (85 %), brebis (8 %) et vaches (7 %). « Et en 2018, la part du lait de chèvre devrait atteindre 90 % », précise Rémi Inquimbert, directeur du site de la Verrie en Vendée. 3 millions de litres sont fournis par Les chèvres bio France et 500 000 litres en direct par des éleveurs. Le reste est importé des Pays-Bas et d’Autriche. « L’import permet de développer des marchés et peut servir de tampon en cas d’aléas, explique Rémi Inquimbert. Mais notre objectif est de développer l’approvisionnement auprès de Chèvres bio France. » La fromagerie produit des fromages lactiques frais et affinés (bûches, cabécous du Périgord, crottins) et un peu de pâtes pressées, actuellement sous-traitées. 45 % des volumes sont commercialisés dans les réseaux bio spécialisés, principalement Biocoop, mais aussi Naturalia, La Vie Claire, Vitafrais…, 40 % en grande distribution (Système U, Casino, Carrefour), 5 % à l’export, notamment en Allemagne, et 5 % en restauration hors foyer et à des industriels. L’activité est en fort développement. « D’un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros en 2007, nous sommes passés à 9,9 millions d’euros en 2016. » Ses marchés se développant, le groupe va donc investir trois millions d’euros pour doubler la capacité de sa fromagerie. Une unité de fabrication de pâtes pressées (chèvre, brebis, vache) devrait aussi voir le jour en Lozère en 2018-2019.
Développement de l’ultrafrais
En avril 2016, pour se rapprocher des producteurs de l’Ouest, la Lémance a par ailleurs créé à la Verrie en Vendée, un atelier d’ultrafrais de chèvre bio dont Biocoop est actionnaire à hauteur de 5 % (deux éleveurs en sont également actionnaires). D’une surface de 1 200 m², il devrait transformer deux millions de litres de lait en 2018, fournis par Les chèvres bio France. Une partie est conditionnée en bouteilles et désormais poches souples avec bouchon (Doypack) après stérilisation traditionnelle. Pour favoriser le développement de la poche souple, élue meilleur produit bio 2018 et désormais référencée à Intermarché, la Lémance vient d’investir dans une conditionneuse automatique d’un débit de 1 000 litres par heure. « La demande en lait de chèvre bio est en forte augmentation », constate Rémi Inquimbert. L’atelier produit aussi des yaourts brassés et fermes, nature et aromatisés (vanille, fraise, myrtille, châtaigne miel, abricot, pêche, fraise-basilic). Et d’autres fabrications sont en projet (fromage blanc, desserts lactés, yaourt citron…). 80 % des produits sont commercialisés dans le réseau Biocoop, sous la marque Ensemble, le reste auprès de Vitafrais, La Vie Claire, Naturalia, So Bio et désormais en grande surface (Casino, Intermarché). Une difficulté est la saisonnalité de la production. Un producteur désaisonne et quelques autres ont décalé les mises-bas et/ou font des lactations longues. « Mais la question du manque de lait en hiver devrait se poser en 2018 et pourrait nous amener à faire évoluer la grille de prix avec une différenciation entre le lait d’hiver et le lait de printemps », indique Laurent Vincendeau. Face au développement de ses débouchés et pour densifier sa collecte, Les chèvres bio France et la Lémance recherchent donc de nouveaux producteurs.
« Gérer le parasitisme »
" Après avoir produit en conventionnel pendant quinze ans, je me suis converti au bio en 2015-2016 et je livre à CBF depuis mars 2017. Mon troupeau de 200 chèvres pâture 270 jours par an, 8 à 10 heures par jour. 35 hectares sur 39 ont été drainés et les prairies sont à base de ray-grass hybride-trèfle violet, avec par ailleurs des méteils, des dérobés et un peu de luzerne. Le pâturage se fait au fil, par bloc. Pour limiter le parasitisme, je respecte un temps de retour de trois mois sur un bloc et je laboure tous les trois ans avant un à deux ans de méteil. Le pâturage est complété par du foin de qualité, de la paille, 400 grammes par jour de méteil, 450 grammes de correcteur azoté et 400 grammes de luzerne déshydratée en plein pâturage. Mes chèvres produisent ainsi 600 litres de lait par an. Comme la production est limitée, je dois avoir un système économe et optimiser le pâturage."
Avis d’éleveur - Pascal Bigot, éleveur dans les Deux-Sèvres