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La Bretagne accueille les techniciens caprins

Les conseillers caprins se sont donné rendez-vous aux Journées techniques caprines, en Bretagne, pour échanger sur les dernières avancées techniques.

Du 2 au 4 avril, 120 techniciens et conseillers caprins, accompagnés de quelques éleveurs et étudiants en agronomie se sont réunis à Erdeven, dans le Morbihan, pour le rendez-vous biennal de la filière. Bien que la production caprine ne représente qu’une infime partie de l’agriculture bretonne, avec 136 élevages sur 26 770 exploitations, les journées techniques caprines ont bien leur place dans cette région. « Nous sommes une petite filière mais nous avons le mérite d’exister et de nous développer, souligne Franck Mérel, éleveur et représentant de la Fnec en Bretagne. D’autant que nous devons encore souvent faire face à un certain mépris de la part des éleveurs de bovins. » Étalées sur deux jours et demi, 17 conférences se sont succédé, entrecoupées d’ateliers thématiques en petits groupes. Les participants ont également pu visiter des élevages caprins locaux (voir p. 34) et discuter avec les chercheurs et techniciens des travaux présentés sous forme de poster au cours d’un moment festif et convivial. Parmi les nombreux sujets abordés, le fourrage et l’alimentation des chèvres ont tenu une place prépondérante.

L’Inra bûche sur le pâturage

En effet, certains participants ont pu découvrir la station expérimentale de l’Inra, basée à Méjusseaume aux environs de Rennes, qui travaille sur le comportement des chèvres au pâturage. Initialement très axée sur la recherche en bovin lait, la station s’est néanmoins dotée il y a six ans d’un troupeau de 175 chèvres en lactation courte. Ainsi, forts de leur expérience avec les vaches laitières, les chercheurs ont transposé leurs expérimentations sur les caprins. Rémi Delagarde, chercheur à l’Inra étudie les variations de performances des chèvres liées au pâturage. Pour cela, de nombreux essais sont menés. Par exemple, Rémi Delagarde et son équipe ont étudié l’impact du temps de pâture sur les chèvres. Avec, pour chaque lot, une même surface, la même prairie et la même complémentation, les durées testées étaient de six, huit et onze heures. Ont également été testées les variations liées aux quantités d’herbe offerte et à l’abreuvement. Bertrand Bluet (chambre d’agriculture de l’Indre) et Barbara Fança (Idele) ont présenté les nouvelles recommandations pour l’alimentation des caprins, regroupées dans le programme Inra 2018. Cette mise à jour, plus que nécessaire, a permis notamment de revoir les unités de mesures et de remettre en perspective les connaissances sur le transit des caprins. L’Inra et le réseau Conseil Élevage ont développé Rumin’Al, un nouvel outil de rationnement. La valorisation de l’herbe, de par son aspect économique et écologique est intéressante pour les éleveurs. Or, ceux-ci ne sont pas toujours bien informés des différentes formes que peut prendre cette valorisation, comme l’a expliqué Jérémie Jost (Idele) lors de la présentation du casdar Cap’Herb.

La concertation plutôt que la confrontation

Le bien-être animal a prouvé encore une fois qu’il est à l’esprit de chacun au sein de la filière, notamment avec la présentation du projet Goatwell, porté par l’Anses, auquel prennent part Anicap, Fnec et Institut de l’Élevage. Cet outil d’évaluation du bien-être animal permettra à terme d’avoir un ensemble d’indicateurs de référence en commun à l’ensemble de la filière plutôt que de risquer de voir se développer une myriade de références publiées par chaque opérateur. Marilyne Le Pape (Anicap) et Aurélie Warin ont exposé la concertation entre ONG pour le bien-être animal en élevage et interprofession, afin que chaque partie puisse communiquer en connaissance de cause et en bonne intelligence. « Nous sommes parvenus à un point où nous comprenons les points de vue de chacun et les ONG reconnaissent le travail qui est déjà fait en élevage au niveau du bien-être », salue la directrice de l’interprofession caprine.

La viande de chevreau doit être plus transparente

Jean-Luc Bouton (responsable caprin à Interbev) a expliqué les enjeux de développement d’une offre de viande de chevreau, avec les opportunités et les freins du marché. Le chevreau devrait passer d’un sous-produit de la chèvre à une matière intéressante selon lui. Néanmoins la répartition inégale des abattoirs caprins sur le territoire français constitue un frein important, ainsi que l’opacité qui entoure le maillon engraissement des chevreaux. Interbev a mis en place une charte chevreau qui reprend les bonnes pratiques d’engraissement, tout en travaillant sur l’image de la filière et la réponse aux attentes sociétales. Interbev et l’Institut de l’Élevage se sont par ailleurs positionnés sur cette question de la valorisation des chevreaux à travers le casdar Valcabri, qui a pour objectif d’identifier les leviers pour améliorer l’engraissement des chevreaux. Il est prévu de faire des tests sur l’impact de la race dans la conformation carcasse, qu’il s’agisse d’alpine pure ou de croisement avec de la Boer, de la Pyrénéenne ou de la Rove. L’abattage se fera aussi à des âges différents, 30, 60 et 90 jours afin d’analyser l’impact de la durée d’engraissement sur la qualité de la viande. En parallèle, un état des lieux des pratiques déjà en place chez les éleveurs pratiquant l’engraissement sera fait, ainsi qu’une comparaison entre les qualités de carcasses suivant le type de conduite du troupeau (bâtiment, parcours, etc.). Enfin, l’offre de viande de chevreau pour le consommateur devra impérativement être développée, notamment en innovant sur les formes de découpe et les recettes. « Il faut que nous arrivions à nous démarquer des chevreaux d’importation, que ce soit par le poids, l’utilisation d’antibiotiques ou encore la durée du séjour », rappelle Franck Moreau, secrétaire général de la Fnec. Les techniciens caprins auront encore beaucoup de choses à échanger lors des prochaines journées techniques caprines, prévues en 2021 en Bourgogne.

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