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« Je vends des chevreaux élevés sous la mère »

Émilien Retailleau, éleveur d’une cinquantaine de chèvres poitevines à la ferme de la Bonnellerie dans la Vienne, commercialise en vente directe une partie des chevreaux issus de la production fromagère.

Pour Émilien, élever les chevreaux va de pair avec sa vision de l’élevage caprin bio. Il engraisse et commercialise donc lui-même la majeure partie de ses cabris issus de sa cinquantaine de chèvres poitevines. « C’est aussi un moyen d’être moins dépendant de la filière longue d’engraissement », note-t-il. L’exploitant a décidé de laisser les chevreaux sous les mères. Au-delà des considérations éthiques qui l’animent, il soulève la praticité d’un tel choix : « Nous n’avons pas besoin d’acheter de la poudre de lait ni de nourrir les chevreaux. C’est une astreinte en moins non négligeable. »

Vente directe en frais et transformé

À 15 à 20 kg de poids vif, soit environ six à sept semaines, l’éleveur conduit les animaux à l’abattoir. « C’est une chance d’avoir un abattoir proche de chez moi qui accepte les petits ruminants. Cela devient de plus en plus rare », raconte-t-il. Il les récupère le lendemain et vend les carcasses fendues en deux aux clients ayant pris rendez-vous. Contrairement au marché, où il vend ses fromages, ce mode de vente lui permet de limiter son temps de travail et tout investissement superflus. Certains chevreaux, ainsi que les chèvres de réforme, sont transformés en pâtés, rillettes, saucissons et verrines, pour une clientèle plus occasionnelle. « Les ventes progressent d’année en année, s’étonne l’éleveur. Les retours sur la qualité de la viande sont toujours positifs. » La tradition de consommation de viande de chevreau dans la région du Poitou contribue en partie à cet accueil favorable. « Vendre du chevreau permet de réintégrer dans la tête des consommateurs le lien entre production laitière et chevreaux. C’est un tout », rappelle Émilien.

« Élever les chevreaux fait partie du métier d’éleveur caprin »

Avec l’aide du Civam du Haut Bocage, Émilien Retailleau a estimé la rentabilité de la vente de chevreaux élevés sous la mère. La charge principale, et la plus difficile à calculer, est la perte de lait. « On a émis l’hypothèse que les chevreaux consommaient tous la même quantité de lait et que tout ce qu’ils consommaient était perdu, décrit-il. Pourtant, on pense que la tétée stimule la lactation et, donc, que la perte est moins importante. Mais ce serait trop difficile à évaluer. » D’après les calculs du Civam, les chevreaux qui sont prêts avant 55 jours génèrent bien de la valeur ajoutée. En revanche, ceux qui nécessitent un temps d’engraissement plus long engendrent une perte économique. « La prochaine fois, je vendrai sans doute les femelles à l’engraisseur, car elles prennent du poids plus lentement », envisage l’éleveur.

Le jeune homme installé en 2019 n’exclut pas non plus de faire du cabri, c’est-à-dire de vendre des animaux sevrés plus lourds. Plusieurs éleveurs du Civam, regroupés autour de l’association Cabri d’ici, se sont lancés dans cette production. L’option est prometteuse d’un point de vue financier car, une fois sevrés, les chevreaux coûtent beaucoup moins cher à nourrir.

Visite réalisée à l’occasion du salon Capr’Inov
 

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