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Caprins
Fromager fermier en Picardie

Situé en Picardie, région hors de toute tradition caprine, le Gaec de la Chèvrerie de Canaples a surmonté les difficultés de son isolement et diversifie désormais ses activités avec l´accueil à la ferme.


Région de grandes cultures et d´élevage laitier bovin la Vallée de la Nièvre, en Picardie, était autrefois un centre de production de chanvre et d´industrie textile. La chèvre y était quasiment inconnue, à l´exception des 1 ou 2 chèvres que possédaient certaines familles pour la consommation domestique du lait.
Pourtant c´est à Canaples, petit village à 20 km au nord d´Amiens, que Joël l´Hermite, originaire de Vendée, s´est installé en 1981 avec une vingtaine de chèvres.
"C´était l´exploitation de mon beau-père qui avait supprimé son troupeau de vaches laitières en 1975 pour des raisons de santé, explique Joël. Il y avait bien déjà dans la région quelques élevages caprins, installés dans les années 70, mais notre propre installation a été totalement atypique. C´est par goût et par envie que nous avons fait le choix des chèvres car Brigitte, mon épouse, voulait en faire son activité. Dès le départ nous avons fabriqué des fromages, mais le plus difficile a été de convaincre le consommateur picard de le goûter car c´est un produit qu´il ne connaissait pas du tout. Ici, dans la région, c´est le camembert qui est sur toutes les tables. Pourtant, peu à peu, des acheteurs ont essayé le fromage frais, puis le fromage affiné, mais aujourd´hui encore 80 % de nos ventes restent en fromage frais. Notre intégration s´est faite facilement car mes beaux-parents étaient du village, les autres agriculteurs acceptaient notre différence, tout en nous observant !".
Le troupeau ©DR

Une centaine de chèvres avec étalement des mises-bas pour fabriquer toute l´année.
Au fil des années, le troupeau a grandi pour atteindre 80 têtes, et c´est en 1991 que le Gaec a été constitué avec Marcel Poisson, après une année de travail de celui-ci comme salarié sur l´exploitation. "En fait, j´ai remplacé Brigitte, qui est devenue enseignante, pour m´occuper de l´élevage et de la fromagerie, précise Marcel. Par la suite, j´ai également pris en charge l´accueil du public sur la ferme qui est une nouvelle activité développée depuis quelques années".
Les deux associés se partagent ainsi les travaux de l´exploitation, Joël pour sa part prenant en charge la culture des 80 ha, la commercialisation des fromages et la comptabilité. "Chacun assure un week-end sur deux, c´est l´avantage de la spécialisation des tâches qui nous laisse également la possibilité de nous remplacer, indique Joël. De plus, chacun d´entre nous peut prendre dix jours de congés par an. C´est important car cela fait partie de notre objectif de vie".
Salle de vente et de dégustation ©DR

L´accueil à la ferme représente 60 demi-journées par an.
Tout en restant dans la logique d´une production laitière et fromagère, les associés ont cherché à diversifier leurs fabrications et leurs activités. Afin d´élargir la gamme de fromages au-delà des frais nature et aromatisés, des nouveautés originales ont été mises au point : fromages affinés au cidre qui est une spécialité de la région, fromages frais aux fleurs. Après quelques essais de fabrications type camembert et reblochon, celles-ci ont été abandonnées en raison d´une rentabilité insuffisante comparativement aux lactiques.
Les fromages sont commercialisés par plusieurs circuits : 2 marchés par semaine, livraisons à des épiceries, restaurants et GMS du département, un peu d´exportation sur l´Angleterre et l´Allemagne.
La vente à la ferme s´est développée surtout depuis que le Gaec s´est organisé pour accueillir des groupes, notamment de scolaires "Nous cherchions à nous diversifier et c´est à la suite d´une formation sur l´accueil à la ferme que nous avons décidé de nous lancer, précise Marcel. Cette année, nous avons accueilli 80 groupes de 50 enfants, des scolaires en mai-juin et septembre-octobre ; l´été, c´est surtout les centres aérés qui nous visitent. Nous sommes à proximité d´un site touristique : les grottes de Naours, village voisin, où se réfugiaient autrefois les populations en temps de guerre, attirent de nombreux visiteurs de la région et la visite de notre ferme s´inscrit dans le circuit.
La visite commentée des ateliers de notre élevage dure 2 heures environ avec démonstration de fabrication de fromages et dégustation-goûter pour les enfants.
Pour les enfants le coût est de 20 F avec la dégustation et de 30 F avec le goûter. Cela représente de l´ordre de 60 demi-journées par an, avec simultanément augmentation des ventes à la ferme où nous proposons également d´autres fromages de vaches fermiers de la région ainsi que des produits locaux comme le cidre, une bière artisanale, des terrines de canard, des confitures et du miel.
Nous faisons partie du réseau Bienvenue à la ferme et participons activement à la semaine du goût qui a lieu en octobre. L´accueil à la ferme est vraiment une activité à part entière, mais qui demande de s´organiser en conséquence".

La Chèvrerie de Canaples,
172, rue de Fieffes, 80670 Canaples
Tél. 03 22 52 93 06
Fax 03 22 39 07 69

Atouts et handicaps de l´isolement
"Le plus gros handicap d´une région non caprine, c´est l´absence de conseil technique en élevage et en fabrication, explique Joël. Il nous faut donc prendre le téléphone pour appeler d´autres éleveurs ou des techniciens d´autres régions quand nous avons un problème.
Par contre, nous avons l´avantage de bénéficier d´un grand bassin de consommation pour nos débouchés.
De même, l´élevage caprin et les fromages représentent une originalité locale qui attire les visiteurs.
Nous ne sommes plus que 3 éleveurs caprins fromagers dans la Somme. Avant nous étions plus nombreux, près de 15 élevages, mais les autres élevages ont arrêté pour des raisons de travail ou de valorisation insuffisante.
Le fait d´être peu nombreux ne nous a pas empêchés, par exemple, de bénéficier d´aides du Conseil Régional pour financer les investissements de la mise aux normes de la fromagerie au titre de l´aide à la diversification.
L´isolement a, certes, des inconvénients mais également certains avantages !"

L´exploitation
- 80 hectares en fermage dont 72 cultivables : blé, betteraves sucrières, pois, maïs.
- 100 chèvres alpines + 25 chevrettes + 4 boucs.
- Production : 600 litres en moyenne en 300 jours de lactation.
- Deux lots principaux de mise-bas afin d´étaler la production laitière : un lot de 25 à 30 chèvres mettant bas avant Noël avec synchro + saillies naturelles.
Un deuxième lot de 20 à 25 chèvres mettant bas en janvier. Synchro + IA pour produire les chevrettes de renouvellement. Le reste du troupeau adulte et les chevrettes mettent bas après février : saillie naturelle + monte libre.
- Toute la production laitière est transformée en fromages lactiques vendus sous la marque Bicottin
- Main-d´ouvre : 2 UMO + aide familiale
- Valorisation moyenne : 12 F/litre

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