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En Gaec pour avoir une vie sociale et familiale

Pour les quatre associés des Grandes dolines, travailler en Gaec présente de nombreux avantages. Le dialogue et l’écoute au sein du groupe sont essentiels.

Parti d’une Earl familiale, le Gaec des grandes dolines, à Alloinay (Deux-Sèvres), réunit aujourd’hui quatre associés, Christian Touzé, 52 ans, Damien Gourrichon, 43 ans, Grégory Nivelle, 42 ans et Benjamin Chollet, 34 ans, auxquels s’ajoute Bernadette, la mère de Grégory, en cumul emploi retraite. L’exploitation compte 214 ha dont 114 ha de cultures de vente, 250 chèvres, 100 vaches laitières et une production de 3 000 volailles fermières avec abattage à la ferme et vente directe. « Quand je me suis installé avec mes parents, j’étais intéressé par des productions à forte valeur ajoutée et je voulais aussi avoir une vie sociale, explique Grégory. Le lait et la transformation avec vente directe sont très chronophages, avec des astreintes régulières. Travailler à plusieurs me semblait donc indispensable ». Pour les quatre associés, pouvoir préserver une vie de famille et une vie sociale « de 2018 » est encore un des premiers avantages du travail en groupe. Chaque associé est responsable d’un atelier mais tous peuvent intervenir sur tous les ateliers en complément ou en remplacement pour les week-ends, vacances, périodes de pointe ou si l’un d’eux doit s’absenter. Chaque associé prend trois semaines de vacances par an et un week-end sur deux. Et chaque jour, un des associés commence à 8 h 30 au lieu de 6 h 30. « Cela permet d’avoir du temps pour notre vie familiale, un point important car nos conjointes travaillent à l’extérieur, et pour des responsabilités professionnelles et associatives », soulignent-ils. Grégory est administrateur de Gaec et sociétés, de la Fdsea 79 et de la Frsea Nouvelle-Aquitaine. Benjamin est trésorier d’une association et membre d’un groupe Dephy. Damien est président d’une association, au bureau de deux Cuma et adjoint au maire. Christian est administrateur à la Fdsea 79 et au centre de gestion. Et chacun peut prendre du temps pour un rendez-vous, les enfants ou pour aller aux champignons. « Nous ne comptons pas notre temps, mais sommes tous des chefs d’entreprise responsables ».

« Il faut se dire les choses et être à l’écoute »

Au-delà, le principal avantage du Gaec est qu’il apporte de la sérénité. « Nous prenons toutes les grandes décisions ensemble. Nous nous réunissons chaque lundi soir. Chacun donne son planning de la semaine et nous discutons des décisions à prendre. C’est moins stressant que de décider seul. Chacun sait aussi que s’il s’absente, le travail sera bien fait par quelqu’un qui connaît l’exploitation ». Le travail en groupe permet par ailleurs à chacun d’être plus spécialisé dans son domaine, d’avoir plus de temps pour surveiller les animaux ou les cultures, pour se former et s’informer. « Mais nous échangeons aussi beaucoup entre nous. Pour les vaches et les chèvres, tout est écrit sur un tableau ». Enfin, le relationnel est important. « C’est bien de pouvoir dire bonjour à quelqu’un quand on arrive au travail, de discuter de choses et d’autres ». S’ils ne voient pas d’inconvénients au Gaec, tous y voient par contre des conditions nécessaires. La principale est la nécessité d’une communication et d’un dialogue permanents. « Il faut être à l’écoute et ne pas rester dans sa bulle, souligne Benjamin. Et il faut se dire les choses. Il arrive que l’on ne soit pas d’accord a priori. Mais en discutant, on y arrive ». L’existence d’un bureau, lieu d’échange et de convivialité indépendant des habitations, est pour cela essentielle. Chacun doit aussi trouver son équilibre dans le groupe. « Nous sommes quatre caractères très différents, précise Grégory. Il faut être tolérant et bienveillant. Chacun doit pouvoir s’exprimer et il faut faire un atout de ces différences. Les plus réservés peuvent modérer ceux qui veulent aller vite et ceux-ci peuvent motiver les plus réservés ».

Pour l’avenir, tous souhaitent donc continuer à travailler en groupe. Mais les activités pourraient évoluer. Christian, responsable des chèvres, prenant sa retraite dans sept ans, et la chèvrerie ne pouvant rester où elle est pour des questions de voisinage, le Gaec hésite entre investir dans une nouvelle chèvrerie ou arrêter les chèvres. « La conjoncture est porteuse en chèvre et par ailleurs, il est intéressant d’avoir des vaches et des chèvres, car les génisses peuvent valoriser le mauvais foin que l’on ne donne pas aux chèvres. C’est un autre avantage du Gaec qui permet d’être multiproductions. Mais une nouvelle chèvrerie représente un gros investissement, sans être sûr que nous trouverons un nouvel associé intéressé par les caprins. Il serait sans doute plus simple d’augmenter l’atelier vaches laitières ». La décision sera mûrement réfléchie, en groupe et en tenant compte des aspirations de chacun.

Une installation plus facile

L’entrée dans un Gaec a aussi été un élément facilitateur de l’installation pour les quatre associés. « Les montants de reprise sont moins élevés qu’en individuel, souligne Grégory. Et un Gaec peut sortir un revenu dès le premier jour, ce qui est important notamment pour les jeunes qui s’installent et qui en général à cette période ont des besoins élevés liés à la maison, aux enfants ». Un groupe accueillant un nouvel associé doit en revanche lui faire une place qui soit celle qu’il souhaite. « Il doit pouvoir construire son projet et que celui-ci devienne le projet du groupe ».

Dominique Chapolard, secrétaire générale de Gaec et sociétés

« Pour que chacun exploite ses talents »

« Travailler seul, c’est de la folie ! On risque vite de s’essouffler, surtout quand il y a des animaux. Être à plusieurs permet de partager la charge mentale d’une exploitation. À plusieurs, chacun peut se spécialiser dans ce qu’il préfère. Cela permet d’exploiter les talents de chacun avec, par exemple, une personne spécialisée dans l’élevage, une deuxième dans la transformation fromagère et une troisième dans la vente qui demande un certain savoir-être. Être à plusieurs permet aussi de se relayer et d’avoir du temps pour les formations, les loisirs, les vacances ou la famille. Les Gaec peuvent aussi faciliter l’installation des jeunes en transmettant autant le capital que l’expérience. Le Gaec est une structure où un homme est égal à une voix. Lors de l’agrément des Gaec dans les CDOA, nous sommes vigilants à ce que les Gaec entre époux ou les Gaec père-fils respectent bien cette égalité de décision. En s’installant, le fils vient avec son expérience et ses envies et il faut le respecter. »

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