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Indre
Dix ans de lactations longues

Livreur de lait, Bernard Marsault pratique les lactations longues depuis une dizaine d´années et témoigne de son expérience.


Située à Bagneux dans le nord de l´Indre, l´exploitation de Bernard Marsault compte 70 ha de SAU avec deux troupeaux laitiers : 25 vaches et 155 chèvres dont le lait est livré à la laiterie Triballat dans le Cher. "Je pratique les lactations longues sur les chèvres depuis dix ans déjà, c´est-à-dire presque depuis la reprise du troupeau de chèvre de l´exploitation en 1989", explique Bernard. "Dès le départ, j´ai opté pour les lactations longues car je me suis dit que le chevreau était un mal nécessaire pour avoir du lait. Je n´étais pas du tout intéressé par la production de chevreaux de boucherie, et encore moins par les chèvres de réforme. En fait, l´idéal serait d´avoir des chèvres produisant 3 kg de lait par jour et cela 365 jours par an, mais ce n´est qu´un rêve !".
Au départ, certaines lactations longues ont été pratiquées naturellement sur des chèvres qui, n´ayant pas été fécondées, poursuivaient leur lactation avec une bonne remontée de production dans la deuxième phase de la lactation et une persistance satisfaisante. Les mises-bas avaient lieu en novembre-décembre et, en septembre de l´année suivante, les chèvres vides n´étaient pas taries afin de prolonger les lactations jusqu´en juin suivant, ce qui permettait d´avoir des lactations de18 mois.
"Déjà à l´époque, précise Bernard, la laiterie offrait des prix plus élevés en automne-hiver, avec près de 1 F de différence au litre de lait par rapport à la période avril-mai. Il était donc très intéressant de produire du lait d´automne-hiver avec des mises-bas en novembre, et j´ai pratiqué des lactations longues sur 50 % à 70 % de l´effectif du troupeau. Le principe était simple : une chèvre qui n´était pas pleine en juin après IA ou qui n´était pas venue en chaleur n´était pas mise au bouc et passait en lactation longue. L´important pour les lactations longues est que la chèvre ait une bonne persistance de sa lactation. Sur les adultes, après un pic de production à 5 kg de lait en hiver, la courbe de lactation va descendre à 3 kg environ à 10-12 mois. Le problème est d´obtenir ensuite une bonne remontée de la lactation ; certaines chèvres remontent à 4 kg, d´autres vont stagner à 2,5 kg ce qui est moins intéressant. La remontée de lactation n´est pas systématique pour toutes les chèvres".
Objectif un seul lot de reproduction
Aujourd´hui l´objectif visé est d´obtenir un seul lot de reproduction avec des mises-bas en septembre-octobre et, si possible, dès la fin du mois d´août. Cette année, 100 chèvres sur les 150 du troupeau ont mis bas en septembre-octobre, après IA ou saillie par bouc sur chaleurs naturelles induites par photopériodisme.
"Je vais essayer de faire reproduire au maximum avec IA en avril et les chèvres qui ne seront pas fécondées seront prolongées en lactation longue, précise Bernard. Je ne veux pas me priver du progrès génétique obtenu avec l´IA, même si je suis partisan de l´IA sur chaleurs naturelles. Il m´est arrivé d´avoir les 2/3 du troupeau en lactations longues, mais je considère que c´est excessif. D´après mon expérience, la bonne moyenne serait d´avoir 1/3 de lactations longues avec les bonnes laitières qui ne remplissent pas. Dans mon système, la période principale et normale de mise-bas pour adultes et chevrettes c´est septembre-octobre, avec période de rattrapage en mars-avril pour les chevrettes âgées de 18 mois. Ces chevrettes resteront en lactations longues pendant 18 mois".
Une autre particularité de cet élevage en stabulation permanente est la distribution d´une même ration toute l´année, pour toutes les chèvres et chevrettes en production, quels que soient leur niveau et leur stade de lactation. La ration de base comporte 1 kg de MS et par jour d´ensilage de maïs avec 5 à 700 g de foin de fétuque de 2e et 3e coupe, 500 g de luzerne déshydratée et 750 g de concentré composé de céréales et d´aliment du commerce. Pour les chèvres à moins de 2 kg de lait par jour, le concentré est réduit à 350 g.
Une pratique satisfaisante
"Un de mes problèmes, poursuit Bernard, est un taux cellulaire des livraisons de lait qui se situe entre 1 et 2 millions de cellules/ml. De ce fait, la laiterie m´applique une pénalité de 6 centimes par litre de lait. Si le lait livré est inférieur à 750 000 cellules une bonification de 4 c/l est attribuée et une plage neutre, correspondant au prix de base, est appliquée entre 750 000 et 1 million de cellules.
On m´avait affirmé que les lactations longues étaient à l´origine de mon taux cellulaire élevé, mais mes observations sur les taux des laits individuels montrent que cela n´est pas le cas. Certaines chèvres en lactation longue ont des taux cellulaires élevés, d´autres non, tout comme les chèvres réalisant une lactation classique. Mon problème semble plutôt lié à une trop forte concentration d´animaux dans la chèvrerie. Globalement, avec mes dix ans d´expérience, la pratique des lactations longues me satisfait et j´ai l´intention de continuer dans l´avenir de façon volontaire et organisée. La seule contrainte sérieuse, c´est qu´il faut traire toute l´année, et pour certains éleveurs, c´est certainement un frein ! De plus avec ce système on peut garder de bonnes laitières en production mais on risque de se priver de filles des meilleures chèvres. Il faut savoir l´accepter !"

Jean-Claude Le Jaouen

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