Des chevreaux du Rove pour valoriser des terrains en altitude
Dans sa montagne, Benjamin Granet élève des chevreaux sous la mère. Il commercialise 70 chevreaux du Rove en vente directe.
Dans sa montagne, Benjamin Granet élève des chevreaux sous la mère. Il commercialise 70 chevreaux du Rove en vente directe.
« J’ai choisi de produire des chevreaux gras principalement pour m’adapter aux contraintes du territoire, débute Benjamin Granet, éleveur à Puy-Aillaud dans les Hautes-Alpes. À 1 600 m d’altitude, il fallait trouver un compromis pour valoriser à la fois les pâtures aux alentours du village au printemps et à l’automne, les alpages l’été, et le foin pendant l’hiver qui dure d’octobre à avril. » Pour cela, l’éleveur a décidé de travailler avec des chèvres du Rove. Elles produisent un lait de bonne qualité sans avoir de mamelles trop encombrantes pour assurer le bon déplacement des animaux dans son parcellaire morcelé. Il ne voulait pas produire de moutons, comme beaucoup de collègues de la région et ne se voyait pas astreint par un atelier de transformation fromagère.
« Déjà, de l’époque de mon père, il y avait quelques chèvres qui étaient élevées pour les chevreaux sur la ferme. Ce système me convenait bien et je l’ai développé. » Lors de son installation en 2011, Benjamin a construit un bâtiment pouvant accueillir 65 chèvres et 70 chevreaux. Le bâtiment a d’ailleurs été orienté en fonction de l’ensoleillement car l’éleveur a le projet de l’équiper de panneaux solaires. Moniteur de ski l’hiver, Benjamin tire un faible revenu complémentaire de son activité d’élevage et rembourse l’emprunt effectué pour la construction de son bâtiment.
Des croisements sauvages avec des bouquetins
Les chèvres y mettent bas au mois de février et restent avec les chevreaux jusqu’au mois d’avril. Elles sont alimentées avec du foin de montagne, de la luzerne et de l’orge que l’éleveur achète à Gap. « Il faut veiller à ce que l’adoption du chevreau par la mère se fasse bien, explique-t-il. Cela peut poser problème lorsqu’une mise bas se passe mal et que l’on perd la chèvre. Il faut alors trouver une nourrice ou nourrir nous-même les chevreaux orphelins au biberon. »
À partir de juin, les chèvres et leurs chevreaux partent en alpage 400 m plus haut dans la montagne. Benjamin monte une fois par semaine pour s’assurer que tout se passe bien et porter du sel aux bêtes. Il profite de cette période pour réaliser les foins. « Il m’est arrivé de retrouver des bouquetins dans mon troupeau de chèvres, le mâle ayant chassé mon bouc ! C’est ce qui se passe dans ce territoire situé dans le parc national des Écrins. Cela m’a donné des chèvres au lait plus gras avec une tête plus large », sourit l’éleveur.
De la viande de chevreau vendue aux locaux, aux touristes et à la restauration collective
Benjamin Granet peut compter sur l’abattoir de Guillestre, à une trentaine de kilomètres, pour abattre et découper ses chevreaux. « C’est un abattoir collaboratif dans lequel je m’occupe moi-même de la découpe et de la mise en caissette. » Les animaux partent en trois vagues successives étalées sur les mois de septembre et d’octobre pour réduire la charge de travail. Une fois sous vide, les chevreaux pèsent entre 7 kg et 14 kg et sont vendus en direct à 15 €/kg. « Les anciens mangeaient tous du chevreau dans la vallée quand ils étaient jeunes. J’ai aussi une clientèle de familles et quelques touristes qui sont des habitués. Les gens sont ravis de pouvoir se fournir directement chez l’éleveur d’une viande que l’on ne trouve pas en grandes surfaces. »
Benjamin travaille aussi avec la Fondation Edith Seltzer qui valorise les producteurs locaux auprès de la restauration collective de la vallée de Serre Chevalier. Le chevreau est servi aux patients en rééducation du centre Rhône-Azur de Briançon et aux enfants des cantines de la ville.
Un abattoir de proximité géré par les éleveurs
Repris en 2016 par des éleveurs regroupés en société coopérative d’intérêt collectif suite au dépôt de bilan de l’entreprise qui l’exploitait, l’abattoir des Hautes Vallées regroupe 63 éleveurs du nord des Hautes-Alpes et de l’Ubaye. Ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui assurent le fonctionnement de l’abattoir. L’ensemble des exploitants-utilisateurs est situé à moins de 50 km. Cela permet de développer une image plus positive auprès des consommateurs, tout en assurant aux éleveurs un service de proximité.