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« Dans notre élevage de chèvres, communiquer est la clé de la réussite de notre Gaec à cinq »

L’organisation du travail et le dialogue entre les associés sont au cœur du fonctionnement du Gaec Roux de l’Âne vert dans la Vienne.

Au Gaec Roux de l’Âne vert, le vendredi, c’est déjeuner entre associés. Seuls les impératifs des travaux des champs, mises-bas ou les vacances rompent cette habitude prise à la suite d’une suggestion de leur conseiller de gestion. Alexandre, Benoît, Philippe et Pascal Roux et Yann Guiet sont les cinq associés du Gaec créé il y a trois générations au lieu-dit L’Âne vert à Sossay, dans la Vienne. Cinq associés pour cinq ateliers : caprin, transformation fromagère, cultures, vaches laitières et porcin.

« Nous ne voulions pas que chacun d’entre nous gère son atelier sans communiquer avec les autres, souligne Alexandre Roux. Mais nous avons peu de temps pour parler au cours de la semaine. Le vendredi midi est le moment privilégié pour gérer une bonne partie de l’organisation quotidienne de l’exploitation, et cela maintient le lien entre nous. Nous y discutons du programme de la semaine à venir, des projets aussi. C’est un moment vraiment important dans la gestion de l’exploitation. Et nous sommes tous liés. La transformation fromagère est le cœur de l’exploitation. À l’atelier caprin, je dois produire du lait de qualité et prévenir Benoît de tout changement qui pourrait affecter les fabrications. À l’inverse, lui m’avertit s’il détecte des modifications dans la qualité du lait. Le dialogue est permanent.​​ »

Onze salariés et apprentis à encadrer

Tous les projets sont réfléchis à cinq et les salariés participent aux réflexions. Et lorsque le conseiller de gestion présente les résultats, tous les associés sont présents.

En 2023, avec neuf salariés et deux apprentis, les cinq associés élèvent 700 chèvres, 140 vaches laitières et 120 truies naisseur-engraisseur, sur 300 ha de SAU. L’exploitation créée par les grands-parents d’Alexandre Roux a bien évolué. S’il y avait déjà des vaches laitières, des chèvres et des poules, la vente du lait et des œufs se faisait via le porte-à-porte, en camionnette. La génération suivante, celle des parents d’Alexandre, Benoît et Yann, a créé le Gaec en 1983, entre cinq cousins et cousines. Ils ont développé la transformation fromagère et commencé à démarcher les grandes surfaces du département alors que le démarchage était en perte de vitesse. C’est alors que l’atelier porcin a été créé, 100 % plein air, une nouvelle activité valorisant aussi le petit-lait de la fromagerie.

Sur les neuf salariés et deux apprentis, trois sont attachés à l’élevage des chèvres, six à la fromagerie, un aux cultures et un aux vaches laitières.

« En fromagerie, nous avons une équipe stable. Les horaires de travail sont plus faciles à gérer. C’est souvent compliqué de trouver des personnes déjà formées. À nous d’accompagner les jeunes motivés. Et si nous voulons conserver nos salariés, nous devons assurer un confort de travail. La salle de traite est un des premiers points à améliorer chez nous. L’objectif est d’installer un roto d’ici à septembre 2024 pour gagner en temps de traite (2 h 30 aujourd’hui) et réduire la pénibilité sur ce poste », explique Alexandre.

Protocoles écrits et simples

La transmission des consignes se fait bien sûr à l’oral, mais aussi via des tableaux en salle de traite, au niveau des aires paillées, en nurserie. « Quand je pars, je vois le planning de la semaine avec les salariés et un des associés est leur référent en cas de question ou de problème. C’est l’avantage d’être cinq », souligne Alexandre.

« Nous avons aussi mis en place un code couleur avec des colliers pour identifier les chèvres, précise-t-il. C’est très efficace. Plusieurs tableaux positionnés aux endroits stratégiques donnent les informations nécessaires pour la distribution des rations, les consignes en salle de traite, en nurserie… Avec des protocoles écrits, simples et clairs pour faciliter la transmission aux salariés comme aux associés. »

Plusieurs groupes Whatsapp entre associés et avec les salariés facilitent aussi la communication.

Stimulant de former des jeunes

« Nous avons tous les trois travaillé dans d’autres exploitations ou d’autres secteurs d’activité avant de nous installer. C’est un point fort dans la gestion et le management des salariés », développe Alexandre.

Côté astreinte, chaque salarié fait une permanence chaque mois dans son atelier. Le week-end débute le samedi à 15 heures, jusqu’au dimanche soir 19 heures, avec une coupure le dimanche de 12 heures à 15 heures.

« Une exploitation comme la nôtre ne pourrait pas fonctionner sans salariés, la dimension humaine est importante. Même si ce n’est pas toujours simple à gérer. C’est aussi stimulant de transmettre notre passion à des jeunes, de les former », conclut-il.

Des projets pour consolider l’exploitation

Aujourd’hui, deux générations gèrent l’exploitation et sont à la croisée des chemins. Les retraites prochaines de Pascal (en septembre) et Philippe (d’ici à 4 ans) Roux ont suscité de nombreuses réflexions. Les trois cousins ont décidé de cesser l’atelier vaches laitières. Un choix difficile.

90 % du lait de chèvre et 20 % du lait de vache sont actuellement transformés à la ferme, le reste est livré à Agrial. Le bâtiment des laitières jouxtant celui des chèvres, ce sera l’occasion d’agrandir les aires paillées et d’augmenter légèrement le cheptel caprin pour compenser le lait de vache qui ne sera plus transformé.

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