Climat, et si nous étions déjà demain ?
L'année 2022 a été marquée par une pénurie en eau causée par de faibles précipitations. L'absence de pluie a eu de multiples conséquences : les récoltes ont été menacées, les rivières à sec et les incendies de forêt se sont multipliés. Il n'y a plus de climato-sceptiques en agriculture, mais le changement climatique va tellement vite que les références à l'adaptation ne suivent pas.
L'année 2022 a été marquée par une pénurie en eau causée par de faibles précipitations. L'absence de pluie a eu de multiples conséquences : les récoltes ont été menacées, les rivières à sec et les incendies de forêt se sont multipliés. Il n'y a plus de climato-sceptiques en agriculture, mais le changement climatique va tellement vite que les références à l'adaptation ne suivent pas.
L’année 2023 démarre sous la pluie et dans une douceur hivernale extraordinaire. Elle clôt une année 2022 qui va nous laisser un souvenir amer en matière de météorologie. Celle-ci a été marquée par une suite d’anomalies climatiques tout au long des saisons, avec des écarts à la normale totalement inédits. En effet, 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début des relevés en 1900, avec une température moyenne annuelle de 14,5 °C. Tous les mois de l’année ont été plus chauds que la normale, à l’exception de janvier et avril.
Quant à la pluviométrie, l’année passée a été marquée par un déficit persistant. La sécheresse des sols est l’une des plus longues et des plus étendues en France métropolitaine : elle a débuté dès le mois de mars, a duré huit longs mois et a concerné les trois quarts du territoire. Sur l'ensemble de l'année 2022, le déficit de précipitations atteint 25 % en moyenne par rapport à la normale, allant jusqu’à 90 % certains mois.
Notre premier réflexe est de se dire : « oublions 2022, passons à 2023 qui va revenir à la normale ». Mais si 2022 était l’archétype du nouveau climat actuel et non celui du futur ? Sans aucun doute, tous les agriculteurs français ont pris pleinement la mesure de l’enjeu de l’adaptation de leurs pratiques agricoles aux changements climatiques. Les techniques d’esquive ou d’évitement, permettant de décaler le cycle végétatif de la plante aux périodes de stress hydriques maximales sont déjà souvent mises en œuvre, pouvant aller jusqu’à un remplacement de productions. Les techniques de réduction du travail du sol et de couverture permanente de celui-ci, permettant de préserver son hygrométrie, sont désormais connues, mais pas encore suffisamment mises en application. Quant à la voie génétique de tolérance au stress hydrique, un pan entier de la recherche reste à découvrir.
Tous les instituts techniques agricoles, les instituts de recherche et les entreprises de l’amont agricole sont mobilisés sur le sujet, et les agriculteurs eux-mêmes sont sources de solutions. Mais l’année 2022 a pris tout le monde de court. Les références ne viennent pas assez vite. On parlait du climat à 2050, puis à 2040, puis à 2030… Peut-être faut-il se faire à l’idée que nous sommes déjà demain et agir en conséquence.
Nous vous invitons à débattre de la problématique de l'eau dans le cadre des Controverses de l'Agriculture et de l'Alimentation le 16 février à Paris. "La guerre de l'eau a-t-elle démarré ?"
Nicole Ouvrard
Directrice déléguée d'Agra