Le 18 décembre dernier, vous avez signé officiellement un contrat portant sur une filière bovins label rouge avec Bigard et Auchan. Qui est concerné (race, catégorie…) ?
Yves Carpentier – Ce contrat s’adresse aux quatre races présentes dans les deux régions administratives que couvre notre coopérative : la Blanc bleu, la charolaise, la limousine et la Blonde d’Aquitaine, avec leur ODG (organisme de défense et de gestion) respectif et leur cahier des charges spécifique. Cette démarche vise vaches et génisses. Elle pourrait s’appliquer aux bœufs si la demande existait. On vend des animaux entiers aux abatteurs, en partenariat avec le distributeur. Ce dernier travaille généralement sur la carcasse entière ou la carcasse sans les Capa (plats de côtes).
Au 1er mai, on compte 90 éleveurs qualifiés et 20 en attente de qualification. Au démarrage, en mars 2020, notre coopérative a adressé un courrier aux éleveurs allaitants des quatre races concernées pour qu’ils se manifestent si la démarche les intéressait.
D’autres éleveurs se sont montrés curieux ?
Y. C.- Dans la région, il existe deux facteurs limitants en lien avec le cahier des charges. Le premier touche le taux de chargement à l’hectare de 4 UGB à l’hectare ou celui de 30 ares de prairies permanentes par UGB. On se trouve dans une région où la production s’effectue avec un chargement élevé. La présence de nombreux troupeaux mixtes lait/viande représente également un frein du fait qu’il n’est pas toujours aisé de gérer la séparation de l’aliment.
Où en sont les ventes ?
Y. C.- L’objectif de départ était de commencer les approvisionnements à la rentrée de septembre 2020 même si la signature officielle n’est intervenue qu’en décembre. La Covid-19 a entraîné du retard. Aussi, sur les six premiers mois, on comptabilise 400 animaux tués sous cette démarche. Mais depuis avril on a atteint notre rythme d’abattage recherché à savoir, 20 animaux par semaine. On peut donc raisonnablement penser atteindre l’objectif des 1 000 bêtes par an sans signature de nouvelle filière.
Notre client est aujourd’hui satisfait. Toutefois, sa demande avance plus rapidement que notre mise en marché en raison du délai de carence de quatre mois. La viande est commercialisée dans les rayons boucheries traditionnelles.
Est-ce que cela se traduit par une amélioration de la rémunération des éleveurs ?
Y. C.- Pour la première année, nous sommes partis sur un prix net éleveur déterminé à l’année, pour chaque race. Ce fonctionnement a plu aux éleveurs, on compte donc renouveler l’opération pour 2022. Selon les races, on atteint une plus-value de 12 à 13 % par rapport aux cotations FranceAgriMer, soit 40 à 50 centimes d’euro au kilo. Par ailleurs, la coopérative assume les frais additionnels pour la qualification label rouge.
Quelles sont les évolutions prévues ? Avez-vous d’autres partenariats en vue ?
Y. C. – Ce premier contrat est issu d’un travail initié il y a plus de 18 mois pour deux filières label rouge et développé selon les attentes de deux clients, une filière Auchan/Bigard et une Carrefour/Elivia. Si pour Auchan, le contrat tripartite a déjà été conclu, on continue d’avancer pour démultiplier ce partenariat sur les autres départements de notre zone de chalandise. Du côté de Carrefour, la signature du contrat tripartite n’est pas encore effective mais on l’espère prochaine. Des animaux label rouge sont commercialisés depuis octobre 2020. Ce contrat concerne des magasins Carrefour des Hauts-de-France et de la région parisienne. Mais notre objectif reste avant tout de garder une implication régionale forte.
« On a pris le parti de s’engager rapidement, quitte à corriger par la suite les détails »