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Une rémunération possible des éleveurs pour les efforts fournis en matière de réduction de l’empreinte carbone

Les webinaires d’automne de l’Institut de l’élevage ont été l’occasion de faire un point sur le plan carbone de la filière viande bovine ainsi que sur la labélisation des réductions d’émissions de GES et sur le premier contrat engagé.

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© C. Delisle

Interbev et l’Institut de l’élevage se sont engagés depuis de nombreuses années à répondre aux nouveaux enjeux de durabilité des élevages, en essayant de mieux identifier GES, leviers de réduction des émissions et stockage carbone. Ce travail s’est concrétisé fin 2015 avec le lancement du programme de recherche de la filière viande bovine, Life Beef Carbon. Projet visant à diminuer de 15 % l’empreinte carbone de la viande bovine dans 4 pays européens (France, Espagne, Italie et Irlande).

« Les premiers résultats montrent qu’en améliorant les performances environnementales des exploitations bovines, l’élevage renforce aussi ses performances économiques et augmente sa compétitivité », rapporte Josselin Andurand de l’Institut de l’élevage. Les premiers diagnostics ont également permis de quantifier la compensation carbone assurée par les haies et les prairies. Elle est évaluée à un tiers des émissions brutes de GES compensées. La réalisation d’un diagnostic a pour but principal de permettre à l’éleveur de communiquer positivement sur la situation vertueuse de son exploitation et de s’engager dans une démarche de progrès. Pour y parvenir, tout un travail a été engagé avec différents conseillers. Il a conduit à définir un potentiel d’améliorations susceptibles de réduire ses sources d’émissions et de favoriser le stockage. Elles concernent l’optimisation technique de l’élevage pour atteindre un certain niveau de productivité et/ou limiter le nombre d’animaux improductifs, la valorisation des fumiers et lisiers et la gestion des effluents, la progression de l’autonomie fourragère, la production d’énergie et enfin le stockage de carbone dans les sols et la biomasse.

 

Un potentiel d’améliorations existant

 

 Pour chaque catégorie de leviers, des fiches présentant leurs intérêts technico-économiques sont actuellement en production. Sur les 120 fermes innovantes, le potentiel moyen de réductions des émissions nettes s’élève à – 12 %. « Chiffre certes en dessous des 15 % recherchés, mais à relativiser, car associé aux exploitations de base déjà très impliquées. Il laisse ainsi présager de l’atteinte de l’objectif final » souligne Mathieu Velghe de l’Institut de l’élevage et de préciser « il n’existe pas de solutions standard. Les leviers sont dépendants de chaque élevage et ne sont pas déconnectés du fonctionnement de l’exploitation. Il est essentiel de faire du cas par cas. »

 

 Alors que le projet s’achève, « l’enjeu est désormais centré sur la construction d’une stratégie environnementale qui s’inscrit dans la perspective de produire une viande acceptée par le consommateur et qui rémunère correctement chaque maillon de la filière », souligne Guillaume Gauthier, éleveur en Saône-et-Loire et référent environnement à Interbev.

 

 

 

Lire aussi : « Des dérobées pour améliorer le bilan environnemental »

 

Valoriser économiquement ces gains de carbone évités

« La finalité de ce travail était de pouvoir comptabiliser les réductions, de les certifier et éventuellement les mettre en vente via un mécanisme de crédit carbone », souligne Mathieu Velghe.

 En novembre 2018, le Ministère de la Transition écologique et solidaire a déposé un label bas carbone qui est en quelque sorte un cahier des charges. Différents secteurs d’activités, entreprises, associations peuvent déposer un projet permettant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et d’augmenter leur absorption sur le territoire français. La filière élevages a quant à elle répondu par la terminologie Carbon Agri(1). Ainsi, depuis 2020, les éleveurs ont la possibilité de faire certifier des initiatives de réduction de l’impact carbone de leur exploitation et d’émettre des crédits carbone qu’ils vendent à des entreprises ou collectivités souhaitant compenser leur production de CO2, par le biais d’un contrat d’une durée de cinq ans, renouvelable. La comptabilisation des GES évités grâce à la mise en place d’une ou plusieurs pratiques d’élevages et/ou culturales est obtenue par la réalisation d’un diagnostic Cap’2ER niveau 2 en début et en fin de projet.

 

Lire aussi : Carbon Agri pour une viande bas carbone rémunérée

 

France Carbon Agri Association coordonne la rencontre des différents acteurs

« Répondre seul et/ou trouver les bons interlocuteurs n’est pas toujours évident pour un éleveur. Aussi, de manière à faciliter la mise en place en France de projets de réduction, les représentants des fédérations nationales d’éleveurs de ruminants (FNPL, FNB, FNO et FNEC) ont créé l’association France Carbon Agri Association (FCAA). Elle se présente comme l’interface entre l’Etat, les acheteurs, les organismes de conseils et les agriculteurs pour porter des projets locaux ou nationaux et assurer l’ingénierie de projet, la gestion administrative et la recherche de financeurs », explique Jean-Baptiste Dollé.

Des critères d’éligibilité existent pour vendre les crédits carbone. A savoir, le suivi d’un référentiel (à travers du label bas carbone), la mise en place de pratiques additionnelles à travers un plan d’actions, une permanence des économies de CO2 et une vérification par un auditeur indépendant.

(1) Carbon Agri est une méthodologie permettant de certifier les réductions d’émissions de GES et le stockage carbone additionnel en agriculture. Elle a été développée par l’Institut de l’Elevage, les interprofessions lait et viande (CNIEL, INTERBEV) et la Confédération Nationale de l’Elevage en partenariat avec I4CE

 

Lire aussi : Tendre vers une viande zéro carbone

 

Le premier contrat de vente de carbone agricole apporte aux éleveurs une rémunération de 30 € la tonne de CO2 évité

Le premier appel à projets, intervenu début 2020, rassemble 22 porteurs de projets et 391 éleveurs, pour un potentiel de réductions de 71 000 tonnes de CO2. A date, plusieurs financeurs privés et publics ont déjà contractualisé avec FCAA, tels que la Caisse des Dépôts et Consignations, le groupe Kering, la société GSF… Tout au long du parcours, l’éleveur sera suivi. La rétribution interviendra pour partie en milieu de projet (40 %), le solde sera versé à l’échéance, sur la base des résultats délivrés par le diagnostic de sortie. Pour ce premier appel à projet, la tonne équivalent CO2 évité a été négociée à 30 € rendu éleveur.

Le second appel à projets a déjà été lancé avec environ 300 dossiers dont 80 de producteurs de viande. L’objectif est d’en lancer deux par an.

250 à 300 tonnes de CO2 évité pour une exploitation bovins viande moyenne française

Pour une exploitation bovins viande moyenne française, si on se base sur les 12 % de potentiel de réductions de l’empreinte carbone obtenus à travers le projet life beef carbon, on estime des gains éventuels entre 250 et 300 tonnes équivalent CO2.

En se replaçant sur un cas concret d’une ferme suivie dans le programme life beef carbon (90 vêlages charolais avec engraissement de jeunes bovins, 280 PBVV/UGB et 900 kg de concentrés par UGB) avec un plan d’actions à moins 12 % de GES, on est sur un gain d’EBE de 4000 € par an et une réduction de 450 t eq. CO2 sur cinq ans. A 30 € la tonne, cela représente une rémunération de 13 500 € sur cinq ans, soit 2 700 € par an.

 

L’empreinte carbone de l’élevage c'est :

  • 5 % de l’empreinte d’un consommateur français est lié à la viande

  • ce n’est pas du carbone fossile

  • secteurs aux émissions stables

  • 1/3 des émissions brutes de GES d’un élevage bovins viande est compensé par le stockage carbone des haies et prairies

  •  d’autres impacts environnementaux positifs

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