« Une niche fiscale verte au nom de la souveraineté alimentaire »
Pour Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et président de la section bovine d’Interbev, la mesure de défiscalisation annoncée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 6 octobre au Sommet de l’élevage, vient en appui des engagements déjà pris pour améliorer le revenu des éleveurs. Pas question de relâcher ses efforts donc, sur l’application des lois EGAlim et le développement de la contractualisation.
Pour Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et président de la section bovine d’Interbev, la mesure de défiscalisation annoncée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 6 octobre au Sommet de l’élevage, vient en appui des engagements déjà pris pour améliorer le revenu des éleveurs. Pas question de relâcher ses efforts donc, sur l’application des lois EGAlim et le développement de la contractualisation.

« Afin de préserver notre souveraineté alimentaire et de conserver notre capacité à proposer une viande issue de systèmes durables au consommateur, il nous paraissait logique que les éleveurs bovins n’aient pas à subir un alourdissement artificiel de la fiscalité due à la seule augmentation de la valeur des vaches. Les discussions autour d’une "niche fiscale verte" ont été mises sur la table, lorsque nous avons vu le nombre d’exploitations impactées par le poids croissant des taxes en raison de l’inflation. Nous pouvons renouer avec une dynamique de croît de cheptel seulement si nos coûts de production suivent.
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Cette initiative fiscale forte contribue à favoriser l’attractivité du métier d’éleveur, sans tout faire reposer sur le consommateur final, et soutient la compétitivité de l’amont de la filière. Elle constitue par ailleurs une reconnaissance de la durabilité du modèle d’élevage français. En effet, malgré les injonctions contradictoires, la filière Élevage et Viande a su prouver, par des arguments solides et objectivés, qu’elle pouvait répondre aux objectifs de réduction de 5 millions de tonnes équivalent CO2 des émissions de gaz à effet de serre sans réduire le nombre de vaches présentes dans l’Hexagone. Et au regard des nombreux atouts de l’élevage bovin en faveur de l’environnement, l’État doit convaincre les banques de l’intérêt, sur le long cours, de dédier des investissements "verts" à ce secteur.
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Les efforts doivent se poursuivre pour assurer un meilleur revenu aux éleveurs
Pour autant, ces mesures de soutien ne doivent pas nous faire perdre de vue l’enjeu primordial de garantir une juste rémunération des acteurs de la filière. L’interprofession, appuyée par les instituts techniques, a beaucoup œuvré pour donner une meilleure visibilité du marché aux éleveurs, avec l’instauration de méthodes de calcul et d’indicateurs de référence pour l’établissement de leurs contrats. À l’État de prendre aussi sa part de responsabilités pour faire respecter les lois EGAlim. Rappelons-le, la mise en place de la contractualisation, bien que récente, est le principal outil stratégique pour sécuriser et donner des perspectives à long terme aux producteurs. »