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Une meilleure résilience des fermes de polyculture-élevage les plus couplées

La complémentarité entre cultures et élevages améliore sur le long temps les performances économiques et environnementales des exploitations de polyculture-élevage les maximisant et ce, sans impact flagrant sur le travail.

paysage polyculture élevage
© C.Delisle

La spécialisation des exploitations en cultures ou en élevage et les politiques de développement de l’agriculture ont contribué au recul continuel des systèmes de polyculture-élevage (PCE) depuis les années 1970. « Pourtant reconnues pour leurs bénéfices potentiels (agronomiques, zootechniques…), les informations disponibles sur ces structures sont souvent partielles. Ainsi, pour contribuer à une analyse plus globale de ces systèmes, un projet — nommé Red Spyce — comme (résilience, efficacité, durabilité dans les systèmes de polyculture-élevage, a été initié en 2016 », explique Pierre Mischler de l’Institut de l’élevage et coordinateur du projet.

Trois bases de données de partenaires du projet (Inosys, Inra Charolais, Civam) ont été analysées sur une longue période (2000 à 2016) représentant au total 1 190 fermes en polyculture-élevage ayant un atelier bovins lait ou viande, ovins viande ou lait et caprins, conventionnel ou biologique. Sur ces exploitations, un score de couplage – utilisation plus ou moins importante des flux de matière entre ateliers (cultures autoconsommées, utilisation du fumier pour les cultures…) – a été calculé permettant de répartir les fermes en trois niveaux de complémentarités cultures-élevage : faible (357 fermes), moyen (476) et élevé (357). « En bref, une ferme en couplage fort par comparaison à une faiblement couplée mobilise, en tendance, davantage les surfaces de cultures intraconsommées, est plus autonome en concentrés et en paille, avec plutôt plus de prairies et/ou mieux valorisées. Ces systèmes recourent moins au maïs fourrage et sont moins dépendants d’achats d’engrais minéraux grâce à un meilleur recyclage des effluents et une mobilisation accrue de légumineuses. »

 

Evolution du résultat courant/UMO en système allaitant polyculteur herbager

 

2016, une année d'autant plus mauvaise que le couplage élevage/cultures est faible

 

Un couplage élevé permet une meilleure efficacité économique…

Une des premières conclusions de l’étude Red Spyce montre que des interactions cultures/élevage plus élevées permettent de renforcer la résilience des fermes. Le résultat courant par UMO exploitant (RC/UMOe) est plus stable au fil des années pour les exploitations maximisant les complémentarités cultures-élevages. Plus économes, les systèmes fortement couplés mobilisent davantage la ressource herbagère et sont moins sensibles à une conjoncture défavorable. « Les élevages les moins couplés font parfois d’excellentes performances économiques sur le court terme quand les prix de vente sont élevés, alors que les plus couplés dégagent un résultat économique équivalent sur une durée longue (17 ans pour l’étude), plus régulier et moins souvent négatif, offrant ainsi une meilleure visibilité. Ce résultat est d’autant plus intéressant que le potentiel productif des fermes avec le plus de complémentarité cultures-élevages est plus limité », souligne Pierre Mischler.

Les systèmes bovins viande les moins couplés se fragilisent au fil du temps. Leur efficacité économique (EBE/PB) décroît un peu plus fortement que les fermes en couplage élevé (respectivement : -16 % et -12 %). En cause un accroissement plus rapide des charges opérationnelles et des charges de structure déjà initialement plus importantes. « C’est particulièrement net pour les charges par hectare de matériel dont l’alourdissement se renforce depuis 2007, date à laquelle les prix des cultures ont commencé à grimper. Cette hausse des investissements s’explique probablement par une recherche de défiscalisation. Celle-ci accentue la fragilité des systèmes moins couplés où les amortissements, déjà plus élevés, augmentent de manière plus rapide et amplifient l’effet négatif du retournement de la conjoncture depuis 2012. On a également montré qu’en couplage faible c’est là où l’on gagne le moins. Aussi, une meilleure complémentarité cultures-élevages représente un amortisseur contre l’aléa économique et météorologique. »

…et environnemental sur le long terme

Des interactions élevées entre végétaux et animaux permettent également d’obtenir de meilleures performances environnementales : bilan azote par hectare plus faible (- 62 % d’excédent d’azote), utilisation moindre de phytosanitaires par hectare sur les cultures (- 27 % de charges phytos) et frais en carburants plus limités (- 40 % de carburant consommé), du fait d’une meilleure autonomie en alimentation et en fertilisation. De plus, la mise en place de cultures pour l’autonomie protéique de l’exploitation permet, en même temps, d’allonger les rotations et de fixer l’azote atmosphérique. On observe également « une meilleure résilience aux aléas climatiques. Au contraire, les exploitations avec un faible couplage affichent une autonomie plus faible en concentrés et subissent des dépenses plus importantes en fourrages. Aussi, le couplage réduit l’usage de ressources non renouvelables et les impacts négatifs sur l’environnement. Au final, il représente un moyen en plus d’accroître la résilience économique des fermes. »

Pour en savoir plus : idele.fr

Promouvoir les systèmes de polyculture-élevage

Le projet Casdar Red Spyce vise à améliorer les performances des exploitations de polyculture élevage (PCE) de ruminants par la production de références nouvelles et d’outils d’accompagnements des agriculteurs, tout en prenant en compte les conditions de travail. Initié par l’Acta et l’Institut de l’élevage, en collaboration avec divers organismes de développement, ce projet est centré sur l’échelle de l’exploitation agricole et concerne six régions françaises (Normandie, Hauts-de-France, Pays de la Loire, Occitanie et Grand Est). Il a démarré en janvier 2016 pour s’achever en juin 2019.

Ce programme est issu des travaux du réseau mixte technologique sur les systèmes de polyculture-élevage (RMT Spyce). Il a été créé pour répondre à la nécessité de fédérer les acteurs de la recherche-formation-développement dans une action collective pour qualifier et soutenir les systèmes PCE dans les territoires et favoriser des apprentissages spécifiques à la PCE.

Définition

Coupler C’est intensifier les flux de matière entre ateliers, reboucler les cycles de production.
Résilience En économie, c’est la capacité à encaisser les chocs et à revenir sur sa trajectoire de stabilité ou de croissance.

La question du travail a également été abordée afin d’évaluer la durabilité sociale des exploitations de polyculture-élevage et l’effet du couplage sur le travail.

Accroître le couplage est neutre en termes de vivabilité du travail

Des enquêtes qualitatives dans 57 exploitations bovins lait-viande et ovins ont été conduites, suivies de réunions participatives afin de mieux comprendre comment les agriculteurs vivent la polyculture élevage (PCE).

« Il est communément admis que le travail en polyculture élevage est complexe. Les résultats des travaux menés dans ce projet montrent que nombre d’agriculteurs ont construit des systèmes équilibrés pour lesquels l’intensité du travail est ressentie comme raisonnable. Il ne faut toutefois pas éluder les difficultés potentielles, même si elles ne sont pas toujours propres aux fermes de PCE, elles sont accrues par le nombre d’ateliers à gérer. Les problèmes rencontrés dépendent davantage de l’organisation que du type de système ou du niveau de couplage entre cultures et atelier animal."

Une répartition du travail régulière

"En effet, les systèmes les plus couplés n’ont pas forcément plus de travail que ceux moins couplés. Au contraire, les fermes les plus couplées présentent, dans de nombreux cas, une intensité du travail moindre et une qualité de vie meilleure », souligne Pierre Mischler. Il est possible de développer des synergies animaux-végétaux. Les exploitations à dominante herbagère semblent par ailleurs avoir une intensité de travail moins forte que celles à dominante cultures.

Travailler en PCE revêt des avantages du point de vue des éleveurs. Pour eux, la répartition du travail est régulière et présente un atout pour employer un salarié occupé toute l’année, le traitement des surfaces est optimisé grâce à la maîtrise des maladies-adventices par la rotation…

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