Un retour au calme peu probable en 2016 sur le marché turc
Marché extrêmement politique, la Turquie a cependant permis de tenir les prix du maigre l’an dernier. Quelles sont les perspectives pour la prochaine campagne ?
Marché extrêmement politique, la Turquie a cependant permis de tenir les prix du maigre l’an dernier. Quelles sont les perspectives pour la prochaine campagne ?
En 2015, 80 500 broutards nés en France ont été vendus pour la Turquie. Sans la réouverture de ce marché d’ici l’automne pour les animaux vaccinés contre la FCO, une baisse des prix du broutard est possible. « Sur la Turquie nous avons à notre échelle tout essayé. Désormais, ce n’est plus un problème technique ou sanitaire, c’est un problème politique. Avec ce pays, les discussions relatives aux échanges commerciaux font l’objet de chantages, lesquels relèvent désormais du Président de la République, de la Chancelière Allemande et du Président de la Commission européenne » expliquait Jean-Pierre Fleury, président de la FNB début juin. Étant donné justement l’importance des évènements politiques qui se déroulent dans cette zone géographique actuellement, il est fort possible que le broutard français ne constitue pas un dossier prioritaire. Il semblerait d’autre part que la filière uruguayenne du broutard bénéficie d’un lobbying efficace par rapport à la filière européenne.
Une réforme du système d’appels d’offres
Une certaine pénurie en viande bovine se fait cependant sentir dans le pays actuellement. « Au total 150 000 broutards ont été importés en Turquie en 2015 alors que de 200 000 à 500 000 selon les sources seraient nécessaires pour couvrir les besoins » explique Germain Milet de l’Institut de l’Elevage. « Les pouvoirs publics poursuivent une gestion à vue du marché de la viande bovine. Les appels d’offres pour de la viande bovine qui sont lancés portent sur des volumes très faibles (10 000 téc) par rapport aux besoins colossaux. » Une réforme des appels d’offres a d’ailleurs été entreprise. L’ESK, office turc du lait et de la viande et compagnie d’état, serait désormais seul à pouvoir importer des bovins vivants à droits de douane réduits (droits à 15 %) quand les importateurs privés paieraient des droits de 60 %. Ceci pourrait apporter de la fluidité au fonctionnement des importations, mais aussi casser la concurrence entre opérateurs et empêcher les prix de monter. La mise en place de ce nouveau système d’appel d’offres demeure malgré tout floue en ce début d’été. Et les opérateurs hésitent fortement à mettre des animaux en quarantaine en prévision d’une éventuelle prochaine réouverture aux animaux vaccinés contre la FCO.
Des effets sur la filière bovine française
Outre son effet sur le prix du broutard, la santé du débouché turc a d’autres conséquences sur la filière bovine française. « Le marché turc fonctionne de façon indépendante à la demande en jeunes bovins finis de l’Europe du Sud. Ceci a eu pour conséquence inédite en 2015 de supprimer la corrélation en France entre prix du maigre et prix du jeune bovin fini » explique Olivier Paillon, directeur de Bovineo. D’autre part, la fermeture du marché turc au bassin allaitant pour cause de FCO fait des éleveurs de l’Ouest des vendeurs potentiels de broutards. Même s’il est impossible de prévoir l’évolution du zonage FCO.