Êtes-vous déjà rentrée dans un élevage de vaches allaitantes ?
Brigitte Gothière - "Non, jamais."
Pensez-vous que les éleveurs maltraitent leurs vaches et leurs veaux ?
B. G. - "Nous ne disons pas que les éleveurs passent leur temps à maltraiter leurs animaux. Nous disons que, structurellement, notre société se comporte de façon cruelle avec les animaux. Nous ne stigmatisons pas les éleveurs, les ouvriers d’abattoir ou les transporteurs mais nous essayons de montrer ce qui est fait aux animaux pour que notre société dans son ensemble, y compris les gens qui vivent de l’exploitation des animaux, reconnaisse que ce n’est plus acceptable."
Souhaitez-vous réellement éradiquer à terme toute forme d’élevage pour la production de viande ou de lait destiné à l’alimentation humaine en France ?
B. G. - "Oui bien sûr. À partir du moment où notre civilisation n’a absolument besoin ni de viande ni de produit d’origine animale et que nous pourrions vivre en bonne santé sans recourir à ces produits, il n’y a pas de justification à continuer de prendre la vie de ces animaux. Mais, nous n’avons rien contre des vaches dans les prés avec leur petit, qui vivent une vie paisible et qui entretiennent nos paysages."
Vous n’ignorez pas que la filière viande rouge génère plus de 500 000 emplois, sans compter les autres filières. Vous prévoyez d’envoyer tous ces gens-là à Pôle emploi ?
B. G. - "Nous ne prétendons pas avoir la solution toute faite. Il faudra plusieurs générations pour que nos mentalités et nos pratiques changent. Ce qui paraît acceptable aujourd’hui, demain, nous le trouverons sans doute inacceptable et nous serons prêts à mettre les moyens et à accompagner ce changement de civilisation. Nous ne voulons pas laisser sur le carreau des êtres humains pour sauver des animaux mais co-construire un chemin de façon à sortir d’un système meurtrier pour les animaux et guère plus enviable pour les éleveurs et les ouvriers d’abattoirs. Notre but à long terme est de reconnaître les animaux comme des cohabitants et non plus comme des ressources à notre disposition et donc aménager des espaces qui leur seront indispensables pour continuer à vivre, avec des tuteurs, des gardiens. Pour obtenir des prairies, on a fortement déboisé et on se retrouve avec un paysage à entretenir sur les bras. Une partie des prairies pourrait retourner à la forêt."