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Rory Fanning, directeur général de Slanney Food : "le marché chinois de la viande bovine est synonyme d’instabilité"

Rory Fanning, directeur général de l’entreprise d’abattage irlandaise Slaney Foods (90 000 gros bovins par an) a partagé l’expérience de son entreprise pour l’exportation de viande bovine en Chine lors d’un webinaire organisé par l’Institut de l’élevage en juin.

Rory Fanning, directeur général de Slaney Foods © DR
Rory Fanning, directeur général de Slaney Foods
© DR

L’épidémie de fièvre porcine africaine et la crise du coronavirus rebattent la donne du marché de la viande bovine en Chine. La réglementation sur le type de viande et l’âge des animaux est contraignante. Et actuellement, les envois irlandais vers la Chine sont suspendus car un cas atypique d’ESB a été déclaré à l’OIE en mai (sur une Limousine âgée de 14 ans dans le comté de Tipperary). Le protocole commercial prévoit dans cette situation que l’Irlande adresse à la Chine un rapport épidémiologique. « Les autorités chinoises devraient réautoriser les échanges assez rapidement maintenant, dans un délai de quelques semaines », espère Rory Fanning. Est entrée également en ligne ce printemps, la tension politique dans les relations entre l’Australie et la Chine. En effet, l’Australie a formulé la demande d’une enquête indépendante à l’OMS sur la réponse internationale à la pandémie de Covid-19. Cette demande est partagée par de très nombreux pays, mais empoisonne particulièrement les relations entre la Chine et l’Australie, qui est l’un des très gros fournisseurs de viande bovine à la Chine. En mai, la Chine a suspendu les importations de viande bovine en provenance de quatre fournisseurs australiens pour infractions sur l’étiquetage et les certificats sanitaires.

Un très bon début d’année 2020 malgré tout

L’Irlande a cependant exporté 9 000 tonnes de viande bovine en Chine en 2019, contre 1,4 tonne en 2018. « Pour 2020, on devrait dépasser les chiffres de 2019. Les trois premiers mois de l’année ont été très bons avec 2 900 tonnes. » Désormais il y a 19 abattoirs irlandais agréés pour exporter en Chine.

« Les achats chinois de viande bovine irlandaise se composent de 86 % de désossé, 13 % de viande avec os et 1 % d’abats. Ce sont surtout des avants et des flanchets », explique Rory Flanning. La presque totalité des envois sont congelés (seulement 2 % en réfrigéré). « Notre objectif serait d’avoir d’abord la possibilité d’exporter davantage de viande avec os, et ensuite de pouvoir élargir la liste des abats. Si on pouvait s’affranchir de la limite d’âge à 30 mois, qu’une partie de nos bœufs dépasse, ça serait aussi très positif. »

Trouver les bons partenaires dans la restauration

Les Irlandais ont positionné leur produit sur les plus grandes villes de Chine, et mettent en avant la naturalité de leur viande bovine. La conduite sans hormones des animaux est mise en avant. Une traçabilité poussée des produits, allant jusqu’à l’ADN, est proposée. « En amont de la pesée, un prélèvement ADN est réalisé sur chaque animal et permet, au cas où le consommateur le demande, de donner les informations sur l’animal. C’est un système pas si coûteux que cela », confie Rory Fanning. Le créneau des industriels irlandais est finalement « un produit haut de gamme pour tous les jours », répondant aux attentes de bonne santé et de sécurité alimentaire.

La restauration reste le débouché principal pour la viande bovine irlandaise en Chine. Il est important de trouver les bons partenaires commerciaux sur place pour ce secteur, selon Rory Fanning. La grande distribution représente le second débouché et les ventes en ligne sont promises selon lui à un fort développement. « Les ventes en ligne nous intéressent car la valeur ajoutée y est forte. » Beaucoup de communication est assurée par les entreprises et Bord Bia (l’office de promotion des produits issus de l’agroalimentaire irlandais), notamment auprès de prescripteurs comme les grands chefs, les journalistes, les influenceurs.

Un positionnement très différent au Japon

Pour le Japon, où États-Unis et Australie dominent les marchés de la viande d’importation, la situation de la viande bovine irlandaise commence à évoluer avec la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne. Notamment la règle de la limitation de l’âge des bovins à moins de 30 mois a été éliminée. « Le Japon achète la majorité des langues de bœuf en provenance d’Irlande, ainsi que d’autres abats. Et il y a dans ce pays des clients très intéressés par le steak haché issu d’animaux élevés à l’herbe, ce qui n’est pas le cas en Chine. Par contre, il s’avère bien difficile de vendre de la viande bovine pour les restaurants et même pour la distribution », informe Rory Fanning.

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