Quatre scénarios prospectifs à échéance 2025
Dans quel contexte évolueront les fermes à horizon 2025 ? Une prospective a été réalisée par les services du ministère de l’Agriculture. Quatre scénarios sont proposés.
Dans quel contexte évolueront les fermes à horizon 2025 ? Une prospective a été réalisée par les services du ministère de l’Agriculture. Quatre scénarios sont proposés.
Entre conjoncture morose, importance des investissements, remise en cause du métier et du produit, incertitudes liées à la PAC et au climat… bien des jeunes s’interrogent. Et manifestement leurs interrogations interrogent à leur tour les hautes sphères de l’administration.
Scénarios contrastés mais plausibles
Une prospective a été réalisée par les services du ministère de l’Agriculture. Elle ne se cantonne pas à la viande bovine mais globalise la réflexion à l’ensemble des productions. Souhaitables ou non, quatre scénarios contrastés mais plausibles ont été retenus.
Les auteurs ont estimé qu’à échéance 2025, différentes constantes s’appliqueront à l’agriculture. Les exploitations seront forcément impactées par les attentes de la société (moindre utilisation des phytosanitaires, réduction des gaz à effet de serre…). Autre constante, le recul prévisible du départ à la retraite, lequel se traduira par un recours accru à des entreprises et un désinvestissement chez ces éleveurs âgés. Avec des exploitations de dimension de plus en plus conséquente le montage financier pour les transmettre sera forcément complexe. Dans certains scénarios il est envisagé l’ouverture du capital à des tiers. Sans exclure non plus de permettre à l’aval et à des fonds d’investissement d’entrer au capital des entreprises agricoles. Lesquelles seraient alors considérées comme n’importe quelle PME lors de la transmission.
Chaque scénario s’inscrit dans des contextes économiques pouvant être différents : prix des matières premières agricoles, poids de l’aval, place des circuits de proximité… L’autre grosse variable réside dans le devenir des aides compensatoires : aides couplées ou non, aide unique à l’hectare, nationale ou européenne, remplacement des aides directes par des dispositifs assurantiels, mesures incitatives ou non pour accompagner les changements de pratiques, plus ou moins grande latitude donnée aux régions pour mettre en œuvre des politiques agricoles…
Les quatre scénarios sont plus ou moins optimistes si l’on s’en tient au souhait de voir perdurer des exploitations familiales. Prédire le devenir de l’agriculture est forcément un exercice difficile. Il convient évidemment d’analyser ce travail avec recul. Il s’agit d’abord et avant tout de pistes de réflexions.
En savoir plus
Transmission en agriculture 4 scénarios prospectifs à 2025, rapport de 120 pages facile à trouver en tapant son titre sur un moteur de recherche sur internet. Il est la réponse à une lettre de mission adressée en 2014 par le directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture au Conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux.
Les quatre scénarios
1- Le scénario Des agricultures héritées conduit à un prolongement des tendances antérieures. Le budget consacré à la PAC ne connaît pas de remise en cause majeure en 2020 mais s’érode lentement. L’évolution des modalités du soutien s’inscrit dans une harmonisation des aides découplées et un maintien des aides couplées. Le contexte économique reste dominé par la volatilité des prix. La hausse des intrants demeure. L’aval (IAA et distribution) continue à renforcer son pouvoir sur l’amont.
2- Dans le scénario Des agricultures contractualisées, les soutiens communautaires sont réduits. Le choix d’une « PAC assurantielle » consolide l’approche entrepreneuriale d’une agriculture qui contractualise avec l’aval. Le second pilier de la PAC évolue dans un double mouvement : soutien de certaines productions et ouverture plus large au développement rural non agricole. Les exploitations sous forme sociétaires progressent. Le nombre d’agriculteurs diminue et certains territoires fragiles sont marginalisés.
3- Dans le scénario Des fermes firmes, l’agriculture s’inscrit dans le mouvement de libéralisation de l’économie. Les aides découplées sont fortement réduites et harmonisées au niveau européen en vue de leur disparition. Les mécanismes de régulation des marchés et les aides couplées sont supprimés. Le second pilier de la PAC est réorienté sur le développement rural hors agriculture. Industriels et distributeurs tendent à intégrer la production. Les fermes prennent la forme de PME.
4- Le scénario Des agricultures territorialisées s’appuie sur la proximité. Les aides découplées à l’hectare sont réduites et harmonisées au niveau national, les aides couplées aux productions sont réservées à certains territoires, le verdissement des aides est renforcé. Avec le soutien des pouvoirs publics, les agriculteurs développent une activité diversifiée et écologiquement intensive dans des entreprises le plus souvent sous responsabilité familiale. La PAC reste forte. Le métier reste attractif et attire de nouveaux profils.