" Quand elle fait signe, il faut en parler ! "
" Cette vache a vêlé non sans difficulté d'un beau veau mais il a fallu sortir la vêleuse et négocier la partie. Elle a gardé du vêlage un handicap car elle urinait peu et souvent puisqu’elle avait du mal à vidanger la vessie en raison d’une probable atteinte neurologique. Pour le reste, elle a élevé normalement son veau pendant plus de trois mois. Mais, depuis quelque temps, elle maigrit et la voilà légèrement diarrhéique. Hier, elle manifestait de l’inconfort, elle était légèrement ballonnée et peut-être même manifestait-elle quelques coliques qui m’ont amené à la regarder de près. Ce ne sont pas ses 39°2 qui m’ont étonné, pas sa bouse non plus qui, aujourd’hui, était normale mais plutôt l’examen vaginal puis transrectal qui m’ont livré la clé du problème. Le vagin est rempli d’urine à l’odeur de purin, le col de l’utérus est tiré vers l’avant et il est suffisamment ouvert pour que j’y passe plusieurs doigts, et par voie rectale je sens l’utérus rempli d’urine, la vessie remplie aussi tandis que les canaux qui conduisent l’urine des reins à la vessie me semblent normaux. Une pression sur la vessie vidange une partie de son contenu, dont je récupère la fraction finale pour le sentir et l’analyser. L'urine a beau être claire, elle est infectée.
Les deux reins infectés
À ce stade, je suis sûr du scénario. La vessie, jamais vidangée en totalité, s'infecte inéluctablement et finit par infecter aussi les reins. L’urine éliminée passivement distend l’utérus et une péritonite locale à proximité des trompes de l’utérus est bien probable. Je ne fais donc aucun traitement et je quitte l’exploitation avec du sang pour évaluer le fonctionnement rénal. Avec plus de deux fois le plafond des valeurs normales, je dois conclure à l’atteinte sévère de ses deux reins. Cette vache est devenue inabattable et il me semble illusoire de la traiter et d’ajouter ainsi des frais à la perte. Il aurait fallu anticiper cette histoire de vessie qui ne se vidange pas bien, et qui se termine toujours mal, en réformant cette vache un mois après le vêlage. À bon entendeur... "