Aller au contenu principal

Moindres disponibilités en broutards pour les mois à venir

La campagne de vente 2019-2020 s’achève pour le bétail maigre issu du cheptel allaitant sur des tarifs légèrement inférieurs à ceux de l’an dernier. La raréfaction des disponibilités se confirme pour les semaines et mois à venir.

Alors que l’arrivée du coronavirus en Italie en février avait fait craindre le pire pour le commerce du bétail maigre, la campagne 2019/2020 s’achève sur des tarifs certes inférieurs à ceux de la campagne précédente et avec surtout, comparativement à l’an dernier, une meilleure tenue des prix pour les broutards que pour les laitonnes. La crainte de conséquences en cascades liées à des restrictions sur le transport notamment n’a pas eu lieu. Et même confinés, les italiens ont fait comme les français. Ils ont continué à mettre de la viande bovine dans leurs assiettes. Les ateliers d’engraissement ont donc continué à rentrer du maigre au fur et à mesure que leurs cases se vidaient.

La viande importée concurrence le JB « franco-italien »

Depuis la mi-mars (semaines 11 à 18), quelques 18 500 têtes (mâles + femelles) ont été livrées de l’autre côté des Alpes chaque semaine. Ces chiffres sont très similaires à ceux constatés l’an dernier à la même période « Mais la viande importée semble aujourd’hui plus présente dans les rayons qu’au début du confinement. Elle ferait pression sur les prix des animaux finis » souligne Germain Milet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage. Les engraisseurs italiens s’agacent de voir la viande qu’ils produisent à partir de maigre français, de plus en plus concurrencée dans les linéaires des GMS italiennes par des viandes issues de JB français ou irlandais. De plus, l’actuelle plongée du prix du JB laitier Polonais est un motif d’inquiétude. « En Pologne le JB O cotait 2,66 €/kg de carcasse en semaine 17, soit un recul des prix de 10% comparativement à la même semaine de 2019 et de 20% en les comparant aux cotations de 2018. » fait observer Germain Milet. Même si les JB Polonais sont des animaux de type laitier, ces prix deviennent désormais très attractifs.

Plus compliqué vers l’Espagne

Le marché du bétail maigre pour l’Espagne est nettement plus chaotique. Les exportations espagnoles d’animaux finis sont actuellement très perturbées avec une nette baisse du prix des JB espagnols destinés à l’export. Pour le maigre français, le débouché espagnol a concerné une moyenne de 7 900 têtes/semaine au cours des semaines 11 à 18 contre 9 500 l’an dernier, sachant que ce chiffre cumule celui des veaux et des broutards puisque les données des douanes ne permettent pas de scinder les deux catégories.  « Mais, selon plusieurs opérateurs, ce sont les volumes de broutards qui sont les plus affectés. » L’actuelle mévente en France des veaux de boucherie freine forcément les entrées de veaux maigre dans les ateliers français. Autant d’animaux qui viennent grossir, mais à vil prix, le disponible à exporter sur l’Espagne, un pays qui est devenu quasi le seul acquéreur pour ce type de marchandise. Le prix des veaux laitier français est donc au plus bas, sans grand espoir de le voir repartir dans les semaines à venir.

Mois de 14 mois et 450 kilos pour l’Algérie

Sur les pays tiers, les envois de bétail maigre français concernent essentiellement le débouché algérien. Jusqu’en mars, le coronavirus n’avait pas posé de problèmes majeurs vers cette destination. L’une des contraintes sur ce pays est liée à ses nouvelles exigences côté âge et poids pour les importations de mâles maigres. A savoir moins de 450 kilos vifs et moins de 14 mois. Au cours du premier trimestre, ce sont ces restrictions qui ont été les plus pénalisantes vers cette destination. Les bateaux prévus au départ du port de Sète en avril auraient été décalés sur le mois de mai. L’autre menace pour le marché algérien est liée à la plongée du prix du pétrole qui a entrainé dans son sillage celui du gaz naturel. Un souci supplémentaire dans la mesure où les exportations d’hydrocarbures sont la principale source de devise de l’Algérie.

Recul en cours et à venir des disponibilités

Si les prix du maigre se tiennent ce printemps, c’est aussi lié à l’actuel et habituel creux saisonnier des disponibilités. Le contexte de décapitalisation du cheptel allaitant va réduire les disponibilités dans les semaines et mois à venir. « Depuis 2016, avec le recul des naissances allaitantes, ce creux d’offre est de plus en plus marqué. En 2019, la BDNI a recensé 3,56 millions de naissances de veaux de races allaitantes, soit -207 000 veaux ou -5,5% /2018 et -9,8% /2016. Ainsi, au 1er avril 2020, le stock de bovins mâles de races allaitantes de 6-12 mois prêts à être exportés était en repli de - 4% /2019 et de - 6,5% /2017. » souligne Germain Milet. « Et pour l’instant on ne voit pas de signal qui permettrait de contrer l’actuel recul des naissances. » Cette chute de l’offre est inégale selon les races : elle est particulièrement marquée pour la charolaise (- 7,5 %) et la blonde d’Aquitaine (- 7,5%).

 

Les plus lus

génisse parthenaise vêlage veau
Élevage bovin : l’épigénétique ouvre un nouveau champ pour la sélection

L’épigénétique, science qui étudie les changements dans l’expression des gènes, est en plein développement. Des recherches…

Christian Bajard, éleveur de 105 vaches allaitantes charolaises en exploitation individuelle sur 147 hectares dont 17 ha labourables à Saint-Symphorien-des-Bois (71)
Aide à l'UGB : « Avec la nouvelle PAC, j’ai perdu 4 500 euros d’aides »

Christian Bajard, éleveur de 105 vaches allaitantes charolaises en exploitation individuelle sur 147 hectares, témoigne des…

La date de déclaration constitue un levier non négligeable face à la refonte des aides animales, pour les éleveurs n’étant pas plafonnés par le seuil des 120 UGB ou ...
Baisse des aides PAC en élevages bovins viande : une optimisation efficace en choisissant sa période de déclaration

Avec l’entrée en vigueur des nouvelles aides bovines, il semble nécessaire de bien comprendre leur fonctionnement afin d’…

charolaise taureau vache prairie
Epigénétique en élevage bovin : limiter le stress des reproducteurs mâles et femelles

Yann Martinot, directeur technique d'Elvup, explique comment on peut d'ores et déjà tenir compte en élevage avec des mesures…

La date de déclaration constitue un levier non négligeable face à la refonte des aides animales, pour les éleveurs n’étant pas plafonnés par le seuil des 120 UGB ou ...
Baisse des aides PAC en élevages bovins viande : l’optimisation est-elle possible ?

L’entrée en application de la nouvelle PAC en 2023 s’accompagne de la mise en place, pour les élevages allaitants, d’une aide…

Pierre Cabrit, président de l’interprofession régionale du veau d’Aveyron et du Ségala (IRVA)
Veau sous la mère : « On se retrouve face à un début de démobilisation de la production »

Pierre Cabrit, président de l’interprofession régionale du veau d’Aveyron et du Ségala (IRVA), alerte sur les difficultés que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande