Les chiffres des premiers croisés Limousine x Angus de la ferme expérimentale de Thorigné
À la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, une expérimentation de longue durée analyse l’intérêt du croisement Angus sur des limousines pour abattre plus jeunes et plus légers des bouvillons et génisses sans perdre en qualité de finition mais avec une moindre utilisation de concentrés.
À la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, une expérimentation de longue durée analyse l’intérêt du croisement Angus sur des limousines pour abattre plus jeunes et plus légers des bouvillons et génisses sans perdre en qualité de finition mais avec une moindre utilisation de concentrés.
Il est possible de produire en agriculture biologique des bœufs limousins d’environ trente mois en obtenant des carcasses à la fois lourdes et correctement finies. Les travaux menés à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou, dans le Maine-et-Loire en apportent la démonstration.
Mais ces animaux de grand gabarit sont exigeants pour leur alimentation, surtout en finition. Pour leur permettre d’avoir une carcasse suffisamment finie, il n’est pas possible de les abattre à moins de 30 mois. Qui plus est, cela passe par des rations forcément coûteuses car incluant une part importante de concentrés.
Nouvel itinéraire technique
D’après les résultats de cette ferme expérimentale, le poids carcasse de ces bœufs de 30 à 32 mois est passé de 415 à 485 kg en dix ans, ce qui n’est pas forcément en phase avec les attentes de l’aval. Et la quantité de concentré utilisée est en moyenne passée entre le sevrage et l’abattage de 650 kg/tête sur la période 2005-2007 à 1 040 kg quelques années plus tard (2014 à 2016).
Autant d’évolutions qui ont incité les responsables de cette ferme expérimentale à envisager un nouvel itinéraire technique dont l’objectif est de produire avec un maximum de fourrages et moins de concentrés des bœufs à la fois plus jeunes donc moins lourds mais qui pour autant ont une carcasse suffisamment finie.
Le croisement angus a donc été initié pour chercher à apporter cette notion de précocité dans la mise en place des dépôts adipeux qui tend à faire défaut aux races françaises où la priorité a peut-être un peu trop longtemps été donnée à l’accroissement du format et du potentiel de croissance. Cette stratégie déjà initiée çà et là par certains éleveurs dans leurs exploitations a mis du temps avant d’être envisagée dans des fermes expérimentales. À Thorigné d’Anjou, ce travail a véritablement démarré au printemps 2019.
Croisement Angus pour les génisses
Sur cette ferme, le cheptel limousin totalise 70 vêlages par an répartis en deux périodes strictement définies : du 20 août au 1er novembre puis du 1er mars au 30 avril avec une petite douzaine de génisses d’un an mise à la reproduction en croisement sur chaque période de vêlage.
Depuis le printemps 2019, ce sont elles qui sont croisées avec un taureau angus pour un premier vêlage à deux ans. En revanche, toutes les vaches sont saillies en race pure. Cela ne se traduit donc pas par une remise en cause du cheptel limousin dans la mesure où les génisses conservées pour le renouvellement sont les filles des multipares.
L’objectif est donc désormais d’utiliser toutes les générations successives de produits croisés pour produire des bouvillons et génisses pour lesquels l’objectif est de maximiser dans l’alimentation la part de l’herbe pâturée et des fourrages et de minimiser celle des concentrés. Qu’ils soient nés au printemps ou à l’automne, l’ambition est désormais d’abattre tous ces bouvillons et génisses croisés à un âge objectif de 24 à 27 mois en visant un poids carcasse idéalement compris dans une fourchette de 350 à 400 kg.
Les premiers résultats d’abattage ont été dévoilés lors du Sommet de l’élevage par Julien Fortin, responsable technique de cette ferme expérimentale. Ils concernent le premier lot d’animaux nés en fin d’hiver et au printemps 2020. Des premiers résultats à analyser avec une évidente prudence et beaucoup de recul dans la mesure où ils ne concernent qu’un nombre extrêmement limité de sept animaux.
Pour ce lot, la période de finition à proprement parler a débuté le 1er avril, quand les animaux avaient 24 mois. Bouvillons comme génisses ont été finis à l’herbe sur des prairies à flore variée de bonne qualité en complétant cette ration d’herbe pâturée par 2 kg/tête/jour de céréales. « Ils ont été abattus le 11 juin à un âge moyen de 26,6 mois après 71 jours d’engraissement », précisait Julien Fortin.
Au cours de cette période, les quatre mâles ont réalisé un GMQ moyen de 1 523 g et les trois femelles de 1 274 g. Les poids carcasses de ces sept premiers animaux sont en deçà des objectifs avec 350 kg pour les bouvillons et 315 kg pour les génisses pour des carcasses classées R. Le prochain lot, composé d’animaux nés à l’automne 2020 est actuellement finis avec une ration associant fourrages de qualité et concentrés. Il sera abattu en cours d’automne.