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Le plan d’éradication de la BVD est programmé

Un plan national obligatoire de lutte contre la BVD est en construction. La signature de l’arrêté, qui donnera le top départ, est attendue pour la fin de l’année 2018. Deux méthodes seront possibles pour le dépistage et des dérogations pourront être obtenues pour certaines mesures.

Si une circulation virale est mise en évidence dans plus de 50 % des cheptels, il vaudra mieux partir avec les boucles. En revanche, si la BVD circule dans moins de 20 % des cheptels, le dépistage sur sérum de mélange semble mieux adapté, car moins cher.
© S.Bourgeois

« La quasi-totalité des GDS mettent en œuvre des actions en matière de lutte contre la BVD, et des plans volontaires d’assainissement fonctionnent dans 80 % des départements pour accompagner les éleveurs atteints avec des moyens mutualisés », explique David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil de GDS France. Le Grand Est et la Bretagne sont déjà engagés dans l’éradication de la BVD. « Force est de constater que les mesures déployées actuellement ne sont pas toujours homogènes entre régions, et ne permettent pas d’éradiquer la maladie du pays. Une étape supplémentaire doit être franchie au regard des enjeux économiques et commerciaux. »

Les moyens doivent être rationalisés pour plus d’efficacité

Un arrêté ministériel est en préparation. Sa signature est attendue pour la fin de l’année 2018. Les grandes lignes sont déjà bien fixées. Le plan national qui s’imposera à tous les éleveurs se construira en trois volets. À la publication de l’arrêté, entrera en application immédiate la généralisation dans tout le pays de l’obligation d’assainissement des troupeaux infectés par la BVD. Les animaux IPI, réservoirs et sources de diffusion permanente du virus, devront quitter l’élevage dans les quinze jours suivant la réception du résultat de l’analyse pour l’équarrissage ou l’abattoir. Les deux autres volets pourront être mis en œuvre de façon progressive au plus tard quatre ans après la publication de l’arrêté. Il s’agit de la surveillance des cheptels en recherchant les IPI. Pour protéger les cheptels sains, est mise en place l’exigence de la garantie non IPI à tous les bovins pour qu’ils puissent circuler. Autrement dit, pour vendre un animal pour l’élevage, le vendeur devra prouver qu’il est garanti non IPI. Ceci en maintenant une circulation fluide des animaux, et en tenant compte des contraintes des opérateurs.

Choix entre les boucles ou l’analyse sur sérum de mélange

Pour la surveillance des cheptels, deux méthodes seront possibles en élevage allaitant. La première est le dépistage systématique à la naissance de tous les animaux en utilisant les boucles auriculaires agréées pour l’identification. Une boucle emporte-pièce, placée à l’oreille du veau à sa naissance par l’éleveur en même temps que la boucle d’identification standard, prélève un petit bout de cartilage. Il est envoyé au laboratoire pour une recherche du virus de la BVD par PCR. Le résultat est disponible en sept à dix jours. S’il est négatif, il permet de garantir à vie que le veau est non IPI et par conséquent, sa mère bénéficie elle aussi du statut non-IPI.

La seconde est le test sur sérum de mélange. Les départements choisiront le dispositif le plus efficient en fonction de leur situation épidémiologique et de leurs moyens financiers. « Si une circulation virale est mise en évidence dans plus de 50 % des cheptels, il vaudra mieux partir avec les boucles. En revanche, si la BVD circule dans moins de 20 % des cheptels, le dépistage sur sérum de mélange semble mieux adapté, car moins cher », résume David Ngwa-Mbot. Pour le dépistage sur sérum de mélange, un groupe de travail est en train d’évaluer les conditions de réalisation. Cette technique est en effet une adaptation aux élevages allaitants de l’analyse sur lait de tank en élevage laitier. En cheptel allaitant, le choix des animaux qui composent l’échantillon, leur nombre, la variabilité des réponses immunitaires des animaux compliquent les choses. L’objectif est de pouvoir délivrer une garantie non IPI pour tout le troupeau à partir de cette analyse.

« Le coût actuel des pertes dues à la BVD est de plus de 30 millions d’euros par an, alors même que les mesures de lutte d’ores et déjà menées par le réseau des GDS limitent le nombre de foyers », informe David Ngwa-Mbot. Le retour sur investissement du plan d’éradication estimé avec un modèle épidémiologique est de trois à neuf ans selon les stratégies adoptées. L’éradication, c’est-à-dire la situation où moins d’un cheptel sur dix mille est infecté, sera atteinte en quinze à vingt ans.

À terme, pour vendre un animal à l’élevage, le vendeur devra prouver qu’il est garanti non IPI

Des enjeux économiques sur le travail et sur le commerce

En élevage allaitant, à l’échelle individuelle, une évaluation scientifique a montré que les pertes pour l’éleveur s’élèvent en moyenne à 3 000 euros. Elles peuvent aussi exploser dans certaines configurations, en allant jusqu’à 45 000 euros pour un élevage naisseur-engraisseur de 180 reproductrices ayant eu un épisode de BVD avec 30 IPI.

La charge de travail pour l’éleveur est aussi une source de motivation pour atteindre l’éradication de la BVD : les soins aux veaux, la gestion des avortements, des retours en chaleurs, des rétentions placentaires, sont lourdes.

« Enfin, il est capital d’anticiper sur de possibles enjeux commerciaux à venir liés à la BVD », insiste David Ngwa-Mbot. Les concours d’animaux, les sélectionneurs et certains pays comme la Turquie imposent déjà des mesures de dépistage ou de protection avant le départ des animaux. Ces contraintes pourraient s’étendre.

 

 

De nombreux pays européens sont en avance

Le virus de la BVD est répandu dans le monde entier. Plusieurs pays d’Europe ont déjà fait de la BVD une maladie du passé. C’est le cas de la Norvège, la Finlande, la Suède, la Suisse, le Danemark et l’Autriche. L’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg et la Belgique développent actuellement des plans d’éradication. Pour l’Italie, l’Espagne, la Grèce et la Pologne, il n’y a pas de programme de lutte annoncé pour le moment.

Des discussions autour de la future loi de santé animale européenne devraient rendre obligatoire des plans nationaux de lutte contre la BVD à l’appréciation de chaque pays.

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