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Création d'atelier : « Le passage en bovins viande nous a redonné goût à notre métier d’éleveur »

Après s’être consacrés pendant plus de vingt ans à la production laitière, huit chefs d’exploitations bretons, réunis au sein d’un groupement baptisé Maison Bel Air, ont fait le choix de transiter vers l’élevage bovin viande. Une reconversion réussie, qui a donné un nouveau souffle à leur carrière.

Éreintés par l’astreinte de la traite, laissés seul sur la ferme après le départ d’un associé, certains proches de la retraite… pour diverses raisons, ces huit producteurs laitiers, tous installés dans un rayon de 5 kilomètres en Ille-et-Vilaine en Bretagne (1), étaient à deux doigts de mettre la clé sous la porte. C’est grâce au montage d’un projet commun - la reconversion de leur système en bovin viande - que les éleveurs ont repris goût à leur métier. La personne qui les a réunis, c’est Jean-Pierre Rivery. Ex-patron de multinationales spécialisées dans l’industrie agroalimentaire, ce dernier reprend en 2011 en double activité l’exploitation de ses parents, située au lieu-dit Bel air, à La Couyère. Ce retour aux sources lui donne l’occasion de faire plus ample connaissance avec ses voisins agriculteurs. C’est là que les témoignages croisés de ces derniers, lassés par leur quotidien, lui font tilt.

« Nos parcours de vie se sont croisés »

Une nouvelle collaboration se tisse entre eux. Portés par des aspirations communes et profitant de leur proximité géographique, ils décident de jouer la carte du collectif pour s’offrir un cadre de vie meilleur et renouer avec leur passion. Avec comme débouché la production d’une viande d’excellence vendue en direct à des bouchers et restaurateurs, les huit éleveurs partent chacun sur une race allaitante à leur goût (Angus, bazadaise, blonde de Galice, gasconne des Pyrénées, limousine, ou encore wagyu Miyabi), qui leur vaut en même temps une offre diversifiée. Aux premières reconversions d’ateliers entamées en 2016, les éleveurs font le choix d’arrêter le lait sans transition, avec l’engraissement des veaux sous la mère et la pose d’embryons sur les génisses laitières.

« Si chaque ferme garde son identité, son histoire et sa façon de travailler, nous nous appuyons tout de même sur un cahier des charges commun, impliquant une certaine harmonisation dans la configuration des sites d’exploitation et dans la conduite d’élevage. C’est notre outil de progrès bâti sur le socle d’une agriculture responsable », explique Jean-Pierre Rivery. 

Les investissements - comptant notamment l’achat du cheptel reproducteur, la modernisation du bâtiment d’élevage, l’installation d’une contention fixe et d’un hangar de stockage, l’adaptation des clôtures - se sont chiffrés entre 300 000 et 400 000 euros de moyenne, éligibles à un plan d’aides PCAE à hauteur de 42 000 euros.

« Chacun est patron de sa boutique mais on mutualise quand c’est nécessaire », explique Jean-Pierre Rivery.

Une entraide au niveau du travail

Tous les systèmes sont en polyculture élevage, deux dimensions importantes à préserver pour le groupement, mais les membres se sont organisés de façon à recentrer leurs taches sur le côté animalier de leur métier, pour leur plus grand plaisir. L’assolement des surfaces dédiées aux cultures de vente est réfléchi en commun pour aboutir à un agencement cohérent et faciliter l’intervention des ETA, à qui ils délèguent tous les travaux de champ. La Maison Bel Air a également mutualisé deux emplois de salariés à plein temps, permettant aux chefs d’exploitation de disposer de tous leurs week-ends de libre et de cinq semaines de congé par an. 

Pour gagner du temps, ces derniers s’entraident aussi pour le curage des bâtiments, la fenaison ou le ramassage de la paille. Autre avantage au collectif : une commande unique pour les achats d’intrants afin de bénéficier de prix plus avantageux. Grâce à la mutualisation de leurs moyens, les éleveurs n’hésitent plus à faire appel à des intervenants extérieurs quand le besoin s’en fait sentir. Un appui fort utile en plus de leurs partages d’expérience, qui permet de capitaliser des connaissances encore plus rapidement.

(1) Bel air (La Couyère), Manoir d’Oger (La Couyère), La petite ferme (La Couyère), Le Plessix (La Couyère), Le bon friche (Lalleu), Les sources (Saulnières), Toi Joly (Tresboeuf)

Retrouvez leurs témoignages ici : 

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Fiche élevage

Les fermes types Maison Bel Air

100 à 200 ha dont un tiers des surfaces en herbe, le reste en cultures de vente

50 à 100 mères de race allaitante

1 stabulation libre sur aire paillée (dôme central lumineux, rideaux modulables, bardage bois extérieur et jardinière aux abords du bâtiment)

1 contention fixe attenante au bâtiment d’élevage

Matériel réduit au strict minimum pour la conduite d’élevage : manitou, barre de coupe, mélangeuse, pailleuse

Hangar dédié au stockage des céréales avec silos et cellules à plat

1,5 UTH/exploitation en moyenne

Label AB ou HVE niveau 3

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