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Le choix du Piémontais

À la SCA de Longeville dans l’Allier, la moitié des femelles Aubrac sont croisées avec des taureaux Piémontais. Un choix conforté par les vêlages faciles, la conformation, la finesse d’os et le rendement carcasse des croisés F1 qui en résulte.

Allier les qualités d’élevage et la frugalité de l’Aubrac aux qualités de carcasse de la Piémontaise. Tel est le choix de la famille Vigna sur son exploitation située à Deux-Chaises, dans l’Allier. Conduite par quatre salariés et un apprenti, mais à la recherche d’une personne supplémentaire, cette ferme produit du bétail maigre destiné à approvisionner les seules unités d’engraissement que cette famille possède en Italie. « L’objectif est de sortir du maigre de mai à juillet, quand les disponibilités en broutards sont réduites », souligne Jacques Chayrigues, le responsable de l’exploitation. Toutes les vaches de réforme sont finies sur place et destinées au marché français.

Frugalité des mères et qualités de carcasse des pères

Le cheptel a été constitué à partir de 2008 en choisissant une race facile à conduire en lots importants et frugale pour son alimentation. La météo de ces dernières années conforte cette stratégie. Après un été torride, alors que mi-septembre le bocage bourbonnais ressemblait presque aux étendues arides du Larzac, les différents lots de vaches prêtes à vêler affichaient un niveau d’état très correct. « Si on a choisi des Aubrac ce n’est pas pour les faire manger comme des races de grand format ! C’est pour les nourrir au plus juste en jouant sur l’effet 'accordéon' en fin de gestation. Mais on est très rigoureux sur leur minéralisation à cette période via l’eau de boisson. »

Après avoir dans un premier temps acheté beaucoup de génisses pour constituer le troupeau, la pratique du croisement s’est progressivement accrue. Le cheptel n’est pas inscrit. « L’ambition n’est pas de se positionner sur le marché de la génisse d’élevage. Il est de faire naître du bétail qui, une fois fini, répondra au mieux aux attentes des clients italiens de la famille Vigna. L’objectif est de produire ce qui se vend en surveillant de près nos coûts de production », résume Jacques Chayrigues. Un peu plus de 220 génisses sont mises à la reproduction chaque année, avec un taux de renouvellement qui avoisine classiquement 25 % de façon à réformer sans hésitation toute femelle à problème.

50 % du cheptel en croisement

Même s’il a pu y avoir quelques fluctuations dans ce pourcentage, 50 % du cheptel est actuellement conduit en croisement, à savoir les vaches les moins intéressantes pour faire naître le renouvellement et toutes les génisses. Le choix des taureaux Aubrac vise à conserver sur leurs filles rusticité et qualités d’élevage sur des formats raisonnables.

Pour le croisement, depuis quatre ans les seuls taureaux utilisés sont des Piémontais. « On a fait du croisement charolais. On sortait de très bons veaux », reconnaît Jacques Chayrigues qui ne remet pas en question les atouts des croisés Charolais Aubrac. Le recours au Piémontais est simplement jugé mieux adapté au fonctionnement d’une exploitation conduite avec des salariés.

Les taureaux Piémontais sont achetés en Italie en se rendant en priorité dans des élevages ne pratiquant pas le zéro pâturage. « On privilégie ensuite conformation et finesse d’os sur des lignées connues pour faire naître des veaux légers à la naissance. » Une fois adultes, les Piémontais en service sur l’exploitation ne pèsent guère plus de 900 kg. Comme bien des races à faible capacité d’ingestion, ce sont des animaux exigeants pour leur alimentation. « Mais on ne cherche pas non plus à les avoir trop en état. Chacun saillit une moyenne de 30 à 40 vaches chaque hiver. »

Les taureaux sont placés dans les lots le 1er décembre pour des vêlages qui se déroulent de septembre à début janvier. L’an dernier, 98 % des vaches avaient vêlé le 20 novembre. Cette volonté de réduire le plus possible la période des vêlages est là encore liée à un travail entièrement réalisé par des salariés. Cela n’empêche pas une surveillance attentive avec des tours de garde soigneusement planifiés. « On redoute tout particulièrement la poche des eaux qui ne se déchire pas après l’expulsion du veau. » La mortalité naissance-sevrage a été de 3 % pour la campagne 2017-2018. Ce chiffre était de 3,5 % en 2016-2017. « Cette amélioration des résultats est surtout le résultat d’un bon travail d’équipe. »

Veaux vigoureux à la naissance

Les croisés Piémontais naissent facilement et sont souvent plus légers que de purs Aubrac : 38 à 42 kilos pour la plupart des veaux qui sont plus vigoureux à la naissance que des croisés Charolais. Même s’il y a toujours quelques exceptions ils n’ont pas à être assistés pour la première tétée. À la naissance, pas facile pour un œil non averti de faire le distinguo entre un pur et un croisé sur le seul critère couleur de poil, mais au fil des semaines la différence devient évidente. Les croisés sont plus clairs et côté conformation et finesse d’os, la différence saute aux yeux. Côté inconvénients, les salariés soulignent que si les veaux sont toniques dès la naissance, ils tendent à conserver cette caractéristique en prenant de l’âge, un peu trop parfois !

L’essentiel des broutards sont sevrés en fin de printemps, juste avant la « saison sèche ». Côté croissances, les GMQ des croisés sont inférieurs aux Aubrac : environ 150 g de moins pour les mâles. Tous les veaux croisés et les seuls mâles Aubrac ont une légère complémentation en stabulation puis à compter de la mise à l’herbe ont libre accès à un nourrisseur garni d’un mélange fibreux fait maison. « Il faut compter une moyenne de 2,5 kg/tête/jour de la naissance jusqu’au départ en Italie avec une consommation qui a essentiellement lieu les dernières semaines." Les Aubrac font une moyenne de 430 kg quand ils partent à l’engraissement entre 9 et 10 mois. Les croisés Piémontais pèsent environ 30 kg de moins sachant qu’ils sont issus des moins bonnes vaches et qu’il y a parmi eux une forte proportion de veaux de primipares.

1,5 point en plus pour le rendement carcasse

Les poids carcasse obtenus sont analysés comme bien adaptés aux évolutions du marché italien. « Pour les mâles l’objectif c’est 400 à 420 kilos, pas davantage. Les gros taurillons de 450 kg et plus ne sont plus en phase avec les attentes italiennes. C’est ensuite une évidence, un U sera toujours plus facile à vendre qu’un R », souligne Jacques Chayrigues. Avec les Aubrac nés à la SCA de Longeville, le rendement carcasse des mâles est classiquement compris entre 60 et 62 %. Avec les croisés Piémontais, il oscille entre 63 et 65 % pour des animaux qui dans les deux cas de figure sont finis avec une ration basée sur l’ensilage de maïs. Toutes les femelles F1 sont elles aussi finies dans les ateliers de la famille Vigna. Contrairement aux mâles, elles sont engraissées en ration sèche pour un rendement compris entre 61,5 et 62,5 %. Elles quittent l’Allier à un poids vif moyen de 350 kg, sont engraissés jusqu’à 450 - 500 kg vif puis consommées en Toscane.

Pour Jacques Chayrigues, la principale possibilité d’amélioration consisterait désormais à inséminer une partie des vaches conduites en race pure avec des paillettes sexées femelles de taureaux Aubrac connus pour les bonnes qualités maternelles qu’ils lèguent à leur descendance. Cela permettrait de conforter la proportion de vaches conduites en croisement.

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