Marché
La Russie a diversifié ses fournisseurs de viande bovine
La chute de la production de viande bovine s’est traduite par un recours croissant aux importations depuis ces vingt dernières années.

L’effondrement du bloc soviétique à la fin des années 1990 a déstabilisé l’approvisionnement de la Russie en produits agricoles et alimentaires locaux, notamment en produits animaux », explique France- AgriMer dans une étude sur les enjeux pour les filières animales européennes de l’adhésion à l’OMC de la Russie.
Après l’éclatement du bloc communiste, les différentes productions animales russes ont dans un premier temps enregistré un net recul. Cette baisse n’a duré qu’un temps pour les élevages de mono- gastriques avec des tonnages repartis à la hausse depuis la fin des années 2000. Un renversement de tendance qui ne concerne pas la viande bovine dont la production n’a cessé de reculer, passant de 4,3 millions de tonnes en 1990 à 1,6 million de tonnes en 2011. Cette forte contraction des disponibilités est le résultat de la décapitalisation constatée dans le cheptel laitier puisque la viande bovine produite en Russie est pour l’essentiel issue de ce troupeau.
Pour pallier cette baisse de la production indigène et satisfaire aux besoins de la demande intérieure, les tonnages importés ont grimpé en flèche à compter du début du XXIe siècle (voir graphique). « Entre 2000 et 2008, les importations de viande bovine congelée ont été multipliées par trois (791 200 tonnes en 2008 contre 270 700 tonnes en 2000). Ainsi, la Russie est devenue le premier pays importateur du monde en 2008 (1,2 million de tonnes), juste devant les États-Unis. » Si on analyse la part respective de ses fournisseurs au fil du temps, il apparaît que les flux ont enregistré de sensibles évolutions. « À la fin des années 1990, l’accord préférentiel avec les républiques voisines s’est traduit, entre 2000 et 2004 par une forte croissance des importations russes en provenance d’Ukraine. » Puis tout au long de ces dix dernières années, la Russie s’est approvisionnée dans des proportions de plus en plus importantes sur le marché international, d’abord auprès de l’Union européenne puis de l’Amérique du Sud et enfin de l’Australie.
Si on analyse les achats réalisés auprès des pays membres de l’Union européenne, on constate que la Russie a rapidement cessé d’être un client conséquent avec des achats ramenés à la portion congrue à partir de 2005. « Les importations en provenance de l’Union européenne n’ont duré que quatre ans, entre 2001 et 2004. Elles correspondent à l’écoulement des stocks européens liés à la seconde crise de l’ESB. Lors de cette crise, la consommation de l’Union européenne a diminué et d’importants stocks publics de viande congelée ont été constitués en Europe de l’Ouest sous l’égide de la Commission européenne. » Sur la période 2001- 2004, la Russie s’est portée acquéreur de 77 % de ces stocks.
Moins d’importations en provenance du Brésil
Ces dernières années, l’autre évolution importante est la contraction des flux provenant d’Amérique latine. « Le recul des exportations brésiliennes a vraisemblablement diverses causes : la diminution de l’offre brésilienne dispo- nible à l’exportation, la hausse du prix de la viande brésilienne suite à la réévaluation du réal et des restrictions sanitaires, conséquences de la suspension d’agrément pour de nombreux abattoirs brésiliens en 2010. »