[Viande bovine] L'accord avec la Nouvelle-Zélande s'ajoute à la liste
L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande signé en juin 2022 est perçu comme dangereux pour le secteur de la viande bovine, car il concerne des morceaux à haute valeur ajoutée et s'ajoute à la liste des autres accords de libre-échange récents ou à venir.
L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande signé en juin 2022 est perçu comme dangereux pour le secteur de la viande bovine, car il concerne des morceaux à haute valeur ajoutée et s'ajoute à la liste des autres accords de libre-échange récents ou à venir.
L’Union européenne et la Nouvelle-Zélande ont conclu le 30 juin 2022 un accord de libre-échange issu de négociations entamées il y a quatre ans. Les exportations européennes de porc, vin, fromages…ne seront plus soumises à droit de douane et l’accord protègera en Nouvelle-Zélande 163 indications géographiques européennes, ainsi que toutes les appellations viticoles de l'UE.
En contrepartie, l’Union européenne autorise l'importation sur son territoire d'un contingent tarifaire de 10 000 t de viande bovine avec un droit de douane de 7,5 % - contingent qui sera progressivement ouvert sur sept ans. Et aussi le passage des droits de douane pour le contingent Hilton de la Nouvelle-Zélande de 20 à 7,5% dès la signature définitive de l'accord.
Pour la viande ovine, un nouveau contingent de 38 000 t à taux zéro s’ajoute au contingent multi-latéral actuel (qui est de 114 000 t), et l’Union européenne ouvre également plusieurs nouveaux contingents pour les produits laitiers.
L'accord doit encore être ratifié par les parlements des Vingt-Sept. La signature définitive (l'application des contingents pour cet accord) devrait avoir lieu en 2024.
Des exportations de viande bovine croissantes depuis dix ans
"Le cheptel néo-zélandais de vaches allaitantes baisse depuis des dizaines d’années, mais ceci est largement compensé par la hausse des abattages de bovins laitiers" explique Cassandre Matras de l'Institut de l'Elevage. La viande bovine néozélandaise est en effet de plus en plus issue du lait, ce qui permet un gain d’efficience et indirectement de mieux répondre aux normes environnementales croissantes. En 2021, le pays comptait un million de vaches allaitantes et 4,8 millions de vaches laitières.
La production de viande bovine était de 755 000 téc en 2021 en Nouvelle-Zélande, en hausse de 17 % par rapport à 2016. "Les prix du bœuf sont généralement restés élevés et ont soutenu l'augmentation du nombre de bovins de boucherie depuis six ans." Cela a permis une hausse des exportations de viande bovine : de 532 000 téc en 2016 à 650 000 téc en 2021, soit +22%.
Les États-Unis sont le débouché historique pour la viande néozélandaise. Ils importent essentiellement de la viande de vaches de réforme comme matière première pour le haché. Des pics d’export vers cette destination correspondent en général à des années de sécheresse (2003-2004) ou de crise laitière (2015). Les exportations de pièces autres que pour haché se tournent de plus en plus vers l’Asie en raison de la hausse de la demande, et notamment vers la Chine, qui était le premier débouché en 2021 pour la viande bovine néo-zélandaise.
L'union européenne est un marché petit mais rémunérateur
L’Union européenne est pour la Nouvelle-Zélande un marché rémunérateur. En 2021, 8 500 téc de viande bovine y ont été exportées au travers de contingents spécifiques de viande de haute qualité issue d’animaux de race à viande. Ces contingents représentent pour la filière bovine néo-zélandaise plus de 30% de la valorisation de la carcasse. "Dans le cadre du quota « Hilton », la Nouvelle-Zélande fournit jusqu’à 1 300 tonnes. Ce contingent est en général rempli malgré un droit de douane intra-contingentaire élevé (de 20%) et un découpage mensuel. Le contingent du "panel Hormones" évolue tous les ans et n’est soumis à aucun droit de douane" précise Cassandre Matras.
Ces volumes néo-zélandais qui entrent dans l'Union européenne sont certes très faibles par rapport au total des 300 000 téc importées annuellement. Mais étant constitués de morceaux à forte valeur ajoutée, ils entrent en concurrence directe avec ceux produits au sein de l'UE. Et surtout, ils s’ajoutent à ceux de la longue liste des accords récents et à venir : le CETA est déjà en application, le Mercosur et le Mexique sont tous deux en attente d'une signature définitive, et l'Australie est en phase de reprise des négociations.