Dominique Guineheux, président de France Viande Export
« La Chine présente un réel potentiel »
L’export sur les pays tiers représentait l’an dernier 4% des exportations françaises de viande bovine. De nouvelles opportunités existent en Asie et plus particulièrement en Chine.
L’export sur les pays tiers représentait l’an dernier 4% des exportations françaises de viande bovine. De nouvelles opportunités existent en Asie et plus particulièrement en Chine.
On exporte déjà de la viande de porc en Chine. On sait que ce pays a aussi des besoins en viande bovine et surtout des besoins qui vont croissant. Le nombre d’habitants a forcément un impact. Ce pays importe actuellement 1,8 million de tonnes équivalent carcasse par an, soit un peu plus que ce qui est produit en France en un an (1,505 million de tec). Pour l’instant, la consommation chinoise de viande bovine est assez faible (6,3 kgec/habitant/an en 2014 d’après l’Institut de l’élevage). Si cette consommation progresse ne serait-ce que de 500 g/habitant/an, cela représentera vite des tonnages conséquents compte tenu de l’importance de la population. On ne pourra pas aller partout dans ce pays. Il faudra cibler quelques provinces ou grandes villes et se focaliser sur ces objectifs. Rien n’est pour autant acquis. Les produits français devront aussi correspondre aux exigences chinoises sur les volets qualités et prix.
Les frontières de l’Arabie Saoudite et du Vietnam se sont récemment ouvertes à la viande française. Elles laissent entrevoir des opportunités mais avec des perspectives de volumes sans commune mesure avec la Chine. Il y a ensuite des pays comme la Turquie et la Malaisie. Ils procèdent par appels d’offre.
Certains des pays visés ont des exigences particulières pour l’agrément hallal des outils d’abattage. Ils souhaitent souvent des sites dédiés où 100% des animaux sont abattus selon ce rite. Ce sont autant de restrictions difficiles à respecter pour lesquelles on ne fait pas évoluer la situation d’un claquement de doigts."
Il faut miser sur des créneaux plus haut de gamme en mettant en avant la diversité de nos races et de nos terroirs. Le mode d’alimentation de nos animaux et leurs conditions d’élevage, comme par exemple l’aspect bien-être animal — très différent en particulier des systèmes d’élevage nord et sud-américains —, gagnent également à être mis en avant. La bonne réputation de notre gastronomie est un argument supplémentaire.
La consommation française et européenne est en baisse. Soit on croit en ces nouveaux débouchés et on cherche à les développer pour y exporter une partie de notre production. Soit on n’y croit pas et il faut réduire notre potentiel de production pour l’ajuster à nos habituels débouchés. Je suis convaincu que la première possibilité est la bonne et qu’il est possible d’ouvrir de nouveaux marchés. Même si cet argument n’a rien de bien nouveau, les évolutions de la démographie mondiale et la hausse des besoins dans certains pays vont mécaniquement faire progresser la demande. À nous de nous positionner pour en bénéficier."
D. G. - "Les caractéristiques de la production et de la consommation française font que l’essentiel de nos disponibilités reposent sur les races à viande, qu’il s’agisse de jeunes bovins ou de femelles. Après, les exigences de certains marchés font que certaines catégories peuvent être plus ou moins adaptées. Par exemple, la Turquie et le Vietnam cantonnent leurs achats aux seules viandes issues de bovins de moins de 30 mois, limitant de ce fait les possibilités d’achat aux seuls jeunes bovins."
La Chine me semble pouvoir être un marché moins volatil. Sur ce débouché, on espère pouvoir aboutir à un flux d’affaire plus stable et régulier."
Trente-trois entreprises réunies sous la même bannière
La plateforme collective France Viande Export a été constituée sous forme de SAS en octobre dernier. Elle regroupe actuellement trente-trois entreprises d’abattage de dimension très variable. Son objectif est de regrouper les professionnels français du secteur intéressés pour élargir leurs débouchés en dehors des pays de l’Union européenne. Cette SAS est présidée par Dominique Guineheux, directeur des achats bovins pour le groupe Bigard.
Pas question de faire des volumes au détriment du prix
Union France Limousin (UFL) est un des trente-trois partenaires de la SAS France Viande Export. Spécialisée dans l’abattage et l’exportation de carcasses de JB à raison de 250 à 300 têtes par semaine, c’est une filiale de deux coopératives (Celmar et Corali) dont les zones d’activité sont situées dans le Centre-Ouest de la France. En faisant partie de France Viande Export, UFL démontre que cette plate-forme ne se cantonne pas aux seuls poids lourds du secteur de l'abattage, tels Bigard, SVA ou Elivia.
« Pour la viande finie, notre activité export est réalisée depuis l’abattoir de Montmorillon, dans la Vienne. Actuellement, elle concerne principalement des taurillons limousins de 12 à 15 mois exportés en carcasse et essentiellement vendus sur le Sud de l’Italie et en Grèce », précise Hervé Gaborit, son directeur commercial. Une activité pour partie complétée par des JB plus âgés et plus lourds, et dans ce dernier cas majoritairement exportés sur les Pays-Bas. « En 2015, nous n’avons rien vendu sur les pays tiers. Le choix de rejoindre la plate-forme France Viande Export vise à élargir nos débouchés au-delà des frontières de l’UE à compter de 2016. Exporter sur ces pays n’est pas une fin en soi. On va chercher à se positionner sur de nouveaux débouchés. Si on le fait, ce n’est bien entendu pas pour le seul plaisir d’exporter et faire à tous prix des volumes. C’est pour mieux valoriser la viande produite par nos adhérents », explique Jean-Baptiste Moreau, président de Celmar et de UFL. « Qu’il s’agisse de viande de mâles ou de femelles, notre ambition est de profiter de certaines niches sur lesquelles nos viandes pourraient être correctement valorisées. Notre Limousine, c’est un peu le « Chanel » de la viande bovine. Pas question de brader notre produit », souligne Caroline Surleau, directrice de Celmar.