La Chine est le premier importateur mondial de viande bovine
Un tiers de la viande bovine consommée en Chine est importée. La France y contribue un tout petit peu.
Un tiers de la viande bovine consommée en Chine est importée. La France y contribue un tout petit peu.
Plusieurs années de décapitalisation ont fait passer le cheptel bovin chinois d’un peu plus de 120 millions de têtes — toutes catégories confondues — au début du XXIe siècle à 90 millions de têtes en 2018 dont 15 millions pour les animaux de type laitier. Depuis deux ans, la tendance est à la recapitalisation, dopée par des prix à la production attractifs. « En 2020, le prix moyen d’un bovin avoisinait 4,20 euros du kg vif, soit une hausse de près de 15 % par rapport à 2019 et + 27 % par rapport à 2016 ! », expliquait Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage à l’occasion d’un webinaire organisé sur ce pays.
Cette progression des tarifs est une des conséquences de la fièvre porcine africaine. À partir de l’été 2018, cette dernière a décimé le cheptel porcin chinois. Depuis, elle a par ricochet accru la demande en viande bovine d’autant que le manque de disponibilités en viande porcine a réduit l’écart de prix entre le porc et le bœuf sur les étals chinois. Cela a favorisé les reports de consommation avec une demande accrue pour la viande bovine.
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Or même si les Chinois sont avec 6,7 millions de téc l’an dernier les quatrièmes plus gros producteurs mondiaux de viande bovine derrière les États-Unis (12,4 millions de téc), le Brésil (8,8) et l’UE à 27 (6,8), la consommation intérieure chinoise – un peu plus de 10 millions de téc l’an dernier — progresse plus vite que la production intérieure. Elle alimente donc la hausse des importations : + 22 % l’an dernier.
La Chine continentale et Hong-Kong ont donc conforté leur rang de premier importateur mondial avec un peu plus de 3,2 millions de tec. Chiffre auquel il conviendrait d’ajouter quelques milliers de tonnes supplémentaires issues du cheptel indien et importées de façon illégale via le Vietnam. Quoi qu’il soit, en 2020, plus du quart des échanges mondiaux de viande bovine (commerce intra UE exclu) ont officiellement été destinés au seul débouché chinois avec pour principaux fournisseurs les pays du Mercosur, loin devant l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Canada.
Diversifier l’approvisionnement
« Le fait que la Chine ait des relations diplomatiques tendues avec certains de ces pays l’incite à élargir ses sources d’approvisionnement », soulignait François Blanc, conseiller agricole à l’ambassade de France en Chine. En 2020, la Chine a donc acheté du bœuf auprès de 21 autres pays pour un total de 129 000 téc. Parmi ces autres fournisseurs, plusieurs pays membres de l’Union européenne dont l’Irlande (9 638 téc) et la France (1 216 téc).
Pour l’année en cours, Jean-Marc Chaumet confirme la relance de la production intérieure chinoise mais s’interroge sur le maintien de la tendance haussière pour la consommation dans la mesure où le prix du porc diminue et revient progressivement à des chiffres plus habituels. Pour autant, le débouché chinois pourrait continuer à offrir quelques possibilités à la viande française, d’autant que la bonne image de l’agroalimentaire français avec le vin comme porte-étendard est un atout.
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Attention à ne pas se faire trop d’illusions dans la mesure où ces importations resteront cantonnées aux animaux de moins de 30 mois. « Or en Chine comme dans la plupart des pays asiatiques, les préférences gustatives vont à la viande grasse, voire très grasse », précisait François Blanc. Et avec une offre française principalement composée de viande de JB, plutôt claire et surtout bien maigre, « cela nous défavorise par rapport à la concurrence. Pour véritablement prétendre gagner des parts de marché significatives sur ce pays, il conviendrait de réadapter notre offre. »