« Je drenche les veaux avec le colostrum juste après vêlage »
Sébastien Labrune est convaincu de l’intérêt d’une bonne gestion du colostrum. Le suivi colostral au niveau du troupeau va lui permettre d’optimiser encore davantage la préparation au vêlage.
Sébastien Labrune est convaincu de l’intérêt d’une bonne gestion du colostrum. Le suivi colostral au niveau du troupeau va lui permettre d’optimiser encore davantage la préparation au vêlage.
Cela fait dix ans que Sébastien Labrune a commencé à mettre en place une préparation au vêlage (1), et 8 ans qu’il mesure la qualité des colostrums. « Quand une vache vient de vêler, je lui mets tout de suite le veau sous le nez. La vache est beaucoup plus cool, elle ne bouge plus, s’occupe du veau et se laisse traire beaucoup plus facilement », explique cet éleveur installé à Sazeray dans l’Indre avec 90 charolaises.
« Et il est beaucoup plus facile de drencher un veau nouveau-né que de drencher un réhydratant à un veau déshydraté, souligne Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire de l’élevage. Avec toutefois un bémol pour les colostrums trop sirupeux : « quand la concentration d’IgG est très importante, le colostrum peut avoir du mal à passer dans la sonde, cela nous est déjà arrivé de mettre un peu d’eau, sinon c’est très long », renchérit l’éleveur. La qualité du colostrum est importante pour avoir une bonne protection du veau, mais c’est aussi le volume bu (à adapter au poids du veau), et le moment où le veau boit.
Des veaux en pleine santé
Sébastien Labrune est convaincu de l’intérêt de cette pratique. « Je préfère traire les vaches puis drencher les veaux plutôt que de voir le vétérinaire venir les perfuser l’hiver quand il fait froid, affirme l’éleveur. Quand les veaux ont eu dès la naissance un colostrum de qualité et en quantité suffisante, ils n’ont aucun problème de démarrage dans leur vie. » Autre avantage de ce drenchage systématique après vêlage : « le pis est moins dur, le veau tête ensuite plus facilement, cela fait moins mal pour les génisses ».
Sébastien Labrune ne congèle pas de colostrum : « c’est trop pénible de le décongeler au bain-marie pendant une demi-heure la nuit ». Quand la qualité du colostrum est très moyenne, il préfère le compléter avec un colostro-remplaceur, mais cela reste exceptionnel.
Une baisse de qualité en fin de saison de vêlage
L’année dernière, sur les 92 vêlages, 86 colostrums ont été mesurés pour une moyenne de 107 g d’IgG/l. Les vêlages sont très groupés sur six à huit semaines : "je mets les taureaux pour la saillie le jour de la saint Valentin ! Les premiers vêlages ont lieu fin novembre », précise-t-il. Le suivi colostral mis en place dans le cadre de Coqc (voir ci-contre) a mis en évidence une dégradation de la qualité pour les vêlages en fin de période. Après Noël, des valeurs proches de 50 g IgG/ont été enregistrées alors qu’en début de période, ils étaient proches de 110 g voire au-delà. « Nous envisageons de mettre en place une complémentation voire une vaccination pour les vaches en fin de période pour ne pas avoir ces baisses, conclut Jean-Philippe Gartioux. L’objectif est, en l’absence de problèmes cliniques, d’optimiser la ration et le GMQ ».
Coqc : un observatoire national de suivi de la qualité du colostrum
L’observatoire lancé par le laboratoire Virbac donne des repères aux éleveurs et vétérinaires qui veulent démarrer un suivi colostral. Un service pour améliorer la santé des veaux.
Suivre la qualité du colostrum dans un but préventif : tel est l’objectif de Cocq (Conseil et observatoire de la qualité colostrale). Cocq propose de faire le suivi de qualité du colostrum avec un réfractomètre optique. Les concentrations en immunoglobulines sont enregistrées de façon anonyme dans une base de données centralisée. Y sont également recensées des informations générales sur l’élevage et sur les vaches (date et rang de vêlage, durée de tarissement, date de vaccination contre les entérites néonatales, date de traitement antiparasitaire, supplémentation en oligoéléments) ainsi que l’intervalle vêlage/mesure colostrale. L’éleveur mesure le colostrum d’au moins un tiers de ses vaches (minimum 20) puis transmet les données à son vétérinaire qui les envoie ensuite à Virbac. Le laboratoire élabore une fiche de synthèse qui permet au vétérinaire (1) d’aborder avec l’éleveur lors de la restitution les points forts, les axes d’amélioration et d’optimiser la préparation au vêlage. Une compilation des données des élevages de la clientèle du vétérinaire traitant est possible pour fournir un point de comparaison.
L’observatoire national est en accès libre
« Pour la première année de collecte en 2020-2021, 32 cabinets vétérinaires et 90 élevages (55 % laitiers et 45 % allaitants) ont réalisé plus de 3 000 analyses sur onze races », précise Thibault Devambez, responsable technique Virbac. Seize éleveurs ont collecté plus 50 colostrums, avec un maximum de 127 mesures. La qualité moyenne se situe à 94g d’IgG/l de colostrum. Pour un peu plus d’une vache sur cinq, le taux d’IgG est très insuffisant (moins de 50 IgG/l). Il est satisfaisant (plus de 80 gIgG/l) sur deux tiers des vaches prélevées. « Le colostrum est souvent en dessous de 80 gIG/l chez les laitiers avec une moyenne à 77 IgG/l contre 110 g IgG/l chez les allaitants », souligne-t-il.