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« J’ai revendu ma pailleuse ! »

La solution logettes + caillebotis a la préférence de Jérome Serieix. Et il parle en connaissance de cause. Parti d’un système 100 % paillé, il a transformé sa stabulation à deux reprises avant d’arriver à la configuration actuelle.

Transformer une stabulation pour la faire successivement passer d’un système 100 % paillé à une association couloir raclé + aire paillée et, au final, aboutir à une association couloir raclé + aire d’exercice sur caillebotis et couchage sur logette, c’est possible. À Liginiac, dans l’Est de la Corrèze, la transformation par étapes de la stabulation de Jérôme Sirieix en apporte la démonstration. « D’ailleurs, j’ai revendu ma pailleuse dans les semaines qui ont suivi la mise en service de mes logettes », explique cet éleveur de Limousines qui ne regrette rien quant à l’évolution de son bâtiment. « Au moment de la mise à l’herbe, mes animaux sont plus propres, et tout au long de l’hiver les pis ne sont pas souillés par les bouses. »

Initialement, sa stabulation était un bâtiment en bois (75 m de long et 14,15 m de large) sur aire paillée intégrale. « Quand elle a été construite, au début des années 2000, suite à mon installation, avec deux grandes cases à vaches séparées au milieu par des cases à veaux et cases d’isolement, j’avais bien pensé à un système plus économe en paille. Mais, à l’époque, cela ne serait pas passé, financièrement parlant.»

Quelques années plus tard, la mise en place du couloir raclé (4,15 m de large) derrière les cornadis et la construction de cases à veaux paillées à l’arrière grâce au prolongement du toit de la stabulation avaient permis de faire passer la capacité d’accueil du bâtiment à 84 vaches suitées, tout en ramenant les besoins en paille à environ 6 kg par vache par jour. Déjà, à ce moment-là, l’idée de mettre en place des logettes avait titillé Jérôme Sirieix. Cette option s’est concrétisée en 2012. À l’arrière du bâtiment, là où se situait l’ancienne aire paillée des vaches suitées, l'éleveur a installé deux rangées de logettes (respectivement 52 et 46 places) séparées par une aire exercice de 2,8 m de large sur caillebotis. Mis en place dès le départ, le matelas est analysé comme indispensable pour le confort qu’il procure.

Cinq hivers de recul

Creuser la fosse, faire les bétons puis poser caillebotis et logettes ont eu lieu au cours de l’été et de l’automne 2012. « On a tout fait nous-mêmes. Le recours à des plaque en béton préfabriquées a bien facilité le travail. » Et avec cinq hivers de recul, aucun regret. La suppression du paillage était, qui plus est, souhaitable, dans la mesure où Jérôme Sirieix fait une allergie à la poussière. La fosse fait un peu plus de 1,5 m de profondeur pour une capacité de 350 m3, et la mise en place des logettes a permis de faire passer la capacité d’accueil du bâtiment de 84 à 98 places. Désormais, les vaches sont réparties en quatre lots (deux de 28 et deux de 21) qui se transforment en seulement deux lots de 48 têtes une fois l’hiver bien entamé, quand les vaches qui devaient être inséminées l’ont été.

Avec les logettes, les moindres besoins en paille sont l’économie la plus facile à chiffrer côté coûts de fonctionnement. « Avant la mise en service des logettes, il me fallait 100 tonnes de paille par an. » Depuis, les besoins sont passés à 20 tonnes par an et surtout les surfaces en céréales cultivées sur l’exploitation suffisent. Plus besoin d’en acheter. Cela représente un joli chèque en moins dans la mesure où, sur la zone, il est difficile d’escompter avoir de la jolie paille à moins de 85 euros par tonne.

Le second volet qui, aux yeux de Jérôme Sirieix, gagnerait à être davantage mis en avant, concerne l’économie sur le temps de travail permise par l’absence de litière paillée, en dehors des cases à veaux. « Avec une litière paillée, il faut réceptionner la paille, la stocker, puis faire tourner la pailleuse. Cela prend du temps et fait fonctionner des moteurs. Ici, l’hivernage dure 150 jours. À raison de 1 heure par jour pour le seul paillage, cela représente quand même une somme pour le gasoil et l’usure du tracteur. » Il y a ensuite la corvée du curage du bâtiment au moins deux fois par an. « Avec ma litière paillée, il me fallait une journée de 11 heures à deux tracteurs pour vider la stabulation et épandre le fumier ! » Avec un système lisier, la gestion des effluents d’élevage est nettement moins gourmande en temps de travail et mobilise moins de moteurs. « En revanche, je continue à nourrir mes vaches deux fois par jour. J’aime bien rationner au plus juste. »

Mieux repérer les chaleurs

Le troupeau est en vêlage d’automne. Les vaches vêlent dehors en pâture et sont mises à la reproduction à compter de mi-novembre, date de la rentrée en bâtiment, en associant selon les lots monte naturelle ou IA puis repasse en monte naturelle. Actuellement, environ un tiers des vaches sont inséminées. « Quand je racle le couloir, je bloque toutes les vaches dans la partie avec les logettes. Cette proximité entre les animaux favorise l’expression et la détection des chaleurs. De plus, quand les vaches sont couchées en logettes, on voit mieux les émissions de glaires ; c’est, sur ce volet, un peu comme dans une étable entravée. »

Beaucoup d’éleveurs s’interrogent sur la possibilité de faire saillir des vaches dans des bâtiments sur caillebotis. Avec cinq hivernages de recul, cela ne pose pas de problème particulier sur l’exploitation de Jérôme Sirieix. « Les performances de reproduction et les IVV sont plutôt meilleurs que les années précédentes, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’un jour je n’aurai pas un animal accidenté. En revanche, il est certain qu’avec des caillebotis il ne faut pas acheter de taureaux adultes qui ne connaissent pas ce type de bâtiment. Je les achète autour de 1 an, et je prends soin de les habituer aux caillebotis avant de les mettre à la saillie. »

Une première semaine compliquée

Jérôme Sirieix reconnaît volontiers s’être fait peur la première fois qu’il a rentré ses vaches dans le bâtiment. « La première nuit, la plupart sont restées couchées sur les caillebotis ou le couloir raclé. Le vendeur des logettes m’a alors conseillé de mettre quelques poignées de paille sur le tapis des logettes. Cela a parfaitement fonctionné. En une bonne semaine la plupart d’entre elles ont pris l’habitude d’aller se coucher au bon endroit. » Certains veaux ont en revanche la mauvaise habitude d’utiliser régulièrement les caillebotis de leurs mères et, dans la mesure où ils peuvent aisément se retourner, se couchent alors le plus souvent en sens inverse. « Je pense qu’ils aiment pouvoir surveiller ce qui se passe dans le couloir. » Cela se traduit forcément par quelques bouses mal placées. « Mais cela veut aussi dire que les logettes sont confortables car, sinon, je suppose qu’ils iraient tous dans les cases paillées qui leur sont réservées. » Pour conserver les logettes propres, Jérôme Sirieix passe une fois par jour pour donner par-ci par-là quelques petits coups de raclette.

Avec du recul, s’il devait refaire l’histoire, il opterait pour une solution 100 % caillebotis + logette, donc sans le couloir raclé. Un bâtiment certes honéreux, mais analysé comme l’idéal pour avoir des animaux propres tout en économisant temps de travail et frais de fonctionnement. « L’association logettes + caillebotis, c’est au départ un très gros investissement. Mais après, on est tranquille. »

Combien ça coûte

La transformation de l’aire paillée en deux rangées de logettes séparées par une aire d’exercice sur caillebotis s’est traduite par un investissement d’un peu plus de 85 000 € HT. Les travaux ont été réalisés entièrement réalisés en auto-construction, avec des coûts qui se répartissent en 35 000 € de maçonnerie, 12 000 € de tubulaires, 14 000 € de matelas pour logettes, 11 000 € de caillebotis, 8 000 € pour le malaxeur et 7 000 € de béton.

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