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Installation en bovins viande : être éleveur fait encore rêver des jeunes

À l’occasion du salon Tech-Elevage, organisé du 28 au 30 novembre 2023 à La Roche-sur-Yon en Vendée, plusieurs candidats à l’installation et jeunes installés en viande bovine sont venus livrer leur témoignage. À les écouter, le métier d’éleveur fait encore rêver des jeunes, qui n’ont pas peur de travailler, mais ces derniers veulent de la rentabilité et un équilibre vie professionnelle/vie privé.

Comme ils s’installent plus tard et ont souvent déjà une conjointe ou un conjoint qui travaille, des enfants, une maison…, les futurs installés sont un peu moins mobiles.
Comme ils s’installent plus tard et ont souvent déjà une conjointe ou un conjoint qui travaille, des enfants, une maison…, les futurs installés sont un peu moins mobiles.
© C. Perrot

Depuis un an, Alexandre, 29 ans, cherche à s’installer en viande bovine sur le secteur des Achards, en Vendée. « Je ne suis pas issu du milieu agricole, a-t-il expliqué lors d’un pitch lien cédants sur le salon Tech-Elevage (85) le 29 novembre 2023. Mais je suis salarié agricole depuis neuf ans. J’ai testé beaucoup de productions. Et l’élevage de bovins allaitants m’a passionné. » Avec une compagne, un enfant, une maison, ce dernier ne veut pas déménager. Mais il reste ouvert à toute proposition de reprise dans son secteur, en conventionnel ou en bio, plutôt en individuel. Il a le soutien de sa famille et de ses amis.

Antonin, 19 ans, en BTS Acse, voudrait lui aussi s’installer en viande bovine et volaille d’ici 5-7 ans. « L’élevage de bovins viande m’intéresse, car je veux travailler avec le vivant et pouvoir entretenir le bocage dans lequel je suis né. » Il aimerait s’installer après un tiers ou avec un tiers. Clément, en Bac pro Cgea, souhaite aussi s’installer en volaille et viande bovine. Il est intéressé par la nature et par le fait de pouvoir nourrir la population avec des produits de qualité.

Comme eux, des jeunes rêvent encore d’être éleveur, depuis toujours ou en reconversion. Certains veulent s’installer en collectif, d’autres en individuel. « S’installer en collectif permet de partager les astreintes et les responsabilités, note Bertille Thareau, sociologue à l’ESA d’Angers. Cela implique toutefois que tous les associés s’entendent et aient les mêmes objectifs. Des jeunes préfèrent donc s’installer en individuel. »

Gérer son temps

Tous veulent de la rentabilité. Mais ils aspirent aussi à gérer leur temps comme ils veulent et préserver l’équilibre vie professionnelle/vie privée. « Le temps de travail ne me gêne pas, assure Rodolphe, installé en volaille et viande bovine et encore célibataire. Mais je veux pouvoir prendre du temps pour me ressourcer et me libérer de la pression de l’élevage. » Sylvain, installé en 2015 en volaille, cherche un complément d’activité, pour pérenniser son élevage et pouvoir prendre un associé qui partage les décisions et avoir des week-ends et des vacances. « C’est une priorité, car j’ai une vie de famille » souligne-t-il. L’accompagnement du cédant en cas de reprise est également essentiel. « J’attends une relation proche avec le cédant, indique Antonin. Je voudrais que nous ayons la même philosophie et qu’il m’accompagne les premières années. » Le cédant ne doit toutefois pas mettre trop de pression sur un apprenti qui réfléchit à s’installer, l’effet pouvant être qu’il prenne peur et fuit. Enfin, les jeunes ne sont pas découragés par l’agribashing. « C’est triste, mais motivant, estime Antonin. Des éleveurs montrent ce qu’ils font sur Youtube. Il y a des choses à faire. » « Il faut se protéger, mais pas se démotiver » ajoute Clément.

Adapter l’accompagnement

Une enquête de l’ESA d’Angers auprès de 140 jeunes installés montre que les profils et priorités des gens qui s’installent évoluent. Les porteurs de projet sont de plus en plus non issus du milieu agricole, ni du milieu rural. Ils sont plus diplômés et s’installent plus tard, à 29 ans en moyenne, après des stages et souvent du salariat en agriculture ou para-agricole. Cette expérience les conduit à être plus attentifs à l’équilibre vie professionnelle/vie privée et leur donne des compétences techniques, d’organisation du travail, du réseau… « Connaître les trajectoires peut aider à l’accompagnement, estime Bertille Thareau. Un jeune non issu du milieu agricole peut avoir du réseau s’il a fait de stages, été salarié, mais a peut-être besoin de soutien pour l’accès au foncier ou l’investissement. »

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