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Inséminer en pleine lumière

Au Gaec Bonnefontaine, une partie du cheptel est inséminé par Nicolas Van Katwijk, l’un des associés, lequel s’est laissé tenter par un nouvel outil proposé par la société IMV Technologies.

À Aix, dans l’Est de la Corrèze, le produit phare du Gaec Bonnefontaine est le veau sous la mère. Pour vendre au moment en principe le plus opportun, la plupart des femelles sont mises à la reproduction à partir de novembre et une bonne cinquantaine de vaches ont été inséminées entre cette date et début janvier. Ce travail fait partie des tâches affectées à Nicolas Van Katwijk, l’un des quatre associés. « J’ai suivi une formation IPE (insémination par l’éleveur) en 2013. J’avais fait une bonne quinzaine d’IA « classiques » au cours de l’hiver qui a suivi ma formation », explique le jeune éleveur, associé avec son frère David et ses parents Brigitte et Martin. Pour se faciliter la tâche, il s’est laissé tenter en novembre dernier par Alpha Vision, un système d’insémination assisté par vidéo, dédié à l’espèce bovine. Un outil actuellement vendu 3 000 € HT.

Voir à l’intérieur du corps de l’animal

« C’est un pistolet d'insémination équipé d'une caméra miniaturisée », explique Arnaud Biscay, chef de projet chez IMV technologie, la société qui produit et commercialise Alpha Vision, lequel mesure une fois monté un peu plus de 50 cm de long et pèse 600 g. Il repose sur un tube transparent de 3,6 cm de diamètre à l’extrémité duquel est positionnée la caméra. Ce tube sera introduit dans le vagin de la vache. Une ampoule led placée à son extrémité permet d’éclairer ce que « voit » la caméra à l’intérieur du corps de l’animal. Les images captées dans les voies génitales sont visibles avec une bonne définition sur l’écran couleur d’un smartphone, lequel est positionné au choix sur un avant-bras de l’intervenant ou contre son sternum grâce à une petite canne crochet. Avant l’acte d’insémination, cela permet d’aider à vérifier l’involution cervicale. Pour les utilisateurs confirmés, c’est également un outil de diagnostic qui permet de visualiser des infections telles que les métrites, des malformations du col de l’utérus, des saignements ou des kystes suite à des mauvaises cicatrisations après vêlage. « Comme tout smartphone, il permet de prendre des photos et offre ensuite la possibilité de les transmettre de façon à réaliser un premier diagnostic à distance par un vétérinaire », ajoute Arnaud Biscay. C’est également un bon outil pour contrôler la présence de mucus de chaleur. Les images retransmises par la caméra facilitent surtout la localisation du col de l’utérus de façon à vider le contenu de la paillette parfaitement au bon endroit et d'optimiser les chances de fécondation.

« La formation IPE est indispensable, insiste Nicolas Van Katwijk. Il faut impérativement avoir une très bonne connaissance de l’anatomie de l’appareil reproducteur et des cycles sexuels des bovins. » Autre impératif : une bonne contention. Pour autant, intervenir à l’arrière d’une cage ou d’un couloir de contention n’est pas la bonne solution. Bloquées à un endroit où on leur fait classiquement de petites misères, les animaux tendent alors à être stressés. « J’ai inséminé la plupart des vaches en salle de tétée. Elles sont alors bloquées, mais dans leur environnement habituel. C’est à mon avis la configuration idéale pour intervenir dans de bonnes conditions. J’en ai aussi inséminées côte à côte au cornadis. Il est évident que moins elles bougent, mieux c’est. » Nicolas Van Katwijk mesure 1,90 m. Avec un cheptel de format assez « standard » pour des Limousines, il utilise quand même une palette en plastique posée à l’arrière de la vache sur le couloir raclé pour être parfaitement à son aise pendant l’intervention.

Pas de bras dans le rectum

Comparativement à la façon de procéder habituelle, le recours à l’Alpha Vision facilite très nettement la localisation du col, puisqu’on l’a sur un écran devant les yeux. « Le fait de ne pas insérer le bras dans le rectum fait que la vache est moins en résistance. » Bien évidemment, dans la mesure où la lumière est produite par un led, la source de lumière ne chauffe pas et la consommation d’énergie est extrêmement modique. « Il est important de bien vérifier le niveau de chargement des batteries du smartphone avant d’aller inséminer, souligne Nicolas. On a deux heures d’autonomie à partir du moment où elles sont chargées. Une fois le matériel prêt, je compte environ 10 minutes par insémination. J’ai trois tubes différents. À moins de faire des groupages, il est quand même rare de faire plus de trois IA dans la foulée au cours de la même demi-journée. » Avec la caméra, il est aussi possible de repérer d’éventuelles malformations qui inciteront à ne pas faire d’insémination quand le taux de réussite risque d’être mauvais et à utiliser prioritairement un taureau, voire à orienter la vache vers l'engraissement. Nicolas Van Katwijk est très attentif à la quantité et à l’aspect du mucus de chaleur. Après avoir examiné en début de matinée une vache qui extériorise des signes de chaleur, il choisit souvent de reporter l’insémination en cours d’après-midi de façon à avoir le maximum de chances d’avoir une IA fécondante. Les paillettes sont achetées à l’UALC en utilisant une forte proportion de taureaux " veaux de boucherie ».

Pour cette année, les diagnostics de gestation réalisés avant la mise à l’herbe ont fait état de 60 % de réussite. L’IVV moyen du troupeau est actuellement de 380 jours, avec un taux de renouvellement de 20%. « Au départ, je pensais que les résultats seraient plutôt moins bons dans la mesure où je suis aussi un inséminateur « débutant ». J’espère faire mieux l’an prochain, d’autant que cet hiver les IA n’ont concerné que des vaches ", conclut Nicolas Van Katwijk.

Chiffres clés
165 ha dont 8 ha de maïs ensilage, 20 ha de céréales, 30 ha de prairie naturelle et le complément en prairies temporaires
125 vêlages/an (veaux sous la mère et quelques broutards). 80 % des vêlages de septembre à décembre. Le complément en fin d’hiver pour une bonne gestion de la ressource en herbe.

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