Insémination par l’éleveur : une niche qui fait des adeptes en élevage allaitant
L’insémination par l’éleveur continue sa progression en élevage allaitant, bien que les volumes restent modestes. Goût pour la technique, organisation du travail, coût de la mise en place… les motivations sont aussi diverses que les profils d'éleveurs qui la pratiquent.
L’insémination par l’éleveur continue sa progression en élevage allaitant, bien que les volumes restent modestes. Goût pour la technique, organisation du travail, coût de la mise en place… les motivations sont aussi diverses que les profils d'éleveurs qui la pratiquent.
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Sur 1,4 million d’inséminations artificielles (IA) sur femelles allaitantes, 59 610 (8 %) ont été réalisées par l’éleveur sur 2 230 élevages lors de la campagne 2022-2023 (6 % des élevages pratiquant l’IA). Ce nombre, certes modeste, progresse régulièrement chaque année : en dix ans, les inséminations par l’éleveur (IPE) sur femelles allaitantes ont été multipliées par 2,3, rapporte l’Institut de l’élevage dans son bilan de la campagne. Dans 84 % des cas, ceux qui pratiquent l’IPE ont réalisé la totalité des IA de leur exploitation.
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© Institut de l'élevage
L'organisation de son travail en toute autonomie séduit
Différents facteurs motivent le passage à l’IPE selon Denis Faradji, coauteur du bilan de l’Institut. Tout d’abord, une organisation assouplie du travail : l’IPE permet d’inséminer à son rythme, sans dépendre d’un opérateur externe. « Dans les zones de déprise, les tournées peuvent être très longues », et l’attente de l’inséminateur représente une contrainte dans l’organisation du travail. Aussi, « pour les grands troupeaux, dans les bassins allaitants, un associé ou deux peuvent choisir de se spécialiser pour réaliser l’IPE : cela réduit les coûts de mises en place sur ces chantiers qui se répètent tout au long de la période de reproduction ».
L’IPE permet en effet de réduire le coût individuel d’une mise en place. « Il ne faut cependant pas oublier les coûts indirects : formation, achat de la cuve et de fournitures diverses… », rappelle Denis Faradji.
Enfin, l’appétence technique de l’éleveur joue également. « Certains aiment gérer eux-mêmes tous les aspects de la reproduction car ils considèrent qu’il s’agit de leur cœur de métier ».
Les éleveurs de troupeaux charolais représentent la majorité des IPE
Le recours à l’IPE ne traduit pas un changement d’orientation des élevages : que les IA soient pratiquées par l’éleveur ou par un intervenant externe, les accouplements se pratiquent à 87 % en race pure. Son adoption par les différentes races allaitantes est globalement proportionnelle à celle de l’IA. « Les femelles de race charolaise représentent 53 % des femelles inséminées par l’éleveur ; cette part s'établit à 44 % pour les IA réalisées par les entreprises de mise en place » précise Idele. « La race charolaise possède une offre génétique abondante et segmentée (vêlage facile, gêne sans cornes, grands raceurs, …) qui répond aux besoins de bon nombre d’éleveurs, y compris ceux appréciant de maîtriser eux-mêmes chaque étape de la reproduction », estime Denis Faradji.
Déclaration des IA, attention au délai !
La déclaration de l’IA doit se faire dans un délai de 30 jours. « Celles qui sont enregistrées au-delà de cette période sont déclassées et ne contribuent pas à la certification des filiations des veaux qui en sont issus », rappelle Idele. En 2023, 16 % des IPE étaient déclarées hors délai, tous types de bovins confondus.