Génétique : « Des taureaux salers élites à moindre coût »
Riche de vingt années d’expérience, le GIE Génération salers permet aujourd’hui à une soixantaine d’éleveurs adhérents, du berceau cantalien mais pas que, d’accéder à moindres frais à des reproducteurs mâles issus des plus grandes lignées.
Riche de vingt années d’expérience, le GIE Génération salers permet aujourd’hui à une soixantaine d’éleveurs adhérents, du berceau cantalien mais pas que, d’accéder à moindres frais à des reproducteurs mâles issus des plus grandes lignées.
Créé en 2004, le GIE Génération salers fête son vingtième anniversaire cette année. Impulsé par trente éleveurs – pour la plupart des sélectionneurs reconnus dans la race – situés au cœur du berceau, le collectif regroupe désormais soixante-six membres. « 2024 marque un nouvel élan avec l’entrée de treize nouveaux élevages au sein de notre structure, dont beaucoup de jeunes motivés », se réjouit Philippe Manhès, le président, aussi fils d’éleveur sélectionneur et formateur au CFPPA d’Aurillac. Cette montée en puissance fait suite à l’exposition remarquée des taureaux du GIE au concours national de la race, à Saint-Flour, en 2023. Au total, les éleveurs détiennent ensemble près de 5 500 vaches dont la majorité est inscrite au Herd Book Salers et suivie en contrôle de performances VA4.
2024 signe également l’acquisition de « la perle de la race », Nicky, fils d’Impeccable sur Heureuse, en provenance de l’élevage de Philippe Jarrige dans le Cantal. Ce taureau d’exception a décroché le prix de championnat en 2022 au Salon de l’agriculture et a obtenu le rappel de championnat l’année suivante. Avec ce dernier achat en date, le GIE possède en tout onze taureaux disponibles à l’insémination artificielle. L’âge des taureaux à l’achat est de sept ans en moyenne.
Priorité à la qualité de la descendance femelle
En effet, les éleveurs adhérents ciblent prioritairement des taureaux issus de souches tardives, ayant déjà fait leurs preuves dans les élevages. « Notre objectif de sélection premier vise à conserver et à améliorer les qualités maternelles qui sont directement liées au revenu de l’éleveur », explique Philippe Manhès. « Les index ont une valeur informative, certes, mais nous nous fions avant tout à l’héritabilité des caractères et aux corrélations génétiques que porte le taureau. C’est la qualité de présentation de ses filles qui nous décident à acheter », poursuit-il. La sélection des reproducteurs mâles porte ainsi sur la qualité du pedigree et le phénotype de sa descendance femelle, c’est-à-dire la conformation des bassins, la rectitude des dessus et son épaisseur, les aplombs, la production laitière et pour ne rien gâcher, les qualités de race. « Un taureau avec les cornes en forme de lyre nous séduira davantage », sourit le président du collectif. La génétique sans cornes n’est pas recherchée.
Les doses à l’IA à disposition de tous les éleveurs
Le plus souvent, le repérage des taureaux se fait par le bouche-à-oreille. Le conseil d’administration, composé de sept éleveurs, fait le déplacement pour aller voir le candidat ainsi que ses produits et si la magie opère, une assemblée générale est organisée. Les adhérents procèdent alors à un vote à bulletin secret et c’est à la grande majorité favorable que la décision d’achat est actée. « Un taureau comme Nicky a reçu un vote favorable à l’unanimité », commente Philippe Manhès. En général, seule une assemblée ordinaire est tenue dans l’année, mais une seconde peut être provoquée si une opportunité d’achat se présente. Côté budget, le bureau mobilise d’abord ses fonds propres et ne demande une cotisation aux éleveurs adhérents qu’en cas de besoin. « Avec l’acquisition de Nicky, nous avons dû casser la tirelire, c’est pourquoi nous avons sollicité une participation individuelle à hauteur de 200 euros. Mais avant ça, les éleveurs n’avaient rien déboursé depuis 2018 », fait remarquer le président du GIE.
Les reproducteurs mâles dont le GIE Génération salers est propriétaire sont prélevés à raison de 3 500 doses chacun, avec mises aux normes internationales par les organismes agréés. Compte tenu de l’âge souvent avancé des taureaux achetés, ces derniers sont soit revendus après avoir été prélevés, soit renvoyés chez leur précédent propriétaire pour éviter qu’ils ne s’usent de trop. Les paillettes sont quant à elles mises à disposition en priorité aux adhérents gratuitement, dans les quantités qu’ils souhaitent. Pour les éleveurs non membres, la dose coûte entre 15 et 20 euros. « Le centre de stockage centralise les commandes et envoie les doses vers les coopératives dont dépendent les éleveurs », détaille Philippe Manhès. En France, il faut compter une livraison entre trois et cinq semaines. À l’étranger, le délai peut être un peu plus long, « d’où la nécessité d’anticiper », précise-t-il.
« Nous sommes fiers d’être toujours en place et de voir encore grossir notre structure, partage Philippe Manhès. Nos résultats économiques sont positifs, preuve que nos objectifs de sélection vont dans la bonne direction. » Avec l’entrée de Nicky en mars dernier, les ventes ont le vent en poupe, ce qui devrait permettre au collectif de rapidement amortir son achat. Le GIE espère poursuivre sur cette lancée, réaliser d’autres belles opérations à l’avenir et ainsi continuer à faire profiter ses adhérents et l’ensemble des éleveurs de salers d’une génétique haut de gamme à moindres frais.
Un bel outil de travail
Romain Chavenon élève, à Taxat-Senat dans l’Allier, 130 mères salers inscrites. Adhérent au GIE depuis sa création, ce dernier voit la structure comme un « outil de travail » sur lequel s’appuyer pour avancer plus vite en génétique. « Nous disposons de taureaux performants et accessibles, qui nous permettent par ailleurs de connecter notre troupeau (1) et de nous comparer à d’autres élevages », témoigne-t-il. Ce dernier apprécie également la diversité génétique qu’entretiennent les taureaux du GIE, en complément de ceux de monte naturelle déjà présents sur l’exploitation. « Je privilégie l’IA sur les femelles les plus prometteuses, lorsque je repère des souches aux origines particulièrement compatibles avec nos orientations raciales », reprend-il. Les taureaux du GIE représentent aussi une solution de choix en cas de rattrapage : « Si nous nous trouvons en panne d’un taureau, nous savons que nous bénéficions de la disponibilité pour le remplacer par un autre avec de très bonnes origines. » Romain Hérault, qui s’est installé sur la ferme familiale à Marcenat dans le Cantal, a adhéré au GIE au 1er janvier 2024. À la tête d’un troupeau de 60 vaches salers dont 60 % sont conduites en race pure, l’éleveur pratique l’IA sur près d’un tiers des effectifs et compte avoir recours aux doses des taureaux du GIE tous les ans. « Les reproducteurs mâles choisis à un âge avancé nous permettent de prendre davantage de recul sur les produits et de voir s’ils sont en phase avec nos objectifs de sélection propres », témoigne le jeune éleveur.
João Camejo, éleveur au Portugal
« Nous achetons les doses du GIE en toute confiance »
« Nous élevons 1 200 vaches au total de différentes races, à une quarantaine de kilomètres de Lisbonne, au Portugal. Nous avons misé sur la race salers il y a dix ans et comptons aujourd’hui 100 mères conduites en race pure et 150 en croisement charolais. Nous utilisons également des vaches F1 salers x charolais et salers x limousin pour produire des animaux pour l’engraissement. Tout ce sang salers descend des 100 bovins purs que j’avais inscrits, qui ne sont malheureusement pas enregistrés au Livre généalogique portugais à cause du mauvais fonctionnement de l’association nationale. Dans le cadre de notre schéma de sélection, nous avons profité à plusieurs reprises de l’offre du GIE Génération salers. Nous faisons confiance à ce collectif, qui mise sur des taureaux aptes à produire des bonnes femelles en priorisant la conformation du bassin, la qualité des mamelles, des aplombs et la docilité. Notre cheptel a déjà hérité de la descendance d’Ugolin, Vanlooy et Hérode et leurs produits nous plaisent beaucoup. »