[Fières d'être éleveuses] Adeline Yon : « J’aime communiquer sur mon métier, ma passion »
Installée sur l’exploitation familiale après un parcours dans l’agroalimentaire, Adeline Yon ne se prédestinait pas à l’élevage. Elle s’est laissée dévorer par la passion de la limousine qu’elle partage désormais sur les réseaux.
Installée sur l’exploitation familiale après un parcours dans l’agroalimentaire, Adeline Yon ne se prédestinait pas à l’élevage. Elle s’est laissée dévorer par la passion de la limousine qu’elle partage désormais sur les réseaux.
Si la reprise de l’exploitation familiale n’était pas forcément prévue dans le plan de carrière d’Adeline Yon, son métier est désormais une vocation. Et le sourire communicatif de l’éleveuse parlant de son élevage ne laisse aucun doute. En 2014, lors du départ en retraite de sa mère, elle la remplace au sein de l’EARL du Bois au Bé à Trébry dans les Côtes-d’Armor.
« Mes parents n’ayant pas de repreneur, il me semblait important de préserver ce patrimoine, patiemment construit tout d’abord par mon grand-père, puis en association avec ma mère, avant que mon père ne la rejoigne. Je ne voulais pas laisser le fruit de leur travail s’envoler. J’ai alors pris une disponibilité de deux ans dans mon entreprise de salaison où j’occupais un poste de responsable qualité. Prendre du temps pour apprendre, pour être sûre de ma décision, pour voir si travailler avec mon père ne posait pas de problèmes », se souvient Adeline Yon qui, aujourd’hui, est parfaitement épanouie au milieu de son cheptel de 85 mères limousines.
La limousine, une passion
Le grand-père d’Adeline Yon a misé dès le départ sur les limousines. Les premières sont arrivées du plateau de Millevaches. Le troupeau est inscrit. « La sélection est une passion. On prend garde avec mon père, lors des repas de famille, à ne pas parler de vaches, les autres membres de la famille n’étant pas du milieu. » L’exploitation participe régulièrement aux concours de la race, celui de Saint-Brieuc, Lisieux, le national tous les ans et, si les bêtes sont prêtes, celui de Paris. Pour préparer les animaux, l’éleveuse peut compter sur l’aide du cousin de sa mère pour dresser les bêtes à la prise en main. « Participer aux concours est une grande fierté. C’est également l’occasion de passer des moments conviviaux. J’aime discuter, échanger, d’autant plus si c’est pour parler de vaches ! Le problème : arriver à déconnecter », sourit Adeline Yon.
Côté génétique, la cheffe d’exploitation recherche des mères très laitières pour répondre à son système avant tout herbager, en MAE. Elle vise également le développement squelettique et à ramener de la viande. « Je mise aussi sur la finesse d’os pour des vêlages faciles. » Chaque année, une quinzaine de reproducteurs sont vendus. Certains partent à la station de Lanaud dont l’éleveuse est vice-présidente.
Les vêlages ont lieu entre mi-août et mi-octobre. Toutes les mises bas se font à l’extérieur. Les veaux sont bouclés dehors. Suite à un accident il y a quatre ans lors de la pose des boucles, immobilisant l’éleveuse quatre mois, une cage sur chargeur a été construite. Ainsi, les interventions peuvent désormais s’effectuer seules en toute sécurité. Par ailleurs, un parc de contention avec cage pneumatique a été créé à l’installation d’Adeline Yon.
Communiquer sur l’élevage
L’éleveuse communique également volontiers sur son métier. « Je prends beaucoup de photos pour montrer la génétique du troupeau. Je les publie ensuite sur les réseaux. Je poste régulièrement des informations sur l’élevage, présente ce que l’on fait. » Adeline Yon n’hésite pas par ailleurs à accueillir des personnes sur son exploitation pour répondre aux questions qu’elles peuvent se poser sur l’agriculture et leur montrer le métier d’éleveur. « J’aime échanger, parler de mon quotidien. C’est un réel plaisir. »
Elle attache ainsi une grande importance à la docilité de ses bêtes. « À la reprise, mon père avait réduit le cheptel ne pensant pas trouver de repreneur. Depuis trois ans, je m’applique donc à un tri sévère sur le caractère. Je passe également beaucoup de temps au sevrage pour la sociabilisation des animaux. » Adeline Yon fait attention au paillage et au bien-être de ses animaux.
Ne pas s’empêcher de prendre du temps pour sa famille
« J’ai eu une autre vie avant de m’installer. J’ai deux enfants. J’habite en bord de mer à 35 minutes de l’exploitation. Même si on doit toujours être là, je ne veux pas m’empêcher de profiter de ma famille. Je reviens à côté de l’élevage seulement pour les vêlages. Je compte sur l’aide des caméras et également de mes parents qui habitent à côté des bâtiments. L’économique et le temps de travail sont des paramètres à prendre en compte », précise l’éleveuse.
Depuis le 1er janvier, Adeline Yon se retrouve seule sur l’exploitation même si elle peut toujours compter sur ses parents. Après le départ à la retraite de son père, il y a deux ans, c’est au tour du salarié de l’EARL de raccrocher sa cotte après 40 ans passés sur l’élevage. « Je perds un collaborateur précieux. Je m’absentais en toute confiance. Pour l’instant, je fais appel à un service de remplacement mais j’aimerais trouver un nouveau collaborateur pour la suite. Un passionné de vaches, bien sûr ! Je conçois que des bâtiments ouverts ne soient pas l’idéal pour attirer d’un point de vue confort de travail mais c’est le top au niveau pulmonaire pour les animaux. Le travail est simplifié ce qui permet à l’éleveuse de passer du temps avec ses vaches. »
Pour la vente des réformes, l’exploitante travaille avec le label rouge et depuis deux ans avec deux bouchers qui apprécient les grosses carcasses. Pendant l’épidémie de Covid-19, elle n’a pas hésité à prendre sa voiture pour aller les démarcher. « Je commercialise mes bêtes en alternance avec un collègue avec qui j’acquiers des animaux en copropriété. »
Représenter l’élevage au niveau de la région
Depuis juin 2021, Adeline Yon représente les éleveurs bretons au conseil régional de Bretagne. « J’ai été sollicitée par le président de région suite à une visite sur mon élevage. Au départ, je n’étais pas forcément intéressée. Cependant, lorsque j’ai appris qu’il n’y aurait pas d’agriculteurs pour représenter l’élevage, j’ai accepté. Je trouve cela très intéressant et j’apprends beaucoup de choses. C’est une ouverture sur une multitude d’agricultures », souligne l’éleveuse. En charge du dossier installation-transmission, Adeline Yon prend très à cœur cette nouvelle mission. La région a impulsé les journées de la transmission pour que tout le monde prenne des engagements « pour préserver l’agriculture en Bretagne, il faut s’installer ! On ne pourra pas faire demain sans agriculteurs. C’est un métier de passionnés et passionnant. »
Chiffres clés
- 85 mères limousines
- 104 ha de SAU dont 12 de maïs, le reste en herbe
- 1 UTH