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En élevage, un plan de souveraineté finalement « renforcé »

À la suite des manifestations, l’exécutif a « renforcé » le plan de souveraineté pour l’élevage qu’il avait présenté lors du dernier Sommet à Cournon. Au menu : des précisions, quelques concrétisations, et des « objectifs chiffrés de production alignés avec l’évolution de la consommation ».

La baisse du cheptel « ne saurait constituer un objectif de politique publique », réaffirme le ministère de l'Agriculture, dans un dossier remis à la presse le 25 février 2024.
La baisse du cheptel « ne saurait constituer un objectif de politique publique », réaffirme le ministère de l'Agriculture, dans un dossier remis à la presse le 25 février 2024.
© François d'Alteroche

C’est un « plan renforcé de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage » que le gouvernement a présenté le 25 février au Salon International de l’agriculture. Un deuxième acte, qui fait suite à une première présentation au Sommet de l’élevage en octobre. Après les récentes manifestations, suivies par de nombreux éleveurs, ce plan a été enrichi d’un nouvel axe : l’exécutif s’engage à fixer des « objectifs chiffrés de production alignés avec l’évolution de la consommation ». « Nous devons produire ce que nous consommons », résume le ministère dans son dossier de presse. Ces objectifs seront établis « d’ici la fin du mois d’avril » grâce à une « consultation des filières d’élevage », qui étudiera aussi « les principaux leviers à mobiliser ou obstacles à surmonter ». Un travail qui aboutira à des plans par filière publiés « avant la fin du premier semestre », ainsi qu’à « l’adjonction de mesures transversales au plan ».

De nombreuses mesures du plan avaient déjà été présentées, comme l’adaptation de la fiscalité s’appliquant sur les élevages bovins (lire l’encadré). En matière de soutien financier, le gouvernement annonce un plan visant à fournir 400 millions d’euros de prêts garantis au secteur de l’élevage dès juillet. Une enveloppe déjà prévue dans la loi de finances 2024. Le gouvernement veut aussi obliger la restauration collective à intégrer dans ses menus 100 % des produits « durables et de qualité » pour les viandes et poissons.

Protéger l’image du secteur

Autre objectif : protéger l’image du secteur, l’un des principaux postes émetteurs de gaz à effet de serre de l’agriculture, avec les engrais. La consommation de viande, par exemple, ne « doit pas être stigmatisée », selon le plan. « La réduction de la taille de notre cheptel d’élevage en France n’a jamais constitué et ne saurait constituer un objectif de politique publique », affirme aussi le document. « Les baisses d’émissions du secteur de l’élevage à l’horizon 2030 identifiées dans la planification écologique […] peuvent être atteintes sans réduire la taille du cheptel par rapport à 2023, en agissant sur les autres leviers », comme l’alimentation animale, ajoute-t-il. Une orientation qui reprend le message de l’interprofession du bétail et des viandes à l’automne dernier. Le plan compote aussi un large volet très attendu sur la simplification des procédures administratives.

Alors que les organisations de ruminants de la FNSEA craignaient il y a peu un « plan au rabais », le président de la Fédération nationale bovine, Patrick Bénézit, estime que « dans les intentions, tout y est ». « Encore faut-il que ces cases-là soient bien remplies », tempère-t-il, notant un « besoin de préciser énormément de points » (loi Egalim 4, réciprocité des normes, souplesses sur la gestion des prairies, etc.).

Une mesure fiscale et sociale pérenne de soutien à l’élevage bovin

Dans un document remis à la presse, daté du 24 février, le ministère de l’Agriculture confirme qu'« un nouvel avantage fiscal et social permettra de lutter contre la décapitalisation du cheptel bovin français ». La mesure consistera en la création d’une nouvelle provision qui viendrait en déduction du résultat fiscal et social, et un budget total pouvant atteindre 150 millions d’euros. La limite sera de 15 000 euros et non plus de 150 euros par animal comme annoncé au Sommet de l’élevage 2023.

« Concrètement, chaque année, les éleveurs pourront déduire de leur résultat une provision à hauteur de l’augmentation de valeur de leur stock de vaches laitières, allaitantes et de génisses. À l’issue des six ans, si le cheptel a augmenté de manière constante sur les six années, alors l’éleveur aura acquis de manière définitive cette provision », explique la rue de Varenne.

Emmanuel Bernard, président de la section bovins d’Interbev et éleveur dans la Nièvre

« Il nous faut des règles claires et une protection »

« Il nous faut des règles claires, les plus simples possible et une protection. C’est une condition obligatoire, on ne peut pas s’en sortir autrement. Pour le 20 mars, il faut qu’on ait une feuille de route sans détour, sur le fait qu’on n’importe pas ce que l’on n’a pas le droit de produire chez nous. Ensuite, on doit savoir comment faire pour en 2030, 2040, être en capacité de disposer du cheptel, de la production de viande à l’échelle de notre pays, qui permette de répondre aux besoins des consommateurs. La filière Élevage et Viande peut fournir les éléments chiffrés : le nombre de vaches, le nombre d’éleveurs, … et les décliner par région s’il le faut. On possède également des outils pour donner de la visibilité au producteur, comme les indicateurs de coûts de production qui sécurisent les futures mises en production nécessaires au plan de souveraineté en bovin. Cette visibilité doit s’étendre à tous les acteurs de la filière, je pense notamment au maillage des abattoirs et à la situation des metteurs en marché, c’est important parce que tout est lié. On est prêts à répondre, mais on se tient aussi à l’écoute des prochaines annonces. »

Propos recueillis par Dorothée Briand

Retrouvez l’interview intégrale d’Emmanuel Bernard en vidéo au Salon de l’agriculture ici

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