éCow, nouvel outil des adhérents du HBC
Pratique, facile à comprendre et consulter, ne demandant pas de saisies ou d’enregistrements supplémentaires et qui plus est, totalement gratuit, éCow est le nouvel outil dont bénéficient les adhérents du herd-book charolais.
Pratique, facile à comprendre et consulter, ne demandant pas de saisies ou d’enregistrements supplémentaires et qui plus est, totalement gratuit, éCow est le nouvel outil dont bénéficient les adhérents du herd-book charolais.
Établir une hiérarchisation intra-troupeau des vaches selon leur rentabilité. Tel est l’objectif de éCow, nouvel outil d’aide à la décision proposé à tous les adhérents du herd-book charolais (HBC). Il permet un « classement économique » des vaches d’un même troupeau d’après leurs performances. À l’heure où dans le secteur de l’élevage on fait rarement de cadeaux, le fait de pouvoir bénéficier de ce nouveau service sans qu’il se traduise pour autant par une hausse des frais d’inscription mérite d’être souligné. « éCow est un outil inclus dans les services proposés par le HBC. Il est et restera 100 % gratuit », confirment les responsables de cet organisme. Ce document se présente sous la forme de deux tableaux Excel permettant de visualiser ce classement. Ils sont accompagnés d’un troisième tableau permettant à chaque adhérent de positionner les résultats de son cheptel par rapport à ceux de l’ensemble des adhérents au herd-book en scindant ces derniers en cinq sous-groupes selon le niveau de leurs performances.
Repérer les vaches les moins rentables
L’outil informatique qui a permis la réalisation de ces documents a été conceptualisé par Lauréna Jeannot. En 2018, quand elle a mis au point cet outil, elle était ingénieur en apprentissage au HBC. Le « cahier des charges » avait été préalablement établi par un groupe de travail composé de 20 éleveurs qui ont associé des inspecteurs du herd-book dans leurs réflexions. « Le but principal d’éCow est de faire un bilan objectif de ce qu’une vache, depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui, apporte au cheptel, et donc au revenu de l’éleveur. L’idée de base était de permettre à nos adhérents de repérer en un coup d’œil les vaches les plus et les moins rentables de leur cheptel », précise Aude Torrent, directrice technique du herd-book.
Le classement est établi et réactualisé chaque année en fonction de l’impact économique de leurs performances et de celles de leurs produits. Il concerne toutes les vaches du troupeau qui ont eu au moins un veau pesé, sevré et pointé au moment de l’établissement de ce classement. La volonté était de ne pas avoir à collecter de données supplémentaires en élevage, ce qui se serait forcément traduit par un coût plus élevé. Pour réaliser ce travail, le HBC s’est également inspiré du travail réalisé par Prim’Holstein France pour ses adhérents. Depuis 2017, ils disposent eux aussi d’un outil appelé éCow pour hiérarchiser leurs laitières. Ce travail s’est fait à travers l’association Symbiose. Elle mutualise les ressources, les compétences et les moyens et partage les innovations développées par ces deux associations. « L’originalité d’éCow, par rapport aux autres bilans qui peuvent être faits, est qu’il rassemble les vaches sur l’ensemble de leurs carrières, et non seulement sur les dernières campagnes. »
Trois tableaux et nombreuses possibilités de tri
La présentation des résultats est le fait de trois tableaux. Un premier concerne éCow carrière. Il attribue à chaque vache du troupeau une note (de zéro à 1 000) avec un classement par rapport au résultat économique de l’ensemble de leur carrière. Un second tableau éCow campagne établit un classement pour la dernière campagne. Il récapitule pour chaque vache la liste des veaux qu’elle a fait naître avec le nom du père de ces derniers. Cette information est complétée par la destination de ses veaux, à savoir s’ils ont été conservés pour le renouvellement sur l’exploitation ou dans un autre élevage ou s’ils ont été destinés à la viande dans un bref délai.
Différents critères sont pris en compte pour le calcul de éCow carrière : âge au premier vêlage, prolificité, pointage (lire encadré). La qualité des différents produits que chaque vache a fait naître est une des composantes de la note. Ces outils ont la possibilité d’être consultés directement sur smartphone depuis l’appli du HBC. Ils sont évidemment disponibles en version papier, mais c’est en travaillant avec la version informatique que les éleveurs seront véritablement en mesure d’en apprécier toutes ses possibilités. Elle leur permet d’établir des tris et une hiérarchisation de leurs femelles selon les différents critères. Les « bonnes vaches » tout comme les « mauvaises » sont bien connues de leurs propriétaires. Par contre, il est moins facile d’identifier des vaches qui ne font jamais parler d’elles. éCow peut mettre en évidence ces vaches sans soucis. Elles méritent de faire souche même si leur morphologie leur niveau d’indexation est perfectible. Les animaux les plus spectaculaires ne sont pas forcément les plus rentables !
L’atout d’éCow est également de s’affranchir un peu du poids de l’ascendance dans l’indexation. Le tableau Excel offre 20 possibilités de classement selon différents critères : nom du père, ISU, pourcentage de vie productive, âge, note éCow carrière, rang carrière, pointage, âge au premier vêlage, IVV, prolificité, mortalité avant sevrage, pourcentage de produits conservés ou vendus pour la reproduction, nombre de petits-produits conservés, conditions de naissance, poids moyen de naissance des produits, poids des veaux à 120 jours et à 210 jours, pointage des produits.
Un code couleur permet de visualiser la hiérarchie et le troupeau scinde les femelles en cinq sous-groupes selon leurs performances. Depuis les « bonnes » jusqu’aux « franchement mauvaises » qui gagneraient à être réformées sans tarder, à moins que la bonne connaissance du cheptel permette d’expliquer pourquoi une vache se situe au bas du classement alors qu’elle mériterait d’être mieux positionnée.
Il s’agit donc d’un outil d’aide à la décision. « Il ne doit pas être dissocié des choix de sélection propres à chaque éleveur », précise Aude Torrent. Il est plus particulièrement utile dans les cheptels de grande dimension où, effectifs oblige, le suivi des carrières est plus difficile à suivre.
« Aucune donnée génétique liée aux index n’est intégrée dans ce calcul. De toute façon les éleveurs disposent déjà de ces informations dans leur BGTA. De plus à la différence des index qui expriment le potentiel génétique de production par rapport à la race, les notes éCow expriment la réalisation de ce potentiel dans un cheptel particulier et prennent donc en compte les effets du milieu et les accidents de carrière. » Autant de données qui gagnent forcément à être complétées par la bonne connaissance que l’on a de son cheptel et des éventuels « accidents ponctuels de parcours » qui n’ont pas à remettre en cause la qualité de certains animaux.
Ce document qui est à analyser comme un outil supplémentaire d’aide à la décision a été remis cette année à tous les adhérents, à l’occasion du passage de l’inspecteur. Dans ses prochaines éditions, il pourrait être complété par un travail sur les lignées. Bien des troupeaux sont souvent issus d’un nombre parfois très limité de vaches qui ont « fait souche » car elles se sont reproduites régulièrement et ont souvent été conservées un peu plus longtemps avec de ce fait une descendance souvent nombreuse et globalement qualiteuse donc conservée pour assurer le renouvellement.
Les critères pris en compte
Sept grands critères sont pris en compte pour permettre l’évaluation des vaches du troupeau. Ils correspondent à des informations déjà disponibles dans la base de données du HBC. La pondération de l’importance accordée à chacun de ces critères a été établie après discussion avec le groupe d’éleveurs qui a suivi la mise en place du projet.
Il s’agit de :
1- L’estimation de la valeur bouchère de la vache (poids et conformation) établie d’après l’ISU ;
2- L’estimation de la valeur bouchère de ses produits (croissance et conformation) ;
3- Participation au renouvellement des cheptels (produits conservés pour le renouvellement ou vendus pour l’élevage) ;
4- Capacité à vêler (facilités de naissance et aptitude au vêlage) ;
5- Capacité à élever son veau (aptitude laitière) ;
6- Productivité et réussite au sevrage ;
7- Reproduction : produire un veau par an.
Au Gaec de Lepaud, éCow confirme la hiérarchie
Comme la plupart des adhérents du herd-book charolais, les associés du Gaec de Lepaud à Augy-sur-Aubois dans le Cher, ont reçu l’outil éCow en début d’année. Dans cet élevage, le troupeau se limite à 45 vaches avec vêlage de début d’hiver, vente de quelques mâles en repro tandis que les autres sont vendus à la criée de Sancoins, située à 11 kilomètres de l’exploitation. Il est associé à une troupe ovine Texel et des céréales. Cet effectif bovin somme toute modeste comparativement à bon nombre de troupeaux charolais va dans le sens d’un bon suivi et d’une très bonne connaissance des animaux, tant de la part d’Antoine Gros que de sa mère et associée Geneviève. L’outil leur a été présenté en cours d’hiver. Depuis, Antoine Gros l’a régulièrement consulté. « On connaît très bien notre cheptel. J’ai pour la plupart des vaches, bien retrouvé la hiérarchie que je me faisais de nos animaux. En tête on retrouve Élégante. En plus d’être bien typée comme on les aime, elle vêle chaque année sans soucis toujours à la même date. On a gardé toutes ses filles et elle est suitée cette année d’un mâle qui à nos yeux est prometteur. "
Sur l’exploitation, le plus possible d’animaux sont inséminés avant la mise à l’herbe. Les vaches suitées sont ensuite réparties en deux lots de façon à les accoupler au mieux avec les aptitudes de chacun des deux taureaux en service. Les lots sont ensuite très classiquement recomposés en cours d’été selon le sexe du veau.
« On a 9 filles de Capucin âgées de 6 à 10 ans dans les 16 premières vaches les mieux classées, dont Élégante. Capucin avait marqué notre cheptel. Cela saute aux yeux quand on analyse notre éCow. »
Sur l’exploitation, 2016 et son printemps pourri a eu un impact très préjudiciable sur la reproduction. « On le ressent encore aujourd’hui. Les foins de 2016 ont été de très mauvaise qualité. Cela a eu un impact évident sur les mises à la reproduction au début du printemps 2017 », précise Geneviève Gros. Certaines vaches ont tardé à reremplir avec des vêlages tardifs et de mauvais IVV pour les veaux nés début 2018. Et cela se ressent encore aujourd’hui. éCow le met bien avant.
Certaines bonnes mères du troupeau ont parfois été pénalisées dans leur notation. « Quand de bonnes vaches perdent leur veau, notre objectif est de leur faire adopter un remplaçant. Le fait d’avoir perdu un veau va la pénaliser dans sa note. Mais pour nous ce n’est pas forcément pénalisant dans la mesure où on estime que l’on a tout intérêt à la conserver dans la mesure où en allaitant un orphelin ou un jumeau, elle n’aura pas passé son année à ne rien faire. »