Ecoantibio2 démarre en 2017
Le second plan national pour réduire l’utilisation des antibiotiques vétérinaires ne donne pas d’objectif chiffré – sauf pour la colistine – mais demande d’aller plus loin dans les bonnes pratiques, la formation, et la sensibilisation sur le sujet de l’antibiorésistance.
Le second plan national pour réduire l’utilisation des antibiotiques vétérinaires ne donne pas d’objectif chiffré – sauf pour la colistine – mais demande d’aller plus loin dans les bonnes pratiques, la formation, et la sensibilisation sur le sujet de l’antibiorésistance.
« Le plan EcoAntibio2 est plus simple que le premier, avec vingt actions au lieu de quarante. Il est aussi beaucoup plus dans l’incitatif et moins dans le réglementaire », explique Éric Vandaële, d’Auzalide Santé Animale lors d’un symposium organisé en juin par Boehringer Ingelheim. « Le but est d’être à l’issue des cinq années dans la même tendance de baisse de l’utilisation des antibiotiques que pour Ecoantibio1. Mais cette fois-ci, il n’y a pas d’objectif chiffré, sauf pour la colistine (voir plus loin). Ce plan est par contre plus exigeant sur les bonnes pratiques, la formation, et la sensibilisation à l’antibiorésistance. »
Ecoantibio2 se décline en quatre axes. L’axe 1 demande d’aller plus loin, dans la continuité du premier plan, sur les mesures de prévention qui passent par la biosécurité, l’amélioration du niveau immunitaire des troupeaux. Nouveauté par rapport au premier, le plan demande d’acquérir des références sur les traitements alternatifs aux antibiotiques que sont la phytothérapie et l’aromathérapie. Il s’agit de soutenir la recherche, élaborer et diffuser des références sur ces techniques de santé, mais seulement pour les traitements de ce type qui sont déjà autorisés. L’usage des vaccins est une nouvelle fois encouragé pour prévenir l’apparition des maladies infectieuses bactériennes, mais aussi pour les maladies virales pour lesquelles des prescriptions d’antibiotiques sont nécessaires pour le traitement de complications bactériennes associées. Le plan mentionne aussi la mise en place d’études technico-économiques sur l’impact de la vaccination, y compris sur l’impact des vaccins viraux.
L’axe 2 renforce la communication et la formation sur les enjeux de la lutte contre l’antibiorésistance, dans l’idée directrice que la santé animale et la santé humaine ne font qu’un. C’est le concept « one health ». Une grande campagne de communication analogue à celle pour les humains sur le message « les antibiotiques, c’est pas automatique » sera lancée en incluant les deux secteurs, humain et vétérinaire.
L’axe 3 regroupe des mesures variées. C’est ici que le plan mentionne l’objectif de la réduction de 50 % en cinq ans, par rapport à la période 2014-2015, de l’exposition à la colistine en filières bovine, porcine et avicole. La colistine est un antibiotique peu coûteux, largement utilisé en élevage bovin, porcin et avicole, notamment contre les diarrhées des veaux à Escherichia coli. « Cet objectif sur la colistine ne devrait pas être si difficile à atteindre compte tenu des efforts déjà faits en 2016 dans les filières porcines et avicoles », estime cependant Éric Vandaële. Parmi les autres mesures, on peut noter le suivi des résistances, qui est déjà réalisé de longue date. Une nouvelle action porte sur l’attente de progrès sur les tests de diagnostics rapides : ils devront être recensés et évalués, et leur promotion sera faite s’ils sont fiables. En ce qui concerne le recours aux antibiotiques dans le cadre « hors examen clinique systématique », le plan demande une évaluation et une étude d’impact, mais il est très peu probable que le cadre réglementaire évolue dans les prochaines années.
L’axe 4 est orienté vers l’Union européenne et l’international, et vise à ce que la dynamique française de baisse d’usage des antibiotiques soit suivie par les autres pays et ne puisse pas être source de distorsion.
Ecoantibio1 a atteint ses objectifs
Le plan écoantibio 1, qui a porté sur la période 2012 à 2016, se termine sur un bilan très positif, avec l’atteinte de l’objectif d’une baisse de 25 % en cinq ans de la consommation d’antibiotiques. Le 21 mai, les vétérinaires français ont d’ailleurs reçu le Prix de la journée vétérinaire mondiale 2017 de l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et de la WVA (Association mondiale vétérinaire) pour leur action dans ce plan. « La baisse d’usage des antibiotiques a été la plus forte dans les filières qui les utilisent le plus, à savoir le porc et les volailles. En élevage bovin, la baisse a été plus longue à s’installer et elle stagne sur les dernières années », commente Éric Vandaële. « Le point très favorable du bilan de ce plan est que l’on constate la preuve qu’en diminuant la consommation antibiotique, la pression de sélection des bactéries résistantes diminue et la sensibilité réaugmente pour les antibiotiques critiques que sont les céphalosporines de quatrième génération et les fluoroquinolones. »