Du blé traité pour augmenter son pH et l'enrichir en azote
Laurent Gantois, éleveur dans les Vosges, engraisse des jeunes bovins avec une ration pratique et économique, alliant du blé traité par Maxammon et un aliment complémentaire du commerce.
Laurent Gantois, éleveur dans les Vosges, engraisse des jeunes bovins avec une ration pratique et économique, alliant du blé traité par Maxammon et un aliment complémentaire du commerce.
Installé à Frénois, dans les Vosges, Laurent Gantois dispose d’un bâtiment d’engraissement de 250 places, où il engraisse en régime sec des jeunes bovins et des génisses charolaises de 3 ans. Depuis l'an dernier, l’éleveur a opté pour un concentré unique pour tous les types d’animaux, alliant 68 % de blé traité avec Maxammon et 32 % d’un aliment complémentaire du commerce (composé notamment de pulpes de betteraves, luzerne deshydratée, tourteaux divers, vitamines et minéraux). De la paille de qualité est toujours à disposition.
"Le Maxammon est un aliment complémentaire qui doit être mélangé à la céréale. Le résultat est une céréale à pH élevé, qui peut être incorporée dans les rations à des niveaux bien plus élevés sans risque d'acidose. On peut aller jusqu'à 10 kilos en bovins viande. De plus, la céréale Maxammon gagne entre 4 et 6 points de protéines brutes (MAT), ce qui permet de réduire les achats de correcteur azoté ", explique Thomas Pacalier, d'Alltech. « Il était impératif de réduire le coût de la ration d'engraissement, étant donné les conditions de marché. L’objectif est atteint avec ce régime. J’ai économisé au bas mot 50 euros par tonne sur le coût de la ration complète, par rapport à une ration « blé (non traité) et aliment complémentaire". Et la croissance des animaux s’est améliorée », explique Laurent Gantois. Le blé contenait cette année, selon les parcelles, 11 à 13,5 % de protéines par kilo de matière sèche à la récolte. Après traitement, il titre 21,6 % de protéines par kilo de matière sèche. Pour cet hiver, une autre ration apportant 0,94 UFV/kgMS et titrant 14,95 % de MAT a été élaborée. Elle se compose de 8 kilos de blé au Maxammon, 2,5 kg de paille de blé, 0,8 kg d'aliment liquide à 18 % de MAT qui permet d'agglomérer les éléments, et de 0,5 kg d'un correcteur azoté classique à base de soja, colza et minéraux. Le coût alimentaire est de 1,95 euro par animal et par jour.
L’aliment est mis à disposition à volonté dans des rateliers libre service, à raison d’une distribution deux fois par semaine, réalisée avec une mélangeuse à simple vis verticale. Une validation de la ration est assurée par un nutritionniste de Alltech. Le premier mois, 10 % de tourteaux sont ajoutés pour favoriser le démarrage des broutards. L'an dernier, les mâles mis à l’engraissement entre 300 et 330 kilos vifs ont été abattus entre 14 et 16 mois, à 420 kilos de carcasse en moyenne. Un des lots de broutards à bon potentiel a réalisé 1800 g/j de croissance, pour donner des carcasses de 450 kg. « Je n’ai pas observé de changement de comportement des animaux. Ils sont très calmes. Il n’y a aucun problème d’appétence pour le blé traité dans le mélange, même si une odeur d’ammoniac est perceptible au niveau du silo », observe l’éleveur.
Laurent Gantois a fait appel à un camion-usine pour la confection du mélange et du silo. Le coût s’est élevé à 19 euros par tonne. Les 204 tonnes ont été traitées en une journée. Le camion aspire l’eau, concasse les grains et mélange les ingrédients. Il est aussi possible que l’éleveur réalise lui-même la préparation si les quantités ne sont pas très importantes, avec une mélangeuse. Le grain peut être aplati ou broyé. Le silo est idéalement installé sous un toit, mais peut aussi être réalisé au sol sur une bâche à l’extérieur, du moment qu’il est préservé d’un éventuel ruissellement d’eau. Stocker les céréales traitées en boudins est aussi faisable.
Un pH de 9 au bout de deux à trois semaines
Pour traiter une tonne de céréale aplatie ou broyée, il faut mélanger 25 kilos de Maxammon, 100 kilos d’urée alimentaire (Maxactive) et de l’eau. Le Maxammon est une solution commercialisée à l'origine par la société écossaise Harbro. Il contient un principe actif naturel issu de la fabrication d'un champignon, Aspergillus niger. " Ce composé agit sur la microflore naturelle de la céréale et permet de transformer l'azote non protéique en ammoniac valorisé par la flore du rumen, et en bicarbonate d'ammonium ", explique Rémi Mathieu. "Avec le Maxammon, on peut garantir une réaction stable et totale. " Il contient également des levures et des huiles essentielles sur un substrat de poudre de maïs et de soja. «Le pH du blé qui est autour de 5 passe alors à environ 9. La réaction nécessite deux à trois semaines, pendant lesquelles le tas doit être bâché. Après ce délai, le tas est débâché et le produit est stabilisé pour une durée d’au moins un an. Il n’y a pas de rythme d’avance du silo à respecter, ni de risque d’échauffement à l’auge », explique Rémi Mathieu.