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Des bâtiments qui respirent hiver comme été

Évolution du climat, agrandissement des troupeaux, utilisation plus longue des bâtiments nécessitent un réajustement de la ventilation pour favoriser une bonne ambiance dans les bâtiments.

La ventilation des bâtiments d’élevage doit être réfléchie de manière à garantir de bonnes conditions de vie aux animaux. Or, le contexte change et avec lui, les préconisations. Ce que l’on a vécu en 2018 — période sèche très marquée, chaleurs caniculaires — devrait devenir plus courant les prochaines années, modifiant ainsi sur le long terme le rythme de pousse de l’herbe. « En 2050, on estime que pour certains élevages plus de 50 % des stocks de fourrages seront distribués en dehors de l’hiver, amenant les éleveurs à distribuer davantage de fourrages au champ ou en bâtiment, l’été. Le temps de présence des bêtes en stabulation sera ainsi allongé. S’il y a moins urgence en vaches allaitantes qu’en vaches laitières, cette tendance va sans aucun doute s’intensifier. Ajoutons à cela, l’agrandissement des troupeaux qui s’accompagne de constructions de bâtiments de plus en plus larges et donc plus difficiles à ventiler. En 1990, la stabulation moyenne était de 20 mètres de largeur alors qu’aujourd’hui, les bâtiments de moins de 30 mètres se font plus rares. Autant dire que les recommandations de ventilation suivies jusque-là ne sont plus d’actualité. Il est donc urgent de repenser toute la logique de conception et de modulation des bâtiments pour assurer le confort des animaux hiver… comme été », avertit Jacques Capdeville, chef de projet bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage.

Le bâtiment d’élevage n’est plus seulement un abri pour l’hiver

S’il convient en hiver de protéger les animaux contre les courants d’air directs, il est nécessaire en été, de diriger directement les flux d’air sur eux afin de les rafraîchir. Les ouvertures modulables apportent des solutions, en phase avec la nouvelle donne. Cela requiert des matériaux dits « brise-vent » (voir page ??) qui permettent de renouveler l’air en réduisant sa vitesse à l’intérieur du bâtiment l’hiver et de pouvoir de plus en moduler les ouvertures. Si les adultes ne craignent pas le froid, les veaux y sont très sensibles. Il est important que les bâtiments en tiennent compte. Lorsque les entrées d’air sont en limite d’une zone occupée par les animaux, il est recommandé de placer la base de l’entrée d’air à 2 mètres au moins au-dessus du niveau de l’aire de vie pour éviter les retombées d’air froid en hiver.

En été, la température dans les stabulations peut très vite dépasser le seuil d’inconfort des bovins, lequel est atteint dès 24 à 25 °C quand le taux d’humidité est élevé. « Il faudrait que le bâtiment, l’été, se comporte comme un parasol avec une toiture qui isole du rayonnement solaire et qu’en dessous aucun obstacle ne vienne entraver la circulation de l’air. Or, la très grande majorité des constructions de ces dernières années est restée basée sur le concept d’hivernage pour protéger les animaux du courant d’air froid. Attention également, au dôme éclairant dans les bâtiments larges qui peut ramener trop de chaleur dans le bâtiment l’été. Plus le dôme est large, plus il est difficile d’évacuer l’air chaud. Il est préférable d’ajourer les pignons pour ramener de la luminosité sans chaleur l’été. Tout l’enjeu est donc de trouver le bon compromis pour que les animaux expriment pleinement leur potentiel de croissance ou de production », souligne Jacques Capdeville.

 

 

 

Le vent, un allié pour chasser l’humidité

Pour assurer une ambiance de qualité tout au long de l’année, il faut agir sur la ventilation. Il est capital d’extraire l’humidité, favorable à la survie des contaminants et à la dégradation du bâti. « L’objectif est de renouveler suffisamment l’air, sans pour autant perturber le confort des animaux. Aujourd’hui, c’est l’effet vent qui remplit la fonction d’évacuation de l’air (ventilation naturelle) dans un bâtiment. L’effet cheminée, rendu moins efficace en raison de hauteurs et largeurs de bâtiments de plus en plus importantes, est devenu secondaire. L’air chaud qui monte, refroidit avant d’atteindre le faîtage, lorsque le volume est trop grand. Créer des relais de ventilation à l’aide d’un décrochement de toiture ou avec une écaille de toiture peut s’avérer intéressant. Les faîtières avec tôles pare-vent restent intéressantes car elles donnent un effet ascenseur pour le vent et aident au fonctionnement global du bâtiment. On l’aura compris, le vent est l’acteur principal dont il faut tirer parti. Il doit pouvoir entrer et sortir. Conditions d’implantation, d’orientation et ouvertures ventilantes sont alors primordiales pour qu’il joue son rôle », précise Stéphane Mille, chef de projet bâtiment d’élevage.

L’erreur actuellement est d’accoler la structure à une autre construction ou à un élément topographique modifiant la circulation de l’air. Par ailleurs, on ne parle plus de vent dominant. Les données météo révèlent en effet au cours d’une année, deux à trois orientations principales de vent et ce, presque partout en France. Les recommandations d’une orientation sud/sud-est sont donc moins vraies avec des vents variables. « L’environnement immédiat modifie complètement les vents. Il doit être pris en compte. L’implantation d’un nouveau bâtiment doit être pensée avec mesure et n’est pas répétable d’un élevage à l’autre. Construire une stabulation sur un site exposé est une bonne solution, d’autant qu’il existe sur le marché une gamme étoffée de filets brise-vent pour ralentir les flux. L’ouverture d’une ou plusieurs façades est à privilégier mais attention à l’exposition. Il sera toujours temps de protéger les ouvertures si nécessaire. La façade ouverte n’est pas forcément la table d’alimentation. Dans certains secteurs, on se protège surtout des oiseaux », explique Jacques Charlery de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne.

 

Le bardage en bois ajouré reste une valeur sûre

La construction d’un bâtiment représente un investissement conséquent pour les éleveurs, son coût oscillant pour le logement entre 1 600 et 2 220 euros pour une vache allaitante. « Il est donc nécessaire de prendre en considération, dans les constructions à venir et qui vont fonctionner jusqu’en 2050, le nouveau cahier des charges de ventilation et de privilégier un bâtiment simple sans qu’il soit coûteux. »

Lorsque l’on parle de rendre les bâtiments plus ouvrables et modulables, « on n’a surtout pas en tête de proscrire le bardage bois. » Il offre toujours de très bonnes solutions. Il reste encore sur le marché, le brise-vent le plus solide et le plus efficace contre la pluie. Il résiste également à la pailleuse et s’adapte très bien à l’autoconstruction. On dispose ainsi, d’un bardage très performant avec un coût final parmi les plus bas. Les translucides sur les pans du bâtiment peuvent compléter le bardage bois pour protéger et garder de la luminosité. « Certes son seul défaut est de ne pas être modulable mais on commence à voir apparaître des nouveautés intéressantes : création d’une fenêtre de bardage, panneaux coulissants, bardages ajourés ou pleins montés sur panneaux articulés, panneaux basculants. On peut également l’associer à d’autres matériaux modulables, ce qui représente une réponse performante », évoque Jacques Capdeville.

 

Quid des ventilateurs

Dans les bâtiments d’engraissement existants, les ventilateurs peuvent être utilisés en secours, en périodes caniculaires. Pour les nouvelles conceptions, « il faut d’abord jouer sur l’orientation (ombre et air) et ouvrir les bâtiments car, dans bien des cas, on peut éviter de dépenser de l’électricité. Dans le quart Nord-Est, on peut recourir aux ventilateurs en complément. Par contre sur la façade atlantique, il faut ouvrir les bâtiments », note Jacques Capdeville.

 

Une exception : les bâtiments localisés en zone de montagne

 

En zone de montagne, la problématique est encore différente. Il faut laisser rentrer l’air tout en se protégeant des intempéries (problème de neige). « On cherche par exemple à guider l’air entrant à partir d’un décalage de bardage. Une plaque polycarbonate positionnée verticalement permet dans un premier temps de faire monter l’air entrant et de favoriser l’effet cheminée. Pour éviter ensuite les retombées directes sur les bêtes, on place une plaque déflectrice. Pour protéger les animaux fragiles, il est possible d’ajouter un plafond poreux au-dessus des veaux. Une tôle perforée à plat et un volet réglable permettront ensuite de réduire la vitesse et de moduler l’air entrant. On oublie par contre ce système en zone de plaine qui produirait un effet rebond », note Jérôme Delarbre, conseiller bâtiment de la chambre d’agriculture du Cantal.

L’isolation de la toiture est également très importante. Une attention particulière est à porter au niveau des entrées d’air parasites, que sont les portes et les sorties de racleurs. Les premiers peuvent être bouchées à l’aide de balais, les secondes par des bavettes ou des trappes.

 

Des constructions aujourd’hui trop consommatrices de paille

« On rencontre encore trop de logements basés sur des systèmes trop exigeants en paille (90 % des bâtiments ces vingt dernières années). Certes, ces structures sont favorisées par un coût d’investissement de départ bas et une réglementation permettant le stockage des déjections au champ, pour des litières cumulées de deux mois. Mais attention à leurs coûts de fonctionnement qui explosent les années de pénurie de paille, dans des régions où elle se fait rare », insiste Jacques capdeville. Le prix de bascule, entre un bâtiment paillé et un, moins consommateur de paille, se situe aux alentours de 85 - 90 € la tonne. « D’autant plus qu’il existe des solutions de logements intéressantes pour les cheptels allaitants moins consommateurs en paille, comme les logettes et les pentes paillées. »

 

Le saviez-vous ?

Les ruminants sont très sensibles aux courants d’air. « On admet que 0,25 mètre/seconde pour les jeunes animaux et 0,50 m/s pour les adultes sont les valeurs maximales acceptables en continu sur les aires de vie », note l’Institut de l’élevage.

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