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Des abreuvoirs compatibles avec le pâturage tournant dynamique

Pour permettre une mise en place du pâturage tournant dynamique sur des parcelles longtemps dévolues aux cultures puis reconverties en pâtures, David Deneuve a opté pour des bacs mobiles, faciles à déplacer puis à rebrancher sur des lignes d’eau positionnées sous les clôtures.

Chez David Deneuve à La Guerche-sur-l’Aubois dans le Cher, le pâturage tournant concerne tous les lots. En bio depuis 2018, son cheptel de 55 limousines est en système naisseur-engraisseur avec des vêlages de début d’hiver. Les mâles sont castrés à l’élastique dans les jours qui suivent la naissance et vendus finis entre 32 et 36 mois.

Pendant une dizaine d’années le troupeau a été conduit avec un classique pâturage tournant. « Les lots restaient six à sept jours sur chaque paddock avant de passer au suivant », explique l’éleveur. Cette conduite a évolué vers du pâturage tournant dynamique. Sauf rares exceptions, chaque lot reste donc 24 à 48 heures sur un même paddock pour disposer d’une herbe toujours au bon stade sans pénaliser les repousses.

Quand l’herbe remplace les céréales

Cette mise en place du pâturage tournant dynamique correspond aussi au retour de l’herbe sur des parcelles en culture au potentiel modeste. Une évolution à l’inverse de ce qui est actuellement constaté dans la campagne berrichonne où la tendance est clairement à la « céréalisation » du territoire plutôt qu’au retour de la prairie.

Remettre en herbe des parcelles jusque-là consacrées aux céréales permet en revanche de travailler sur de grandes unités à peu près planes et sans obstacles dans la mesure où le parcellaire avait été remodelé pour utiliser du gros matériel : arasement des haies et grandes parcelles de forme rectangulaire. Ce qui dans un sens permet désormais d’optimiser la mise en place du pâturage tournant dynamique.

À savoir de longs couloirs toujours de la même largeur (100 m) avec un fil avant et un fil arrière de manière à simplifier le plus possible la rotation des animaux sur les paddocks. Sur la plus grande parcelle, ces couloirs parallèles font pratiquement 500 mètres de long. Ils sont séparés par un unique fil lisse énergiquement tendu entre deux gros pieux d’acacia et correctement relié à un électrificateur qui se doit d’être parfaitement efficace.

Des abreuvoirs compatibles avec le pâturage tournant dynamique

Sur ces longues clôtures rectilignes délimitant les couloirs, des piquets en fibre de verre sont positionnés tous les 20 mètres. Cela permet en recoupant le couloir avec un fil avant et un fil arrière d’avoir des dimensions de paddocks prédéfinies sur lesquels les animaux vont tourner rapidement.

Abreuvoirs branchés en push pull

L’abreuvement des animaux repose sur un système d’abreuvoirs mobiles très faciles à déplacer. « Je les repositionne dans un coin le long de la clôture électrique hypertendue. L’abreuvoir est rebranché sur une prise rapide en push pull », précise David Deneuve. Ces prises d’eau sont accessibles tous les 100 mètres sur un tuyau positionné sous la clôture électrique hypertendue.

Il y a une ligne d’eau alternativement positionnée tous les deux fils (voir graphique), ce qui permet de successivement desservir avec le même abreuvoir la totalité des paddocks qui au fil des jours seront successivement pâturés. Les premiers abreuvoirs ont 5 ans d’utilisation et donnent globalement satisfaction. Ils sont en plastique d’une capacité de 130 litres avec un niveau constant. Ils sont faciles à déplacer et suivent le lot avec la pierre à sel.

Chaque ligne d’eau qui passe sous un fil électrifié sur deux est branchée de façon perpendiculaire sur une conduite d’eau enterrée de diamètre un peu plus important. Cette dernière amène l’eau du réseau depuis le siège de l’exploitation avec un maximum de 800 m entre le départ du réseau et le branchement en push pull le plus éloigné. Utiliser l’eau captée depuis un forage a été tenté une première fois mais n’a pour l’instant pas donné les résultats escomptés.

Facile d’entretien

« En incluant les clôtures et le dispositif pour abreuver les lots, l’investissement de départ avoisine 150 €/ha mais ce chiffre serait probablement plus proche de 200 si cet investissement avait dû être réalisé cette année ! », souligne David Deneuve. En dehors de la facilité pour déplacer les lots d’un paddock à l’autre, le gros avantage de ces couloirs tout en longueur est d’être parfaitement compatibles avec un entretien mécanisé de la parcelle avec si besoin et pour les mêmes raisons la possibilité de réaliser dans de bonnes conditions une coupe de foin ou de regain. Actuellement les croissances sont de 1 100 à 1 200 grammes sur les veaux sans complémentation. Les génisses d’élevage et le lot de bêtes à l’engrais bénéficient largement de cette gestion optimisée de l’herbe. La plantation de lignes d’arbres le long des clôtures est actuellement en projet avant tout pour permettre - à terme - de procurer de l’ombre aux animaux.

Voir aussi en vidéo ici

À l’herbe le plus longtemps possible

La mise en place du pâturage tournant dynamique a favorisé un allongement de la durée du pâturage : de début mars à mi-décembre pour les bêtes de 1 et 2 ans et de la fin mars ou des premiers jours d’avril jusqu’à début décembre pour les vaches suitées, du moins tant que la météo permet aux sols d’être suffisamment portants. Les sécheresses sévères peuvent bien entendu contraindre à puiser dans les stocks. Même si les tuyaux qui amènent l’eau sous la clôture sont pour partie dissimulés sous l’herbe, l’eau est forcément un peu plus chaude en été. Rien de handicapant pour autant. Même s’il ne gèle plus très fort en hiver, tout le système est purgé en fin d’automne puis révisé en fin d’hiver.

 

 

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