Elevage bovin
Dans l´Indre, travail rationalisé et suivi soigné des animaux
Elevage bovin
Dans le Boischaut sud, au sud du département de l´Indre, François Dumont conduit seul un troupeau de quatre vingt-dix mères charolaises. Son organisation du travail lui permet d´obtenir des résultats réguliers et de bon niveau.
Le maître-mot, dans la conduite d´élevage de François Dumont, est la gestion du temps de travail. Il a dès son installation eu comme priorité l´amélioration de l´efficacité du travail d´astreinte, mais sans accepter de sacrifier en contrepartie ne serait-ce que légèrement, le niveau des performances zootechniques. « Quand je me suis installé en 94, j´ai repris le troupeau charolais de mes parents qui était d´un bon niveau. J´ai commençé par remplacer les bâtiments « tout entravé » par des stabulations libres », explique l´éleveur installé à Saint-Christophe-en-boucherie dans le sud de l´Indre. Une première stabulation a été construite l´année de son installation pour y faire vêler quarante vaches, et une seconde a suivi en 1997.
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Une régularité de métronome. |
95 vêlages tous les ans entre mi-novembre et mi-janvier
Entretemps, il a transformé un bâtiment entravé en stabulation libre. « Pour avoir un bon outil de travail si rapidement, j´ai passé beaucoup de temps dans mes premières années d´installation à faire de « l´autoconstruction ». Et j´ai engagé des emprunts importants. Ils ont été supportés par l´augmentation par croît interne du cheptel, qui est passé de 65 à 95 mères, et le maintien nécessaire des performances zootechniques. » François Dumont a regroupé les naissances sur une période très courte, toujours pour mieux rationnaliser son temps de travail. 90 à 95 Charolaises vêlent tous les ans entre la mi-novembre et la mi-février, avec une concentration les six premières semaines, alors qu´il y a encore quelques années les vêlages s´étalaient de novembre à juin. « Les vêlages groupés permettent de concentrer la charge de travail liée aux naissances. Je me lève en général une fois dans la nuit pendant cette période, selon les observations faites dans la soirée. Si cela durait plus de trois mois, je pense que mon application et mon attention baisseraient avec la fatigue qui s´installe et des problèmes pourraient être à prévoir en fin de période », explique François Dumont.
L´éleveur habite dans le bourg à un kilomètre et demi des bâtiments. Il a construit ses stabulations avec des grandes cases logeant chacune des lots de 20 ou de 25 à 30 mères. Mais dans une même case, les vêlages se déroulent sur deux à trois semaines au maximum (les vaches sont inséminées en grande majorité et toutes sont échographiées). Les risques de maladies des veaux sont ainsi limités par le fait que les veaux sont d´âge très proche, et le vol du lait des dernières à vêler par les veaux les plus dégourdis est évité. Le recours à l´insémination artificielle pour 80 % des femelles - toutes celles qui sont fécondables pendant la période de stabulation - a permis de maintenir et de faire progresser le niveau génétique bien que François Dumont ne puisse pas complètement trier les femelles sur leur valeur génétique. En effet sa priorité étant de maintenir cette concentration des vêlages sur une période de deux mois et demi à trois mois, les femelles ont entre trois et quatre cycles pour remplir. En dehors de cela, point de salut. Le taux de renouvellement est de 32 % en moyenne.
« Je vois arriver de bonnes génisses et le troupeau évolue dans le bon sens. Le groupage des vêlages permet d´alloter les animaux assez finement. Comme ils ont pratiquement le même âge pour une génération donnée, et que l´effectif est important, je peux les trier sur plusieurs autres critères. »
Mais le nombre de réallotements est bien raisonné. « Je ne change pas la composition des lots au cours de l´hiver, ils sont faits une fois pour toutes à la rentrée en stabulation en fonction des dates de vêlage, avec un lot de primipares. » Les autres réallottements sont faits au moment de la sortie à l´herbe, des pesées et traitements antiparasitaires, ou des échographies. François Dumont a la chance de disposer d´un bon parcellaire : la plupart des parcelles sont facilement accessibles et peu éloignées les unes des autres. Un avantage certain toujours dans l´optique d´une bonne gestion du temps de travail. 90 ha de prairies sont groupés autour des bâtiments. Une bétaillère est empruntée uniquement pour le lâcher des génisses d´un an, les autres lots sont déplacés par les chemins.
L´éleveur peut presque partout faire seul les changements de parcelles et toutes les pâtures sont équipées d´une arrivée d´eau.
Il exploite une quarantaine d´hectares de prairies naturelles qui sont essentiellement pâturées, et sur les autres surfaces - 95 ha- est implantée de la fétuque pure ou mélangée avec du ray-grass anglais et du trèfle. Les terres du Boischaut sont hydromorphes. Elles vont de l´argilo-limoneux au limon. Les prairies sont engagées dans le cadre d´un CTE sur la mesure « gestion extensive ». François Dumont épand du fumier à raison de 15 t/ha sur 60 à 70 ha de prairies autour des bâtiments, tous les ans. Il récupère aussi du fumier de poulet, qui est épandu sur les parcelles de maïs et sur une vingtaine d´autres hectares de prairies.
Soixante hectares sont récoltés en première exploitation (45 ha d´ensilage, soit la moitié des prairies temporaires, et 15 de foin). « Pour déterminer la date de l´ensilage, je privilégie la portance du sol, en faisant un compromis avec le stade des plantes. Ce n´est pas dramatique pour nourrir des vaches allaitantes », explique François Dumont. « Et pour le pâturage de printemps, je fais de plus en plus souvent des petits lots de 15 bêtes. Ainsi elles bougent et piétinent moins. Chaque lot tourne sur trois ou quatre parcelles délimitées au fil, sur lesquelles elles reviennent tous les mois en moyenne. »
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©S. Bourgeois |
Alimentation et paillage le matin en moins de deux heures
L´éleveur ne fait pas d´enrubannage car cela lui demanderait davantage de temps, bien qu´il aurait pu en avoir l´utilité en particulier pour l´engraissement des vaches de réforme qui commence en été. Il s´est organisé avec deux exploitations voisines pour le chantier d´ensilage : les éleveurs possèdent en co-propriété deux faucheuses-conditionneuses et des bennes, et font ensemble intervenir un entrepreneur pour l´ensilage d´une centaine d´hectares d´herbe sur les trois exploitations.
La distribution de l´alimentation et le paillage sont faits le matin, en moins de deux heures. François Dumont s´est équipé d´une distributrice-recycleuse, qui fait aussi pailleuse. Elle parcourt en une fois les différents bâtiments, sans avoir de manoeuvre particulière à faire, et le tout sur des allées bétonnées. Le soir un coup de raclette seulement est nécessaire pour rapprocher l´ensilage, et du blé est distribué au seau sur l´ensilage aux broutards et aux vaches vêlées.
« A la rentrée en bâtiment, la ration est la même pour les vaches de réforme et les broutards : ensilage de maïs, blé et complément azoté. Mais elle est distribuée rationnée aux génisses en visant un kilo de GMQ avec du foin, et à volonté aux mâles avec pour eux un supplément de blé distribué au seau matin et soir », explique l´éleveur qui s´applique à ménager une transition alimentaire de deux à trois semaines pour les mâles qui disposaient d´un nourrisseur au pré et leur réserve le meilleur foin. François Dumont commence par utiliser un petit silo de maïs mis de côté lors de la campagne précédente, puis donne le maïs de l´année. Quand il n´y en a plus, en général courant janvier, le maïs est remplacé par l´ensilage d´herbe. « Les génisses qui seront engraissées sont triées un an avant leur vente, au moment de la mise à l´herbe à l´âge de 24 mois. Elles ne sont pas mises à la reproduction et sont complémentées le plus tôt possible à partir de leur rentrée pour leur troisième hivernage, pour faire de la carcasse et du poids. Elles sont vendues en mars - avril, à l´âge de 36-40 mois », explique François Dumont.
Cette année le maïs a été ensilé début août et la quantité ni probablement la qualité ne sont au rendez-vous. Par contre l´ensilage d´herbe a rendu davantage qu´une année moyenne, ce qui devrait permettre à François Dumont d´arriver jusqu´à la fin mars sans problèmes importants.
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©S. Bourgeois |
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